Samusocial du Grand Tunis : premier rapport sur les personnes vivant dans la rue

la vie en rue

En partenariat avec le Ministère des Affaires Sociales, le Samusocial International vient de publier le premier rapport sociodémographique et d’analyse situationnelle des problématiques d’exclusion. Il s’agit d’une étude consacrée aux personnes vivant dans la rue rencontrées par le Samusocial du Grand Tunis.

Selon le rapport présenté aujourd’hui , 46% des répondants de nationalité tunisienne ont indiqué être originaires de la région Nord-Est du pays, 28% du Nord-Ouest, 10% du Centre-Ouest et 5% du Sud-Ouest.

La précarité économique, la pauvreté (35%), une situation de famille conflictuelle (25%), la maladie chronique ou la situation de handicap (19%) sont le plus souvent évoquées par les hommes et les femmes rencontrées par le Samusocial du Grand Tunis pour caractériser leur contexte de vie antérieur à la rue.

Les femmes actuellement célibataires, divorcées ou veuves sont 30% à déclarer avoir vécu dans un contexte marqué par les conflits familiaux avant leur basculement dans la vie en rue, sachant que plus de la moitié d’entre elles vivait sans revenus liés au travail (58% étaient travailleuses sans emploi ou inactives). 28% déclarent avoir vécu dans un contexte marqué par la précarité, la pauvreté et 19% avec une maladie chronique ou une situation de handicap.

Une population à dominance masculine

Si 74% des personnes prises en charge par le Samusocial du Grand Tunis sont des hommes, cela ne permet pas nécessairement de conclure que les femmes (26%) sont peu nombreuses mais qu’elles sont moins visibles. La proportion des 46-60 ans est la plus élevée. Elle représente 37% des hommes rencontrés et 31% des femmes.

Le nombre de mineurs des deux sexes rencontrés en rue est faible. Les moins de 18 ans représentent seulement 3% des individus rencontrés la nuit.

Situation socio-professionnelle des personnes rencontrées, antérieure à la vie en rue

La population masculine est caractérisée par une situation professionnelle et économique précaire et la population féminine est en situation de dépendance économique.

53% des femmes rencontrées par le Samusocial du Grand Tunis, ont déclaré être professionnellement actives avant leur situation de vie en rue. 53% des femmes ont vécu sans revenus liés au travail, et parmi elles, 70% étaient des « femmes au foyer», avant leur arrivée en rue.

Logiques et stratégies de survie

Les hommes et les femmes identifiés par le Samusocial dans le Grand Tunis, à partir des premières maraudes en 2017, sont 48% à avoir passé de six mois à plusieurs années en rue, 14% d’un à six mois et 38% moins d’un mois.

Les territoires de vie identifiés sont principalement situés dans des zones de passage ou des lieux plus retirés offrant un isolement ponctuel mais à proximité de zones de passage. Les hommes et les femmes rencontrés survivent au quotidien grâce à différentes sources de revenus, en fonction des opportunités dont ils peuvent se saisir dans la rue. Pour 56% des personnes, et notamment près de trois femmes sur quatre, la mendicité constitue la première des ressources.

Comment expliquent-ils leur basculement dans la vie en rue

Une situation ou un événement spécifique explique, pour les personnes rencontrées, leur « basculement dans la vie en rue ». Pour 33% d’entre elles, il s’agit de violences économiques : l’absence de revenus, la perte d’emploi, les dettes, les problèmes d’héritage et « l’argent pris par la famille ».

Le « décès du soutien de famille » (4%) peut y être associé. Il s’agit de l’explication première donnée par les hommes rencontrés (37%). Ils évoquent ensuite les désaccords au sein de la famille, sans violence (12%).

Pour les femmes, les violences physiques et verbales constituent le premier facteur déclencheur de la vie en rue (29%), sachant que 76% d’entre elles déclarent qu’elles vivaient auparavant dans un contexte familial conflictuel. Si ce n’est la pauvreté et l’indigence matérielle, elles auraient quitté le domicile familial pour vivre indépendantes dans un logement à elles. La violence, domestique ou conjugale, est aujourd’hui encore un sujet tabou, socialement normalisé.

 

(crédit photo : Image par Alexas_Fotos de Pixabay )

Laisser un commentaire