Vie communale: que du pain sur la planche !

«Un édile municipal qui se reconnaîtra n’a trouvé mieux l’autre jour, en guise d’échappatoire des plus absurdes, que de classer les habitants d’éternels insatisfaits auxquels rien ne plaît», tempête un citadin de la ville de l’Ariana qui s’étonne que «certains de nos élus ne font que mentir depuis qu’ils ont réalisé leur rêve d’élire domicile dans l’Hôtel de Ville». Assurant qu’il pèse ses mots, notre interlocuteur passe aux détails : «Et pourtant, explique-t-il, on n’a pas demandé l’impossible, puisque tout ce qu’on a revendiqué, c’est de ramasser des ordures ménagères qui jonchent les rues de notre quartier durant trois jours d’affilée. C’est comme s’ils cherchent à nous pousser à déménager». Loin de verser dans l’exagération, ces propos viennent confirmer l’existence d’un vrai malaise qui perdure dans la cité des Roses, à savoir le lugubre paysage environnemental. Parlons propreté d’abord, parce qu’elle constitue le pilier de toute municipalité et son cheval de bataille.

En effet, dans quasiment les quatre arrondissements de la commune, la mairie ne compte plus les déboires, avec notamment la persistance des problèmes de collecte des ordures ménagères et autres détritus qu’on met deux à trois jours pour enlever.

La vitrine de la ville

Des artères principales (Bourguiba, Taïeb M’hiri, Grasse…) qui représentent pourtant la vitrine de la ville, en sont paradoxalement les plus touchées, les plus maltraitées. Des cités huppées d’El Menzah (V, VI, VII, VIII et IX) et d’Ennasr (I et II) ne sont pas non plus épargnées. Le plus bizarre est que les habitants de ces différents arrondissements, connus généralement pour être de bons payeurs, honorent régulièrement les taxes municipales !

Sur un autre plan, les espaces verts de la commune sont peu nombreux, et une bonne partie d’entre eux sont mal entretenus. Cet état est également visible, volet voirie à Borj Baccouche, Cité Ennozha et Mostakbel, la vieille médina et Ariana supérieure. Çà et là, que de nids de poules, que de trottoirs en piteux état et que de poteaux d’éclairage public fréquemment en panne ! Ne passons pas non plus sous silence les deux éternels  marasmes dont souffre encore la commune, à savoir la circulation routière étouffante et les menaces des inondations, deux domaines dans lesquels on continue de faire pâle figure.

L’ordre des priorités

Comble de paradoxes : toutes ces carences et insuffisances criardes n’ont pas pour autant empêché le conseil municipal d’engranger cette année des recettes substantielles, grâce à la hausse vertigineuse des revenus fiscaux qui ont connu un fulgurant  taux de progression de 100%!

Selon les mêmes statistiques annoncées récemment par le maire de la ville, Fadhel Moussa, le budget d’investissement de la municipalité est passé à 9MD dont près du tiers est consacré  aux projets de proximité, alors qu’une enveloppe de 2,18MD revient au «volet administratif» ! Questions : pourquoi réserver un si joli pactole à ce dernier volet, quand les investissements dans le secteur vital de l’environnement (propreté, entretien, embellissement…) sont si maigres? La Cité des roses est-elle devenue tellement propre et belle qu’elle ne mérite plus d’intérêt de la part de ses édiles municipaux? Pourquoi ne pas procéder  par ordre de priorité dans l’élaboration du budget annuel?

Car, il va sans dire que ces habitants qui sont allés aux urnes le 6 mai dernier exigent, le plus légitimement du monde, un cadre de vie décent et des prestations de services assouplies, les autres projets de développement étant pour eux de seconde nécessité, voire le dernier de leurs soucis.

Mohsen ZRIBI

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