Animation : Les déboires des applaudisseurs sur les plateaux TV


S’ils participent à l’animation du studio dans une émission, ils sont par contre mal ou pas rémunérés  !


Comme il n’y a pas de fumée sans feu, on ne fait pas une émission télévisée d’animation ou politique sans public. C’est que producteurs, réalisateurs et speakers d’émission ont ce dénominateur commun, à savoir la nécessité de remplir le plateau, en faisant appel au public, afin d’enjoliver le décor planté et de lui conférer plus d’animation.
Et, esthétiquement, ça marche, indépendamment de la qualité de l’émission et de la maigreur de son contenu. Dans leur quête de renforcement de l’audimat pour faire face à une concurrence de plus en plus féroce, ces faiseurs d’émissions réservent une petite partie du budget au paiement de l’assistance qu’ils trient sur le volet.
Une fois la sélection des candidats et candidates effectuée, un bus est mobilisé par la chaîne TV pour passer les prendre à destination du studio d’enregistrement.
A leur entrée au plateau, il y a toujours quelqu’un de la boîte pour les caser dans les sièges, selon des choix dictés par la direction. En ce sens que n’occupe pas les premières places qui veut, celles-ci étant conditionnées par le… look et la beauté de leurs prétendants. Tout cela, on le sait depuis les années 90.

Où est mon cachet ?
A l’époque, on remplissait les plateaux sans payer un sou, car on se souciait davantage de la qualité de l’émission que de son côté spectaculaire. Et les volontaires y venaient, s’y invitaient même, rien que pour le plaisir de faire partie du décor.
Aujourd’hui, les temps ont changé avec l’embourgeoisement tous azimuts de nos chaînes de télévision qui, dans leur recherche effrénée du gain facile et d’un meilleur positionnement dans le box office, consentent d’énormes sacrifices, en délivrant des cachets faramineux au profit des «célébrités» parmi les présentateurs et les chroniqueurs.

Or, autant ces chaînes sont, dans ce registre, généreuses et prêtes à toute folie dépensière, autant elles usent, curieusement, d’austérité dès qu’il s’agit de rémunérer le public du studio. «Si nous assistons à une émission, c’est naturellement pour empocher de l’argent» nous confie M. A, 21 ans, étudiante de son état, qui assure n’avoir pas été payée pour ses trois passages sur le plateau d’une chaîne qui a pourtant, souligne-t-elle, pignon sur rue.
«Dieu sait, gémit-elle, combien nous souffrons pour honorer notre présence. En effet, on endure plus de quatre heures entre les navettes aller-retour. Et au studio, c’est l’autre calvaire : on nous place n’importe comment, et parfois même n’importe où, tout en nous obligeant d’applaudir à tout rompre avec et sans raison. Et à la fin de l’émission, on nous promet de nous payer dans les plus brefs délais. Parole, parole, parole, chantait Dalida».

Notre interlocutrice a, par ailleurs, affirmé que des dizaines d’étudiants et de lycéens ont été également leurrés de la sorte. Dans le même ordre d’idées, il nous a été permis de relever que seules deux chaînes TV demeurent crédibles, en distribuant aux applaudisseurs des cachets oscillant entre 30 et 50 dinars par tête, avec le… sandwich en sus.
Hélas, il s’est avéré que l’accès à ces deux chaînes est pratiquement impossible pour les jeunes en quête d’argent de poche.
L’un d’eux, un lycéen, impute cela à l’inégalité des chances entre les candidats. «On n’y a pas, explique-t-il, droit d’accès, sauf si vous êtes un proche ou un ami du propriétaire de la chaîne, ou de l’animateur, voire du cameraman de l’émission».

Mohsen ZRIBI

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