Dans sa stratégie de relance économique 2019-2020, le Conseil des analyses économiques estime, d’après un constat unanime, que de très nombreux projets publics et privés connaissent des retards parfois significatifs de réalisation. Or, il s’agit de « low hanging fruits », dans le sens où leur déblocage pourrait avoir des effets immédiats sur l’activité économique et sur l’emploi. Par ailleurs, des projets en PPP restent bloqués, et leur activation présenterait de nombreux avantages (réalisation effective de projets économiques, dont certains sont majeurs, début de la courbe d’apprentissage de l’Etat dans la gestion de ces projets, crédibilité de l’Etat auprès des grands investisseurs).

Il est cependant à noter que la liste des projets PPP doit être établie avec minutie, celle des 33 projets PPP, comportant une dizaine de projets dont la faisabilité, est loin d’être assurée. Compte tenu des retours d’expériences PPP non réussies notamment en France, en Grande-Bretagne, le choix des projets, l’élaboration des cahiers des charges et le mode de réalisation et de suivi doivent faire l’objet d’une attention particulière surtout que les PPP ne sont pas une solution miracle, leurs effets sur les dépenses publiques sont quasi nuls (les achats de prestations équivalent en général les remboursements de crédits).

Les PPP, bien conçus, ont des apports certains dans les domaines nécessitant une souplesse de gestion importante (technopoles, projets TIC, port en eau profonde, projets complexes…).
Les pouvoirs publics ont déjà mis en place des dispositifs pour accélérer la réalisation des grands projets publics, notamment les projets d’infrastructure. Pour créer un impact significatif sur la relance économique, il conviendrait de généraliser cette approche proactive d’accélération de la réalisation des projets d’investissement, en agissant sur les plans réglementaire, opérationnel et de pilotage.

Une panoplie de mesures a été fixée par le Conseil des analyses économiques dans l’objectif de reprendre le projet de loi d’urgence économique, avec des amendements visant à améliorer les aspects relatifs au renforcement de la transparence, concevoir le cadre de la gouvernance de l’unité chargée de l’instruction et du suivi des grands projets, en fixant les délais des diverses étapes de l’action de cette unité en insistant sur l’optimisation de ces délais, instituer au sein du cabinet du chef du gouvernement une cellule qui opère des contrôles.
Sur le plan opérationnel et de pilotage, trois catégories de projets doivent être définies, avec pour critère principal l’impact économique attendu. Selon l’impact, les projets seraient suivis au niveau de la Présidence du Gouvernement, le ministère directement concerné ou le gouvernorat.

Il s’agit également d’arrêter la liste des projets prioritaires en leur assurant une bonne gestion, de créer une task force (comité de suivi) auprès de chaque organe (Présidence du Gouvernement, ministères concernés, gouvernorat) et de renforcer les structures administratives locales en charge des activités économiques, notamment en les dotant de moyens humains adéquats.

Etat d’avancement des projets
-Projet du port d’Enfidha qui consiste à développer un nouveau terminal à conteneurs du port en eaux profondes d’Enfidha moyennant un budget de 3.336 millions TND.
-Projet de la Zone d’activité commerciale et logistique de Ben Guerdane qui consiste à créer une zone de libre-échange et de logistique jumelée à une station balnéaire proposant des services de loisirs, de santé et de bien-être à proximité de la frontière avec la Libye, moyennant 41 millions DT.

