Reportage – Cafés de Tunis: Des insuffisances à combler


Une tournée dans les cafés du centre-ville permet de déceler plusieurs insuffisances qu’il faut surmonter pour offrir les meilleures prestations aux clients, qu’ils soient tunisiens ou étrangers.


Après le boulot, les Tunisiens ont un rendez-vous, chaque jour, dans les cafés et les salons de thé. Après une longue journée de travail et de fatigue, plusieurs employés profitent de leur temps libre pour siroter un bon café et fumer une cigarette pour se sentir bien. Ceux qui fréquentent les cafés sont de tous les âges passant leur temps à discuter de leurs préoccupations quotidiennes, de politique ou de sport.

Les cafés de Tunis se distinguent par leur style moderne. C’est aussi le cas pour les salons de thé situés à l’avenue Bourguiba. C’est dans une ambiance gaie que les serveurs accueillent les clients. On croise de jolies femmes avec leurs copines et copains venus prendre un verre de thé ou déjeuner tardivement ainsi que quelques couples qui cherchent à se détendre.

Les yeux sur les écrans

Certaines personnes prennent en photo les plats servis pour mémoriser ce moment inoubliable. Un serveur raconte qu’il est content de travailler ici : «travailler dans un si bel lieu historique est un  beau souvenir pour moi. Tout un monde de culture diverse et de différentes catégories sociales vient ici, c’est une riche expérience pour moi». 

Rencontrée dans un salon de thé, assise devant une tasse de café, Rania 27 ans, qui vient de fumer sa cigarette et siroter son café, explique : «J’ai des problèmes familiaux. J’éprouve une sensation agréable en fumant et en buvant le café», dit-elle. Et d’ajouter : «Un café et une cigarette pour moi, c’est toute une consolation malgré leurs conséquences néfastes sur la santé».

Saousen est une jeune étudiante venue prendre un café avec ses copains. Elle profite le plus souvent d’une ambiance de joie pour célébrer la nouvelle année 2020. Quant à Haithem, la trentaine, il vient au café pour partager l’ambiance avec ses camarades : «le cadre est fantastique». Quand on n’a pas de cours à la faculté on vient ici pour s’évader dans un autre monde. Un groupe de jeunes déjà attablés n’arrête pas de fumer et de discuter, de rire et d’échanger des taquineries. Ils ont l’habitude de se réunir pour prendre un café ensemble. Raouf, un client fidèle, s’exclame : «c’est ici que je m’éclate et j’oublie tous mes soucis ». Quant à Kawther, elle voit son café comme un prétexte pour passer du bon temps avec les amis.

«Le futur dans ce pays est incertain…»

Un vieillard est attablé, seul, dans un coin. Il a son petit point de vue sur ce qui se passe en Tunisie. Il évoque les difficultés des femmes qui se rendent dans les espaces publics comme les salons de thé. «Les femmes sont indésirables, elles sont malvenues dans un café».

Quant à Nizar Kdidi, la trentaine, fils du gérant du café, il  nous donne une idée sur les prix et déplore avec un ton maussade : «On n’augmente notre  tarification qu’après le mois saint, nos prix sont abordables par rapport aux autres cafés. Malheureusement, après la révolution, tout a augmenté. Heureusement que notre projet est fondé sur des bases solides sinon on aurait enregistré une perte cuisante». Concernant la clientèle, elle a diminué après la révolution dans la mesure où on en a perdu environ 70%. Avant, il était difficile de trouver  des chaises où s’asseoir, mais maintenant presque tout est désert. On a l’impression que l’avenue Bourguiba agonise… il n’y a que les clochards et les voyous qui viennent manger ou boire un café sans en payer le prix. Le futur dans ce pays est incertain. Mais il y a aussi des jeunes et moins jeunes qui sont bien élevés et d’une classe respectée qui se rendent dans ces cafés.

Abdel Aziz, le caissier, la soixantaine, accueille les clients avec un sourire. Il nous a donné une idée sur les prix. L’express est à 1d.800 ; le capucin est à 2d ; le verre de thé est à 1d.200. Je pense que nos prix sont à la portée de tout le monde. Lassaâd Seihi, serveur dans un café depuis quatre ans, garde l’espoir malgré les mauvaises conditions économiques du pays. «Notre établissement fournit un service de qualité  et nous donnons une importance capitale à la propreté», conclut-il.

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