Célébration de la journée internationale des personnes handicapées : Comprendre le handicap avant de le juger


De nombreuses expressions sur scène ont fait chavirer les cœurs des spectateurs qui en redemandaient tant l’émotion était grande. Une communion entre les handicapés et le public qui a brisé toutes les barrières et tous les tabous.


Un spectacle émouvant d’une personne aveugle d’âge mûr qui s’est mise à chanter l’amour après avoir narré son parcours glorieux a suscité l’admiration de l’assistance. Un bouquet de fleurs lui a été chaleureusement offert pour le remercier de ses efforts afin de se rendre sur place et célébrer l’événement national et international de la plus belle des manières.

Mardi dernier, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des handicapés, la CST a concocté un programme spécial composé de trois activités : des conférences principalement à la salle Ibn Khaldoun, une exposition-vente intitulée « les produits des handicapés » et des success stories racontées par de valeureux handicapés qui ont surmonté tant d’obstacles et d’épreuves durant leurs parcours.
Les manifestations organisées à cette occasion nous invitent à modifier le regard que nous portons sur les personnes porteuses de handicap et à besoins spécifiques.

Nécessité d’équité
Dr Mourad Rouissi, enseignant universitaire en sciences sociales de l’Université de La Manouba, a constitué l’attraction principale de la conférence-débat avec la société civile. Il apporte son évaluation de la situation actuelle de la personne porteuse de handicap en Tunisie. Il affirme à La Presse : «J’ai répondu favorablement à l’initiative de la CST pour célébrer la Journée mondiale des handicapés».

De nombreux représentants d’associations du domaine du handicap se sont manifestés. J’ai assuré deux conférences portant sur la législation des lois de l’âge entre perspectives et réalités et les principaux concernés dans le cadre d’application des lois se rapportant à la notion du handicap. La Tunisie est considérée comme un modèle et en avance dans ce domaine. Mais il y a une disparité entre les différentes lois dans la pratique.

Dans notre société, il y a une marginalisation de ces personnes et leur intégration est difficile à cause de la variété des handicaps. Mais pas seulement, leurs familles par exemple devraient bénéficier de facilités, d’aménagements et de dispositions de la part de l’Etat. Ce n’est pas simple d’avoir un enfant handicapé à charge. Y a-t-il dans nos écoles suffisamment de conditions pour qu’ils poursuivent une scolarité normale? Plus encore, au sujet des commodités du transport et la praticabilité des trottoirs.

«Leur intégration au niveau du travail et de l’emploi doit être appréciée avec des chances égales entre les candidats». Un problème d’équité qui se pose dans plusieurs sphères de la société tunisienne qui défavorise les porteurs de handicaps. M Rouissi termine avec une note d’optimisme en reprenant une citation de Michel Crozier, sociologue français du vingtième siècle : «On ne change pas une société par décret. C’est-à-dire que la société ne change pas seulement avec une prise de décision, une ordonnance ou des lois mais par l’activisme de la société civile».

Pour sa part, la directrice de l’association tunisienne d’aide aux sourds section de l’Ariana a affirmé : «Le salut du drapeau national en langage des signes a fait l’objet d’une démonstration devant l’assistance. Les gens ont réagi au point qu’on l’a refait une deuxième fois. Pour nous, les enfants porteurs de handicaps ne sont pas différents des autres. On leur consacre certaines facilités d’apprentissage notamment en axant sur la vision avec des exercices de champ visuel pour compenser la surdité. L’enfant sourd fait beaucoup appel à ses yeux pour percevoir le message vocal».

Suite aux allocutions, deux interventions du public ont suscité la curiosité. Une activiste au service des handicapés relève que rien n’est fait par l’Etat pour assurer une meilleure condition aux handicapés dans l’environnement social qui trouvent des difficultés à tous les niveaux. Elle avance le chiffre de 70.000 porteurs de handicaps en Tunisie qu’il serait nécessaire de valoriser et d’en favoriser l’intégration économique et sociale.

Une autre intervention encore plus critique et acerbe envers les autorités qui a relevé l’absence de représentants du gouvernement, ce qui dénote un manque de considération envers les handicapés mais aussi une faible médiatisation de l’événement. Un moment de malaise est traversé par la modératrice prise de confusion et qui gomme toutes les émotions positives qui ont précédé la célébration des petits artistes sur scène.

La Journée internationale des personnes handicapées a été proclamée en 1992, par les Nations unies, en date du 3 décembre, afin de favoriser l’intégration et l’accès à la vie économique, sociale et politique des personnes handicapées. Cette Journée est une occasion pour réaffirmer certains principes de base, trop souvent oubliés : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits». Le respect de cette dignité due à chaque personne, valide ou non, implique la reconnaissance de droits fondamentaux comme l’éducation, la santé, l’accès au travail ou aux milieux publics ou de loisir.

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