Un échec qui ne fait que durer : L’heure du désenchantement a-t-elle sonné ? 

Chef du gouvernement

Comme attendu, et en dépit des déclarations lancées par le chef du gouvernement désigné en guise de sédatif tendant à entraîner un apaisement et à faire baisser la tension à l’issue des concertations-marathons entre les diverses composantes politiques au sein de l’ARP, la formation du nouveau gouvernement a connu un échec qui ne fait que durer dans le temps et désenchanter ceux qui ont cru en des lendemains meilleurs et pris le chemin des bureaux de vote lors de la présidentielle et des législatives.


Le chef du gouvernement désigné n’a pas, semble-t-il les coudées franches pour cette mission comme il l’avait annoncé juste après sa nomination. Le blocage persiste et la date butoir approche à grands pas, affolant et plongeant dans l’embarras et l’incertitude le parti Ennahdha, vainqueur des élections législatives. La fin de la prolongation accordée à Habib Jemli coïncide, bizarrement, avec la commémoration de la fête de la révolution, le 14 janvier.
La volte-face, si on peut le décrire ainsi, du Courant démocratique dirigé par Mohamed Abbou et du secrétaire général du mouvement Echaâb, Zouhaier Maghzaoui, et le niet du parti Tahya Tounès ont sapé tous les efforts de Jemli. Un retour à la case départ qui confirme les doutes imprégnés de craintes des différents observateurs et d’autres dirigeants politiques non concernés par la formation du nouveau gouvernement. Le chef du gouvernement désigné sort sa dernière carte qui ne convainc même plus les moins sceptiques et annonce, lors d’une conférence de presse tenue au début de cette semaine, qu’il a pris la décision de former un gouvernement de compétences nationales indépendantes et qu’il n’avait pas consulté le parti Ennahdha qui lui a pourtant confié la  mission de former le prochain gouvernement.

Une crédibilité au plus bas
Efficacité, intégrité et indépendance devraient être les maîtres-mots du nouveau gouvernement auquel prendront part un nombre symbolique de ministres partisans. Ce sont pourtant ces derniers qui constituent la pomme de discorde. On est donc toujours dans le flou et on ne sait plus qui tire réellement les ficelles. Simple manœuvre dilatoire ou tentative de manipulation pour pouvoir botter en touche et brouiller les cartes des alliances, selon le bureau exécutif du parti Afek Tounès qui persiste et signe en indiquant qu’il n’était guère intéressé à prendre part au « gouvernement d’Ennahdha ». Au scepticisme, s’ajoutent le flou et le manque de confiance à l’égard de certains nouveaux  politiques qui s’évertuent à se contredire. Il est vrai qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Les opinions peuvent varier au point que tout s’embrouille aujourd’hui et que la crédibilité de tous les partis politiques est mise à rude épreuve.

On doute de tout
«J’irai au Parlement avec le gouvernement que j’annoncerai prochainement, sans couverture politique», s’acharne à dire le chef du gouvernement désigné qui demeure la cible des critiques de certains partis politiques. Un blocage créé certes mais par qui, semble se demander l’homme politique et ancien ministre Mahmoud Ben Romdhane. A la question qu’on lui a posée  « Où se situe le blocage ? », il répond qu’il ne trouve pas de réponse  mais enchaîne en se demandant : « Le chef du gouvernement désigné est-il sincère pour autant ? Détient-il réellement les cartes du jeu ? »
A la même question posée à Mahmoud Ben Romdhane, la grande figure de l’opposition tunisienne et qui a été candidat à l’élection présidentielle de 2014, Ahmed Nejib Chebbi, nous répond : « Est-ce que la réponse n’est pas claire ? ». Toutefois, ce dernier ne veut pas aller plus loin dans sa réponse et explique qu’il a préféré garder le silence depuis les dernières élections et s’abstenir de toutes déclarations à ce propos. « On va attendre ce que cela va donner ». Bochra Belhaj Hmida souligne pour sa part que le président du gouvernement désigné a laissé passer une chance réelle pour la formation d’un nouveau gouvernement. Les raisons  de l’échec peuvent être imputées à l’absence d’engagement réel  dans la  mise en place de ce gouvernement mais aussi à la persistance de certaines divergences au sein des partis concernés par les concertations  et même au sein du parti Ennahdha lui-même.
Le chef du gouvernement désigné n’a plus pour autant  le temps de persister dans des manœuvres dilatoires qui le discréditeront encore plus et font planer le spectre de nouvelles législatives. Il est devant une véritable gageure comme il vient de l’annoncer, surtout que le pays ne peut plus supporter plus de difficultés au niveau économique et social comme il l’a souligné.

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