Rapports entre Saïed et Ghannouchi : Chacun dans ses prérogatives !

Il se trouve que le leader nahdhaoui n’est nullement étranger à la popularité de Kaïs Saïed dans les milieux islamistes ni à la destruction en bon ordre de l’image de son seul concurrent du second tour de la présidentielle, par le biais d’une campagne de sape tous azimuts ponctuée de «phrases assassines» à l’adresse du «corrompu qui croupit en prison» : Nabil Karoui.

Un citoyen que la Cour de cassation déclarera plus tard comme victime de toute une procédure illégale dont personne ne paiera le prix. Mais qui rapportera à Kaïs Saïed 72,71% des voix exprimées.

Ce score, à lui seul, à un moment où ceux d’Ennahdha déclinent, porte les signes avant-coureurs d’une catastrophe annoncée. Saïed est trop populaire ! Et il prétend devoir revoir la Constitution de fond en comble en total accord avec ses jeunes «fans» qui rêvent, comme lui, de «renverser la pyramide» des pouvoirs. Et donc démanteler l’œuvre du grand théoricien islamiste des temps modernes, auteur de tant de livres, d’alliances et de désaffections dont s’abreuvent des millions de «fous de Dieu» aux quatre coins de la terre. Or le leader tient à son système parlementaire savamment concocté, preuve que la révolution islamiste peut suivre les voies de la démocratie.

Et les souvenirs de remonter. Ce président de la République qui nargue le monde, n’ai-je pas été  à l’origine de ses balbutiements médiatiques sur «l’impératif d’une nouvelle constitution» ? N’est-ce pas moi qui l’ai cité au nombre des «oiseaux rares» d’Ennahdha pour la présidence ? Et il voudrait jouer à l’alter ego !
Il est difficile de spéculer sur les retards pris dans la formation du gouvernement et sur la méthode la mieux indiquée pour ce faire. Mais le choix du candidat à la primature accorde le beau rôle à Ghannouchi. Puisqu’il lui a donné le temps de se faire miraculeusement élire à la tête de l’Assemblée, grâce aux «suspectés de corruption» puis de s’y installer, entouré de sept serviteurs zélés, hors de l’emprise d’un Conseil de la choura qui n’écoute plus les aînés.

Sachant qu’il n’y a, en face, en termes de pouvoir, qu’un chef de l’Etat novice qui voudrait ramener les «objectifs de la révolution», alors que le futur chef du gouvernement se plaît à prolonger le plaisir de la farce, dans son rôle de dindon.

Habib Jemli étant acquis, manipulé ou complaisant, Ghannouchi s’offre les plaisirs d’une rivalité présupposée avec le Président. Une rivalité qui sauve les apparences en camouflant les coutures. En attendant qu’elles craquent.

«Chacun dans ses prérogatives !», a pratiquement lancé Ghannouchi à Saïed, en réponse à son invitation aux partis, à «tenter encore». Une manière de dire : «Ne nous prenons pas vraiment au sérieux!», je suis le chef d’orchestre et tout est bien huilé. Il vous sera aisé de vous mesurer à la primature.

 

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