Coupe de la CAF —l’ESS se qualifie pour les demi-finales: de l’envie, de l’application…

Ça se passe bien à l’Etoile après ce succès face à Al Hilal. Les coéquipiers de Chikhaoui confirment bien la dynamique de victoires qu’ils ont pu acquérir. Ceci après une période d’hésitation où l’équipe a trébuché au début de la phase des groupes de la CAF et aussi en championnat. Maintenant, on peut dire que la copie étoilée menée par Roger Lemerre est une copie très intéressante. Et le match d’Al Hilal le confirme bien pour deux raisons essentielles : on a vu l’Etoile se ressaisir malgré un but encaissé et un penalty raté (mentalement, cela fait un bon bout de temps qu’on n’a pas vu l’Etoile réagir), et puis l’Etoile a marqué deux buts en déplacement, chose importante pour une équipe qui veut aller loin en Afrique. Le plus important, c’est que l’ESS retrouve son équilibre sportif. Ce n’est plus cette Etoile trébuchante, passive, inodore et incolore, comme avec Ellili, mais c’est plutôt une ESS assez confiante et qui sait tirer profit de la richesse des solutions disponibles. Lemerre a-t-il réussi son pari? Pour le moment, oui. Il incarne l’entraîneur autoritaire qui s’impose face à ses joueurs et qui «oblige» ses joueurs à se donner à fond. A l’image de tous les joueurs tunisiens qui «aiment» l’entraîneur autoritaire qui les suit partout et qui ne les «rate» pas au moindre faux pas. Le match d’Al Hilal a montré quelque chose de concret. L’Etoile a des joueurs qui courent, qui taclent, qui ont envie de marquer et qui ont un solide mental. Cela s’est vérifié lors des derniers matches. On a aussi une ossature dure que Lemerre conserve dans son plan du 3-5-2, à l’image de Chikhaoui, Aouadhi, Boughattas, Kechrida, Hanachi, Ben Amor, Ben Aziza, et un groupe de joueurs qui font la navette entre le onze type et le banc des remplaçants. La chose qui a aidé l’ESS à bien surmonter ce marathon des matches, c’est que le banc offre des solutions plus que valides. Methnani en est la parfaite illustration. Cette ESS peut-elle aller encore plus loin en coupe de la CAF ? Avec cette envie, et avec ce dosage réussi de joueurs remplaçants et titulaires, on peut être optimiste. Mais sur le plan défensif, la synchronisation et la couverture pour une défense à trois est encore quelque chose de moyen. On a vu les joueurs d’Al Hilal se balader dans les dix-huit mètres étoilés. Et cela, il faut l’éviter si Lemerre veut confirmer l’élan pris après la consécration arabe.

Le 3-5-2, une habitude

Le 3-5-2 instauré par Lemerre (voire un 3-4-3 quand Msakni et Chikhaoui collent sur les côtés) est un plan qui réussit. Ceux qui ont fustigé Leekens pour avoir opté pour le 3-5-2 peuvent se taire maintenant. C’est un plan qui concilie le bloc défensif au surnombre au milieu du terrain, avec deux couloirs où se déclenchent les accélérations et les débordements. Quand vous avez Boughattas, Ben Aziza, Kouaté et Jemal (qui ne peut pas faire le latéral gauche), vous penchez pour une défense à trois. La qualité de l’application s’améliore et on voit bien que Kechrida brille en tant qu’excentré droit, en attendant autant de qualité à gauche. En 3-5-2, avoir deux milieux défensifs de qualité aide beaucoup et Lemerre dispose de  Ben Amor, Aouadhi, Baayou et Methani. Chikhaoui demeure le repère offensif chargé d’orienter le jeu, sa seconde jeunesse fait plaisir à tout le monde. Pour l’histoire, le 3-5-2 a bien fonctionné à l’ESS sous la direction de l’entraîneur brésilien Dos Santos en 1995, quand Ben Sassi, Chouchène et Boukadida formaient la défense, et Baccouche et Clayton faisaient les excentrés avec Bouazizi, Ghodhbane et Beya, le trio du milieu Ben Younès et Jelassi en attaque. Les gens ont la mémoire courte.

L’ESS n’innove pas en optant pour le 3-5-2, un schéma difficile à appliquer et à gérer l’animation. Cette ESS doit se confirmer, rien n’est encore fait. Mais au moins, on voit qu’il y a du sérieux.

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