L’œil de l’expert Mongi Ben Brahim (ancien international) : «Une participation en demi-teinte»


Notre interlocuteur est persuadé que l’Espérance de Tunis pouvait mieux faire à Doha.


Pour moi et pour les amoureux du football, la participation de l’Espérance de Tunis à la Coupe du monde des clubs tenue à Doha était à demi-teinte dans la mesure où l’ambition de l’équipe était d’arriver à côtoyer les grandes écuries qui y participaient, en l’occurrence Liverpool Football Club et l’équipe brésilienne de Flamengo. Malheureusement,  ambition ne rime souvent pas avec réalisme. Or, quand on joue le très haut niveau, le réalisme est tributaire de la performance de l’équipe. Mais il ne faut pas en vouloir aux joueurs qui ne sont pas habitués à jouer 90 minutes sur une pelouse d’une telle qualité. La preuve en est leur réaction lors du deuxième match contre Al-Hilal. Prenant leurs repères, les joueurs de l’Espérance ont mieux maîtrisé le jeu lors du deuxième match disputé contre Al-Sadd. C’est dire qu’il y a tant de choses à revoir dans notre football, à commencer par la qualité de nos pelouses qui abritent les matches de la Ligue 1 professionnelle. Il y a également une donne à prendre en considération pour ne pas pénaliser les joueurs de l’Espérance de Tunis.

Il faut savoir que trois joueurs d’Al-Hilal d’Arabie Saoudite gagnent plus que le budget de l’Espérance de Tunis. Et ce n’est pas anodin. Le football professionnel est aussi une affaire de moyens financiers.
Concernant le match contre Al-Sadd et le score fleuve (6-2), l’Espérance de Tunis a bien tenu sa revanche par rapport à la défaite concédée devant cette même équipe à la Coupe du monde des clubs de 2011 au Japon. En 2011, le staff technique « sang et or » a focalisé toute son attention sur une éventuelle confrontation contre le FC Barcelone. Or, il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. En 2011, staff technique et joueurs avaient pris à la légère leur premier adversaire Al-Sadd. Ils l’avaient payé cash puisqu’ils avaient perdu contre un adversaire d’un rang sportif inférieur, donc logiquement à la portée.

En battant Al-Sadd huit ans après, Mouine Chaâbani et ses joueurs ont non seulement pris leur revanche, mais ont également sauvé leur participation au Mondial de Doha. Et au vu du résultat du match, je crois que l’Espérance de Tunis a un énorme potentiel.
Je crois qu’il est venu le temps pour changer les mentalités. Car si l’Espérance de Tunis a un grand potentiel, cela est aussi vrai pour le football tunisien. Il faut à tout prix mettre les moyens au service de l’intérêt du football et non aux intérêts des personnes qui nuisent au football en particulier et au sport en général.

Allier résultat et manière doit être la référence pour bâtir ensemble un football performant. Aujourd’hui, c’est l’Espérance de Tunis qui fait honneur au football tunisien dans la plus prestigieuse des compétitions consacrée aux clubs à l’échelle mondiale, même si nous nous attendions tous à une meilleure participation. Personnellement, je crois que Mouine Chaâbani et ses joueurs étaient capables de faire beaucoup mieux que ce qu’ils avaient entrepris à Doha.
Demain, c’est une autre équipe tunisienne qui serait capable de grimper dans l’échelle mondiale.
Pour terminer, j’aimerais reprendre une citation de Dalaï Lama : « Ne jugez pas quelqu’un en l’écoutant, jugez-le pour ses actes ».
«Au travail, messieurs les responsables de notre football».

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