S’il existe un feuilleton lassant, épuisant, interminable que les Tunisiens se sont trouvés dans l’obligation de suivre quotidiennement et où sont réunis tous les ingrédients de l’amateurisme politique, de l’inexpérience qualifiée en matière de gestion des affaires de l’Etat et surtout de déni manifeste du respect du citoyen, c’est bien celui relatif à la formation du prochain gouvernement sous la direction déclarée de Habib Jemli, choisi par Ennahdha pour dénicher la future équipe gouvernementale. Equipe qu’il a à constituer parmi les alliés dits naturels ou objectifs du parti de Montplaisir se proclamant chef de file des «révolutionnaires purs et durs» et aussi parmi les autres formations politiques représentées au Parlement et pouvant constituer une alternative possible au cas où «les révolutionnaires» ne trouveraient pas leurs comptes dans les propositions qui leur sont faites.

Et le feuilleton de perdurer depuis maintenant un mois et une semaine accompagné de petites phrases distillées aussi bien quotidiennement par les participants aux négociations à Dar Dhiafa sous la conduite de Habib Jemli qu’à celles se déroulant dans des lieux dont personne ne connaît l’adresse mais dont pratiquement tout le monde est au fait de l’identité des architectes et du contenu des arrangements ou des concessions-consensus qu’on essaye de dégager.

Idem pour la couverture médiatique quotidienne que les initiateurs des négociations officielles et des tractations officieuses qu’ils ont réussi à assurer à leurs œuvres sous le prétexte que les Tunisiens ont droit à une information fiable, diversifiée, voire plurielle, et en invoquant aussi le rôle de la société civile et la contribution de ces «visages représentatifs» qu’on ne compte plus à la gestion du dossier de la formation du gouvernement.

Rôle, contribution et participation qui se sont élargis au point qu’aujourd’hui les déclarations d’un chroniqueur TV ou d’un responsable d’une association quelconque ou d’un politicien appartenant à un parti ne disposant d’aucun siège au palais du Bardo mais prétendant être dans les secrets des dieux sont désormais considérées comme des signaux fiables, voire des données véridiques sur lesquelles on n’hésite plus à fonder ses analyses et ses approches.

Malheureusement, de telles analyses et approches s’écroulent comme un château de cartes le lendemain ou parfois le jour même quand les auteurs des déclarations ou des indiscrétions changent d’attitude, s’échangent les accusations les plus inadmissibles de mensonges ou d’instrumentalisation politicienne ou développent un discours totalement opposé à celui de la veille.

Résultat logique des courses : le processus de formation du prochain gouvernement baigne dans le flou total, les discours de Habib Jemli et les justifications ou éclaircissements fournis par les responsables et les personnalités défilant chaque jour à Dar Dhiafa ne parviennent guère à convaincre ou même à susciter l’intérêt de personne, y compris parmi les parties qui attendent une désignation ou un positionnement au sein du prochain échiquier politique et, enfin, l’image qu’on a réussi à répercuter auprès de nos partenaires à l’étranger est bien sombre et inquiétante quant à l’avenir de notre pays.

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