Gafsa – Zone industrielle : Il n’y a pas de quoi pavoiser….


Le taux de chômage reste élevé dans la région où la CPG demeure le principal pourvoyeur d’emploi alors que de nouvelles alternatives tardent à pointer à l’horizon


Contre toute attente, la période qui a talonné la révolution a jeté un pavé dans la mare dans la région freinant, par voie de conséquence, le développement du tissu industriel et de ce fait cette crise n’a fait que s’accroître en amont et en aval, soulevant une question dénuée de toute innocence : ce coup de frein subi est-il la conséquence inéluctable de la révolution ?

Peu importe la réponse, mais voyons l’état des lieux qui n’incite guère à l’optimisme. En effet, les agitations sociales sur fond de vagues de protestations sont autant de maux qui nous renseignent sur le malaise des unités industrielles, poussant, par voie de conséquence, certains patrons à mettre la clé sous le paillasson et partir ailleurs …
Alors quels sont les atouts et handicaps du « site » gafsien? La réponse renseigne sur le comportement et les décisions prises par les dirigeants d’entreprises ou de leurs filiales. Pourquoi 9 investisseurs sur 10 rechignent  à venir s’installer dans la région? Les réponses sont à chercher dans les handicaps mis au jour, mettant à nu les encouragements offerts pour séduire les industriels.

Climat social, infrastructure des télécommunications, fiscalité des particuliers, les choses se précisent lorsqu’on remonte le temps pour élucider l’énigme du départ précipité de certains industriels et pour les décideurs politiques, il y a là matière à réflexion surtout que la région offre de réelles opportunités pour venir s’installer  et booster cette industrialisation qui leur ouvre les bras (…).

Plusieurs entreprises ont mis la clé sous le paillasson
Il est à rappeler que le premier à plier bagage létait le fabriquant nippon de câbles qui a fermé son unité de production à Moularès en décembre 2011 mettant ainsi 480 ouvriers au chômage. Celle de Metlaoui a connu la même mésaventure en juin de la même année suite aux incidents vécus dans la délégation et ce sont 500 employés qui s’étaient vu contraints à l’arrêt forcé. Idem pour le fabriquant de textile « Khmaisa » qui a fermé son usine basée à Mdhilla.

Nous poursuivons notre remontée du temps avec cette phase post-révolution au cours de laquelle le e-commerce fut frappé de plein fouet avec la fermeture des call-centers de Metlaoui et Redeyef qui employaient 400 jeunes diplômés de l’enseignement supérieur . A ce  constat morose s’ajoute le cas énigmatique de cette usine d’articles sanitaires ;la seule qui s’est  aventurée  dans le bassin minier et qui a  fermé ses portes en janvier 2015 .On continue  à épiloguer sur le mégaprojet Protun d’une enveloppe de 240 millions dinars répartis sur 11 projets .Une énigme qui n’a trouvé jusqu’à maintenant de réponse alors que  la venue du consortium européen a été accueillie en grande pompe .

De nombreux blocages..
Cette manne aurait pu constituer la fin de la traversée du désert d’une industrialisation qui peine à voir le grand jour ,alors que le terrain s’y prête .
L’autre jour ,un membre de la Conect-Gafsa explique le pourquoi de ce désistement. « L’instabilité dans le bassin minier à laquelle vient s’ajouter le laxisme de certains responsables régionaux est loin d’encourager les investisseurs les plus audacieux».
A ces facteurs, s’ajoute la réduction des vols sur l’aéroport de Nafta-Tozeur en partance vers certaines capitales européennes. Il y a aussi l’inertie inexpliquée dans laquelle a sombré le trafic aéronaval de l’aéroport de Gafsa-Ksar malgré son internationalisation et le coup de lifting apporté à son infrastructure (piste d’atterrissage rénovée, balises de nuit installées).

Qui pointer du doigt face à cet état de léthargie  du processus d’industrialisation qui met la CPG dans une situation inconfortable de principal,pour ne pas dire unique pourvoyeur de postes d’emploi ?
Le diagnostic donne matière à réflexion d’autant plus que les chiffres inhérents au chômage font grincer les dents.
Mais au fait, peut-on reprocher aux structures sur place l’absence d’une feuille de route pour amadouer les investisseurs à un moment où, ailleurs, les opérations « séduction » ont permis à des unités industrielles de pousser comme des champignons ? Qu’a-t-on élaboré comme stratégie pour stimuler l’initiative privée afin de donner âme à ces soi-disant zones industrielles (aménagées) ?
Les questions s’imposent, alors que les réponses tardent  à venir. N’est-il pas temps d’alléger le fardeau à ce  trust dans la région qui commence déjà à battre de l’aile ( ?!)

Hafedh TRABELSI

Laisser un commentaire