Habib Jemli, avec le soutien d’Ennahdha, bien qu’il s’en dédouane, a opté finalement pour la formation «d’un gouvernement de compétences nationales indépendantes des partis, dont le mouvement Ennahdha». Les acteurs de l’échiquier politique national, y compris ceux dont les députés voteront pour ce gouvernement tant attendu, sont en ébullution. Certains rejettent l’idée même de compétences indépendantes, alors que d’autres attendent pour découvrir par eux-mêmes si les futurs ministres de Habib Jemli seront vraiment indépendants
L’échec cuisant de la tentative de médiation entreprise, lundi 23 décembre, par le président Kaïs Saïed en vue de ramener le quatuor de la coalition qui devait enfanter le gouvernement Habib Jemli, qu’on attendait comme le gouvernement de la coalition groupant Ennahdha, Attayar, Echaâb et Tahya Tounès, a finalement révélé que rien ne peut se faire sans l’aval d’Ennahdha et sans la bénédiction expresse de son président, Rached Ghannouchi.
Ainsi, le niet catégorique opposé par le président nahdhaoui à la proposition de Kaïs Saïed relative à la reprise des négociations avec Mohamed Abbou et Zouhaier Maghzaoui en vue de lever le blocage créé dimanche dernier (quand Echaâb et Attayar ont annoncé qu’ils ne participeront pas au gouvernement dont on attendait l’annonce de la composition lundi 23 décembre) a-t-il ouvert la voie au recours au plan B concocté par Habib Jemli et à son dévoilement officiel lors d’un point de presse convoqué à la hâte suite à son entretien avec le chef de l’Etat, rencontre qui a réuni les deux hommes au palais de Carthage, immédiatement après la révélation de l’échec de la médiation menée par le chef de l’Etat.
Et les Tunisiens de saisir les significations de la déclaration fournie, samedi dernier, par Habib Jemli aux médias précisant qu’il dispose de scénarios A, B, C et D pour la composition de son gouvernement au cas où Attayar, Echaâb et Tahya Tounès, qui étaient allés recueillir l’aval de leurs structures décisionnelles, lui feraient faux bond et infirmeraient les engagements de leurs leaders. Ce qui a été finalement le cas, dimanche 22 décembre, quand ces partis ont fait part de leur refus de rejoindre le gouvernement Habib Jemli.
Un gouvernement de compétences avec un soutien réduit
Maintenant que les dés sont jetés et qu’Ennahdha a décidé de former son gouvernement qu’elle qualifie de compétences indépendantes par la voix du chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, qui répète à qui veut l’entendre et le croire qu’il a pris tout seul et sans consulter le parti de Montplaisir la décision de former un gouvernement de compétences indépendantes n’appartenant à aucun parti politique, qu’il soit parmi ceux ayant des sièges au Parlement ou non, la grande question que se posent les acteurs principaux de l’échiquier politique est la suivante : quelle ceinture de soutien Habib Jemli parviendra à mobiliser autour de son prochain gouvernement et réussira-t-il à lui obtenir un vote de confiance rassurant dans le sens que le nombre des députés qui voteront, probablement vendredi prochain, sera au moins égal à celui (130 oui) de ceux qui ont permis à Rached Ghannouchi de remporter la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), dans des conditions pratiquement semblables — faut-il le rappeler — à celles qui prévalent aujourd’hui, à savoir Echaâb et Attayar décidant conjointement de présenter un concurrent commun (Ghazi Chaouachi) à la présidence du Parlement contre la candidature du président d’Ennahdha ?
La question est d’autant plus d’actualité et exige une réponse claire et concise que l’annonce par Habib Jemli de former un gouvernement de compétences indépendantes a suscité une large vague de réactions, dans leur majorité rejetant l’initiative, prophétisant l’échec incontournable ou mettant en doute les chances de concrétisation qui lui sont offertes ou même les opportunités de durabilité au cas où Habib Jemli gagnerait la confiance des députés avec une majorité très réduite qui ne dépasserait pas les 130 députés, une majorité qui risque d’éclater à n’importe quel conflit qui pourrait survenir entre les partis soutenant le gouvernement en question.
Et ce ne sont pas uniquement les partis anti-Ennahdha qui ont réagi négativement à l’option gouvernement de compétences indépendantes à l’instar de Khaled Krichi, député du parti Echaâb qui affirme que le gouvernement Jemli «sera un gouvernement incolore, inodore et insipide», ou Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, qui a comparé la formation du gouvernement à «un feuilleton turc ou mexicain» ou Afek Tounès qui considère l’annonce de Habib Jemli comme «une tentative de manipuler l’opinion publique au nom de l’indépendance, de camoufler des alliances non déclarées et de ne pas en assumer les conséquences».
En effet, et comme prévu, Abdellatif Mekki, l’un des leaders nahdhaouis opposés à la ligne de Rached Ghannouchi, n’a pas hésité à exprimer son opposition à la formation d’un gouvernement de technocrates qu’on présente comme des personnalités indépendantes.
Il a notamment écrit, hier, sur sa page Facebook : «On aurait dû être plus patients afin de former un gouvernement politique avec un programme et une équipe qui font l’unanimité et trouver des solutions pratiques à la situation. Le rafistolage n’a plus lieu d’être».
Idem pour la coalition Al Karama qu’on présente comme un soutien indéfectible à Ennahdha et à ses propositions. En effet, Abdellatif Aloui, député d’Al Karama, précise dans une déclaration livrée à Radio Shems FM : «Nous voterons pour le gouvernement Jemli à condition qu’il soit réellement un gouvernement de compétences indépendantes et non une couverture pour faire passer des alliances gênantes pour le mouvement Ennahdha, à l’instar de celle avec Qalb Tounès».
A l’opposé, Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha qui cherche à faire croire que la proposition «émane de Habib Jemli», est plutôt convaincu que «le gouvernement de compétences indépendantes bénéficiera d’un soutien plus large que les soutiens obtenus par les gouvernements précédents».
Et le président nahdhaoui d’ajouter : «Ce gouvernement est le mieux pour la Tunisie dans la situation actuelle et il sera ouvert à tous les partis, à toutes les tendances ou autres».
Liberte
25 décembre 2019 à 11:21
Vous cherchez de la compétence et de la qualification, en Tunisie c’est difficile à trouver, vous n’avez qu’à passer une annonce en France pour en trouver facilement, moi j’en sort de science politique et j’´ai un poste et un très bon salaire pour un avenir assuré dans une banque, alors l’indépendance c’est ce que chacun cherche et pas question d’être sous pression , on a un objectif on le réalise et on est fier du résultat.