– Projet de création d’un terminal vraquier au port de Bizerte. Ce projet (300 millions TND) prévoit la construction d’un terminal vraquier à Bizerte dédié au déchargement, stockage et manutention du Pet Coke à usage des cimentiers en premier lieu et toute autre industrie qui sera reconvertie en Pet Coke.
-Projet de Création d’un terminal RO-PAX sur la rive sud du port de Bizerte moyennant un budget de (80 millions de dinars).
-Le métro de Sfax est quant à lui un projet qui consiste en un nouveau réseau de transport public pour la région métropolitaine de Sfax, comprenant 2 lignes de métro léger (tramways) et 3 lignes de BHS pour un total de 70 km, et d’autres installations de transport. L’ensemble du projet coûte près de 2.800 M DT et serait mis en œuvre par étapes de 2022 à 2030.
-La zone logistique de Bir Mcherga est un projet qui développera une zone logistique à 45 km au sud-ouest de Tunis. Le projet consiste en la création de plusieurs zones spécialisées, à savoir: une zone logistique, une zone franche, des dépôts et des unités industrielles, des parkings pour conteneurs, port sec et centre d’affaires. Le coût estimatif du projet est de 300 millions de DT.

-Le projet de la ligne ferroviaire Gabès-Médenine consiste en une nouvelle ligne ferroviaire, reliant Médenine dans le sud de la Tunisie au réseau ferroviaire national de la Sncft à Gabès. Les coûts d’investissement varient de 240 à 600 M DT selon les variantes techniques. Le projet devrait être mis en œuvre en 2022.
-Projet de réhabilitation et la maintenance des rames du métro léger de Tunis qui consiste à rénover et à réhabiliter les 120 voitures Siemens du métro de la Société des transports de Tunis (Transtu), en circulation depuis 1985 moyennant 200 M DT.
-Le projet de la ligne ferroviaire Kasserine-Sousse consiste à construire une nouvelle section pour relier le port de Sousse à la ville intérieure de Kasserine. Le coût du projet est estimé à 550 millions de dinars (sans matériel roulant) et devrait s’achever en 2026.
-Le réaménagement intégré de la gare ferroviaire de Sousse est, quant à lui, un programme de développement urbain visant à offrir de nouveaux services aux habitants de la ville de Sousse et les utilisateurs du train, en valorisant les biens immobiliers appartenant à la Sncft en périphérie de la gare.

-Le projet de LGV (Ras Jedir-Gabès-Tunis) et (Tunis Tabarka) consiste à mettre en place le réseau ferroviaire à grande vitesse transmaghrébin. Il s’agit d’un projet régional visant à relier les principales villes des pays du Maghreb à savoir : Casablanca, Alger, Tunis et Tripoli. La section tunisienne de la ligne à grande vitesse aura une longueur totale de 840 km.
-La Zone Logistique de Gargour est un projet qui vise à soutenir le développement du port de Sfax qui a commencé à recevoir les navires Ro-Ro et d’être un nœud logistique pour la deuxième ville la plus importante de Tunisie. Le coût estimé du projet est de 82.5 millions de DT.

-Dans le secteur de l’Energie, Eau et Environnement il y a le projet de la Station d’épuration à Tunis Nord, Station de dessalement de l’eau de mer à Gabès, la Station d’épuration à Gabès, le projet de transport et valorisation des déchets à Tunis et Djerba, les Projets de valorisation des déchets à Bizerte, Gabès et Sousse, la station de dessalement de l’eau de mer à Ksour Essef, la Station à vapeur cycle combiné à Skhira d’une capacité de 480 MW, la délocalisation de l’usine du Groupe chimique de Gabès.
Dans le secteur des infrastructures et du développement durable, il y a le dédoublement de la GP13 reliant Sfax à Kasserine, la cité sportive de Sfax, la rénovation et l’extension du port de plaisance de Sidi Bou Saïd, le projet Taparura, le projet de réalisation d’une liaison de l’île de Djerba avec le continent (Jorf-Ajim), le projet d’Aménagement Sebkha Ben Ghayadha (Mahdia), la cité gouvernementale, la Zone d’activités économiques de Zarzis, le projet de mise en valeur et aménagement de la Sebkhat Sijoumi et le développement du site thermal d’El Khebayat.
Concernant les pôles scientifiques et technologiques, il existe trois projets : la start-up city, la cité universitaire qui est un projet visant à développer des universités françaises et allemandes et le pôle technologique à La Manouba.

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