Paysage politique : Le spectre de législatives anticipées plane sur le pays 


Le paysage politique est plus que jamais sclérosé et l’organisation de nouvelles législatives n’est plus à exclure. En l’espace de deux ans, les Tunisiens ont déjà été appelés à se rendre aux urnes à quatre reprises. Un marathon électoral au moment où le pays souffre déjà d’un marasme économique.


Suite au refus du mouvement Echâab et du Courant démocratique, ainsi que Tahya Tounès, de faire partie du prochain gouvernement, le pays se dirige, manifestement, vers l’organisation de nouvelles législatives malgré les déclarations « rassurantes » du chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, mais qui ne sont pas susceptibles de changer le cours des choses. Le principe de la neutralité des ministères régaliens bute toujours sur des tentations post-révolutionnaires qui font agiter dans tous les sens  certains partis politiques. « On persévère dans l’échec », argumente Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du mouvement Echâab. Quant à Mohamed Abbou, il évoque « une crise de confiance » pour justifier son refus de prendre part au prochain gouvernement. Il est sûr que les portefeuilles des ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Réforme administrative ont constitué la pomme de discorde et la source de toutes les mésententes et désaccords. A chacun ses arguments, mais aussi et surtout ses calculs.

Le bloc formé par le mouvement Echâab (15 sièges) et le Courant démocratique (22 sièges) renforcé par quatre députés indépendants et appartenant à d’autres partis minoritaires ne soutient plus le candidat du parti Ennahdha à la présidence du futur gouvernement et l’a fait savoir ouvertement. « Ce parti n’a pas fourni une vision claire concernant la constitution du nouveau gouvernement », avait avancé Zouhair Maghzaoui. C’est le manque de confiance qui refait toujours surface quand le nom de ce parti est prononcé. En effet, les partis qui se sont alliés avec Ennahdha ont fini dans l’oubliette à l’exemple d’Ettakatol de Mustapha Ben Jâafar et le parti du Congrès de Moncef Marzouki.

Le mouvement Echâab et le Courant démocratique ont retenu la leçon et ont décidé donc de faire front commun face à un parti à qui «on ne fait plus confiance».
La position de ces deux partis laisse planer le doute quant à une éventuelle mise en place d’un nouveau gouvernement. Le parti Ennahdha, vainqueur des dernières législatives avec un bloc parlementaire de 54 députés (52 Ennahdha et 2 indépendants) ne pourra pas avoir les coudées franches comme il l’a toujours souhaité.

Les Tunisiens ont voté pour les municipales en 2018, la présidentielle (premier tour)  et les législatives puis encore une fois la présidentielle (second tour) en 2019. Epuisés par ce marathon électoral et choqués  par le spectacle désolant au sein de l’ARP marqué par des querelles intestines qui ne présagent rien de bon pour ce quinquennat, ils pourraient de nouveau être appelés à se rendre aux urnes pour des législatives qui, à coup sûr, ne donneront plus les mêmes résultats mais accroîtront  encore plus la paralysie politique dans le pays .
Le marathon électoral ne s’arrêtera pas à ce niveau et l’Isie, esquintée et son président critiqué après les dernières législatives, est appelée à organiser les élections partielles dans au moins cinq municipalités d’ici janvier 2020.

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