La classe moyenne en Afrique — qui est constituée par des personnes consacrant plus de la moitié de leur revenu à des dépenses autres que le logement et la nourriture et qui stimule davantage la demande — comptera à l’horizon 2030 près d’un demi-milliard d’Africains.


Les investisseurs tunisiens ne tarissent pas, à vrai dire, d’éloges sur les opportunités du marché africain. Commençant par le potentiel d’investissement, passant par la forte capacité de consommation (les Africains présenteront à l’horizon 2050, 22% de la population mondiale), pour finir avec le rythme soutenu de la croissance économique: le marché africain est incontestablement une aubaine pour les investisseurs de par le monde, notamment les Tunisiens. Et on a beau parler des opportunités sans pour autant tirer parti de ce potentiel d’échanges gagnant-gagnant en mal d’exploitation. Les résultats 2019 du continent dénotent la résilience des plusieurs économies de pays africains, notamment subsahariens, malgré “l’intensification des turbulences mondiales”.

L’Afrique subsaharienne observerait une croissance en 2020
Selon les prévisions de la Banque mondiale, la création des richesses dans l’Afrique subsaharienne accuserait une légère hausse passant de 2,4% observée en 2019 à 2,9% prévue pour 2020. Cette amélioration est tributaire, précise le rapport, d’une amélioration de la confiance des investisseurs, du raffermissement de certaines grandes économies couplées à la hausse de la production pétrolière dans les pays exportateurs de pétrole ainsi qu’à la continuité de la croissance vigoureuse qui a été observée en 2019 dans les pays exportateurs de produits agricoles.

Aussi, on souligne l’augmentation des Investissements étrangers directs (IDE) dans cette région, un fait qui reflète l’accroissement de la confiance des investisseurs étrangers dans l’Afrique. En 2018, les IDE en Afrique ont augmenté de 11%, contre 4 % en Asie et une baisse de 13 % au niveau mondial. De surcroît, la population subsaharienne compte un milliard de personnes et elle devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre environ 22% de la population mondiale.

La classe moyenne — constituée par des personnes qui consacrent plus de la moitié de leur revenu à des dépenses autres que le logement et la nourriture — stimule davantage la demande. Elle va compter, à l’horizon 2030, près d’un demi-milliard d’Africains. “Évidemment, le marché africain représente une opportunité pour les entreprises tunisiennes.

Le PPP est extrêmement développé en Afrique parce que les Etats africains ont compris qu’ils avaient besoin d’investissement privé, à côté de celui public pour assurer le développement économique et social. L’Afrique est une vraie opportunité en matière d’investissement dans les services, le tourisme et l’industrie”, a affirmé dans une déclaration à La Presse, Walid Bel Hadj Amor, directeur général du bureau d’étude Comete Engineering qui opère, notamment en Afrique subsaharienne.

Les moyens qui font défaut
De par sa connaissance du marché africain, M.Bel Hadj Amor, a fait savoir que les opérateurs tunisiens qui ont investi en Afrique subsaharienne connaissent très bien les spécificités de ce marché et ont su acquérir une expérience importante en termes d’investissement essentiellement dans les trois secteurs susmentionnés. Malheureusement, explique-t-il, la frilosité, dont font montre les opérateurs privés tunisiens par rapport au marché africain, freine l’essor d’une véritable dynamique d’investissement dans ce continent à fort potentiel.

L’Etat ne déploie pas les efforts nécessaires pour dissiper cette méfiance ouvertement affichée par les investisseurs tunisiens, note-t-il. “ Il n’y a pas de stratégies, par exemple en matière de transport ou dans le domaine de l’imposition fiscale, parce que pour investir et exporter, il faut fournir les moyens nécessaires pour les acteurs qui veulent aller vers le marché africain, l’objectif étant d’améliorer leur compétitivité. Des décisions comme la suppression des visas pour les destinations africaines peuvent aider beaucoup les opérateurs privés.

Il est vrai qu’on est en train d’avancer, mais à un rythme très faible. Il faut se rendre à l’évidence qu’il viendra le jour où les investissements dans l’agroalimentaire, l’éducation, la santé…, etc fleuriront dans les pays africains qui atteindront leurs autosuffisance dans ces domaines. Nous devons trancher sur nos choix : soit on se taille notre part dans le marché africain, soit on ne fait rien et on laisse échapper cette opportunité”, explique le directeur général du Comete Engineering.
Quant à la zone de libre-échange de l’Afrique orientale Comesa, que la Tunisie aurait rejointe ce mois-ci, Walid Bel Hadj Amor a souligné que la démarche est positive. Cependant, elle nécessite des moyens logistiques — qui font souvent défaut — pour pouvoir booster l’exportation vers les pays membres.

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