Point de presse de fathi chabagha, ministre de l’Intérieur du gouvernement d’Entente nationale libyen : « Si Tripoli tombe, Tunis et Alger connaîtront le même sort »


Le Gouvernement d’union nationale libyen envisage toujours une solution pacifique du conflit qui fait rage en Libye depuis 2011, car la situation est devenue explosive et menace la paix dans ce pays et dans toute l’Afrique du Nord.


Depuis mercredi 25 décembre avec le déplacement non programmé et la visite surprise du chef d’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan en Tunisie, le conflit qui fait rage en Libye était au centre des intérêts et des débats politico-politiciens. La réunion tripartite du jour qui a rassemblé le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, Erdogan et le président libyen Fawaz El Sarraj démontre qu’une nouvelle tournure est prise dans le dossier libyen avec plus de soutien de la part des « amis de Libye » dont les pays belligérants principaux comme la Turquie. La Tunisie et bien entendu les autres pays qui reconnaissant le gouvernement officiel libyen autoproclamé comme le Soudan et le Tchad sont un atout de taille pour le règlement du conflit libyen par le dialogue.

Un constat qui émane de l’aveu même du ministre de l’Intérieur libyen, Fathi Chabagha, qui s’est pourfendu en déclarations hier pour éclairer l’opinion publique qui a de plus en plus de mal à suivre ce qui se trame aux frontières de la Tunisie avec la Libye avec ces « bruits de bottes ». Un journaliste lui a demandé si l’aéroport de Djerba a servi de transit pour un nombre de terroristes daéchiens de retour des zones de conflits pour rejoindre leur pays d’origine la Libye. Chabagha a évoqué le contingent de 630 libyens qui devraient retourner dans leur pays d’origine…
M. Chabagha a déclaré : « Je remercie Kaïs Saïed et le peuple tunisien pour la priorité qu’ils accordent au dossier libyen.

La révolution du jasmin a été expérimentée différemment entre la Libye et la Tunisie ». En effet, il estime que la Tunisie, dont le peuple bénéficie d’une mentalité bourguibienne, a été mise à l’abri et à l’écart du chaos qui règne chez son voisin libyen. Le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’entente nationale libyen, Fethi Chabagha, a déclaré que Khalifa Haftar a un grand projet pour semer le chaos dans la région. Seule une alliance entre la Libye, la Tunisie, la Turquie et l’Algérie préserverait la stabilité.

La Libye au cœur de la tempête
Fethi Chabagha a expliqué lors d’une conférence de presse que toute la région nord-africaine est visée et pas seulement Tripoli, notant que « si Tripoli tombe, Tunis et Alger tomberont. Le bourbier libyen divise la scène internationale puisque Haftar aurait donné des bases militaires aux Etats-Unis et aux Emirats arabes unis, ce qui va pousser les forces gouvernementales à solliciter l’appui militaire de la Turquie en attendant que l’Algérie et la Tunisie se joignent à leurs rangs ».

« En Libye, il n’y a pas d’union entre les organisations dirigeantes  et la société civile. La Tunisie a un rôle important à jouer dans le combat et la lutte du peuple libyen pour la démocratie ». M. Chabagha appuie l’initiative de Kaïs Saïed avant d’appeler d’autres pays à se joindre à son action en faveur de la paix dans la région. Il annonce sa position en temps de guerre : « On gagne ou on meurt ». La solution militaire n’est pas envisageable selon M. Chabagha qui prône le dialogue et la communication. Il dénonce les milliers de blessés en Libye à cause des tensions internes qui n’en finissent plus.

Il cite la date du 04 avril 2019 comme un jour où le sang a commencé à couler et la tragédie humaine a violemment frappé la Libye. M. Chabagha reste déterminé : « Il faut une solution non militaire ». En effet, depuis ce jour soit plus de huit mois plus tard, la bataille de Tripoli n’a toujours pas pris fin. Les pertes sont estimées à un millier de morts et trois cents prisonniers. La guerre oppose les forces pro-gouvernementales avec l’appui de la Turquie aux troupes du maréchal Haftar appuyé par les EAU et un groupe armé russe. Huit mois et 22 jours plus tard, la crise connaît un enlisement sans précédent.

Des questions sur la position internationale ont été posées par les journalistes qui demandaient à savoir dans quelle mesure le gouvernement officiel libyen en tient-il compte ? Les pays du Golfe ont une position divergente qui rajoute à l’anarchie qui règne dans le conflit libyen. Des pays comme le Qatar ou l’Algérie sont conviés à se manifester en faveur du gouvernement autoproclamé tandis que les Emirats arabes unis ou l’Egypte ont une toute autre vision géopolitique et stratégique.

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