L’artiste ne se contente pas d’érotiser la femme en dévoilant son corps, au-delà de ça, il semble la sacraliser pour l’entourer d’une aura mythique. Sa présence-corps est de l’ordre du mythe, du récit allégorique. Elle trône, au milieu de ses acryliques sur toile, avec ses formes imposantes, entourée de colosses, tels que le taureau et le bélier.


L’artiste tunisien Ali Batrouni expose, actuellement à Dar Sébastien-Centre culturel International à Hammamet, une série d’œuvres réunies sous l’intitulé «eccetera» (Et cetera). L’on reconnaît d’emblée la touche et l’univers de l’artiste entre technique mixte, mise en relief de la matière et le féminin au centre de ses œuvres.

L’artiste, qui a fait ses études d’art en Italie à l’Accademia di Belle Arti de Rome, a choisi un titre en italien eccetera pour signifier qu’il reste encore à explorer, à raconter… Cette même langue revient aussi pour baptiser certaines œuvres ( Primo e dopo, la mela è rossa), une manière de rendre hommage à ce pays qui a accueilli ses premiers pas dans le monde de l’art. En Tunisie, ses parents le voyaient faire plutôt du droit, une filiale à laquelle il s’est inscrit après son Bac à Gabès. L’appel de l’art était plus fort pour Batrouni qui, lycéen, passait le temps, durant les cours qui l’intéressaient le moins, à croquer des caricatures de ses enseignants ou de ses camarades, mais aussi osait quelques dessins érotiques… Il décide alors sur un coup de tête de partir en Italie.

Là-bas, il subsiste à coups de petits boulots, le soir il était portraitiste dans des bistrots et dès qu’il le pouvait, il courait les galeries d’art et les musées.
Il commence à exposer avec les élèves de l’Académie des dessins et à défaut de moyens des peintures sur papier. Cela ne semblait pas sanctionner son travail auprès du public et il parvenait à vendre quelques pièces, ce qui l’a encouragé à continuer. C’est là qu’il a commencé à prendre conscience de la valeur de son travail et, ainsi, tracer sa route dans l’art.

En rentrant en Tunisie, il s’installe à Hammamet où il ne cessera d’enchaîner les expositions et d’explorer les techniques toujours avec ces mêmes figures qui reviennent dans ses œuvres, telles que celles du bélier, du taureau qui évoluent dans des scènes allégoriques autour de la figure de la femme.

Dans son actuelle exposition «eccetera», l’artiste ne se contente pas d’érotiser la femme en dévoilant son corps, au-delà de ça, il semble la sacraliser pour l’entourer d’une aura mythique. Sa présence-corps est de l’ordre du mythe, du récit allégorique. Elle trône, au milieu de ses acryliques sur toiles, avec ses formes imposantes, entourée de colosses, tels que le taureau et le bélier. Elle n’offre pas sa nudité aux regards, elle s’impose avec sa féminité fragile et virulente à la fois, elle est puissante, fougueuse, elle affronte les menaces, scrute l’horizon, dompte les passions et le mâle impétueux (en chevauchant un taureau dans une de ses toiles).

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