Sousse – rencontre avec m. ridha chiba, conseiller international en exportation : «Ce qui reste à faire pour changer la donne économique»


La Tunisie connaît actuellement une crise économique caractérisée par l’augmentation du taux de chômage dans plusieurs secteurs vitaux de l’économie, l’absence de réalisation de grands projets stratégiques et de grande envergure, la dévaluation du dinar et l’inflation galopante. L’endettement colossal du pays dû à plusieurs facteurs est évalué à plus de 90.000 milliards de millimes, soit 80% du PIB (statistiques de 2019). Comment remédier à cette situation ? Et quelles sont les solutions envisageables pour enrayer cette crise? A cet effet, nous avons rencontré M. Ridha Chiba, conseiller international en exportations. Interview.


Quelles sont les causes de la crise économique et de l’endettement du pays ?
Plusieurs causes ont engendré cette crise économique en Tunisie. Parmi ces causes, il y a lieu de citer, entre autres, l’absence d’une stratégie économique de l’Etat à moyen et long terme, l’endettement continu, l’économie parallèle, une fiscalité non équitable basée essentiellement sur les retenues à la source des affiliés à la Cnrps et à la Cnss, le manque d’importance accordée à l’agriculture et l’absence d’investissement dans tous les secteurs socioéconomiques.
De plus, les options économiques et sociales ne vont pas de pair avec les attentes du peuple comme celle qui concerne, à titre d’exemple, la résorption du chômage. En outre, une grande somme d’argent circule en dehors de la Banque centrale de Tunisie, soit environ 10.000 milliards de millimes.

Comment remédier à cette crise économique ?
Pour remédier à cette crise, il faut prévoir, entre autres, une stratégie socioéconomique et culturelle, investir dans les grands travaux et dans les domaines stratégiques comme la construction de logements, d’usines, d’hôpitaux, d’infrastructures portuaires, routières et de lignes de chemins de fer, augmenter le taux d’encadrement dans les entreprises, changer la monnaie tunisienne afin de mettre fin à la somme colossale qui circule en dehors de la Banque centrale, créer une liaison étroite entre l’université et le marché de l’emploi, mettre fin aux pénuries fictives et irréelles afin de barrer la route aux spéculateurs.

Comment faire face à l’inflation galopante ?
L’inflation est due à l’accroissement de la demande par rapport à l’offre, à l’augmentation de la masse monétaire et du coût des facteurs de production (équipements, matières premières…) et à la baisse spectaculaire du dinar tunisien par rapport aux autres devises.
Pour remédier à cette inflation, il faut améliorer le taux de change du dinar par la promotion de l’exportation, de l’investissement et du tourisme. D’autre part, il faut encourager les Tunisiens établis à l’étranger à réaliser des projets et investir en Tunisie et augmenter le taux d’intérêt des crédits octroyés aux citoyens afin de réduire la masse monétaire (le coût du crédit sera renchéri et la demande du crédit diminuera en faveur de la diminution du taux d’inflation).

Comment promouvoir la diplomatie économique en Afrique afin d’accéder à ces marchés ?
Tout d’abord, il faut créer de nouvelles ambassades dans les pays africains où il n’ y en a pas et créer de nouveaux bureaux commerciaux pour la prospection des marchés africains. Mais le plus important est de créer une banque d’investissement en Afrique ainsi que des lignes de crédits pour les marchés cibles comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie. De plus, il faut impérativement multiplier les contacts avec les exportateurs tunisiens et africains.
Il ne faut pas oublier d’exporter la technologie numérique de pointe et d’établir des partenariats dans ce domaine avec les pays maghrébins et africains.

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