« In Between » : Comme un rêve abîmé

Le 2e court métrage de Sahar El Echi a sillonné deux festivals nationaux avant d’être retenu pour au moins  trois  festivals à l’international : le Beirut International Women Festival au Liban en mars, la 25e édition du Festival international de Casablanca  prévue pour le 22 avril 2019 et l’Unframed festival à Berlin.

L’expérimental se laisse sentir et ne se laisse pas uniquement consommer. « Bine el Binine/In Between/Entre-deux », d’une durée de 6’24, exprime poétiquement, à travers une voix off féminine, un malaise intérieur persistant, qui peut être vécu au quotidien.

Le film plonge le spectateur dans une journée morne, celle d’un personnage enfermé chez lui, dans une demeure, secouée par des cris de détresse. Le personnage, dont on ignore le genre, est accompagné par une voix féminine qui décrit ses déplacements, ses agissements les plus ordinaires : comme veiller, dormir, s’allonger, sortir  ou arpenter le jardin ou les couloirs sombres. La tension monte, accentuée par l’impact des mots énoncés. Les plans  fusionnent, montrant des détails ordinaires : photographies, souvenirs, bruits, lumières, dates… La voix qui porte le film retentit comme des  pensées intérieures. Celles  de cet être torturé. Des bribes de pensées exprimées ouvertement. L’étouffement atteint son paroxysme vers la fin.

Pour son 2e essai, Sahar El Echi opte pour un univers abstrait propre à elle, et singulier certes, mais qui demeure accessible. Objectif, souvent, difficile à atteindre quand on se lance dans l’expérimental et qui peut être encaissé, voire vécu ou senti différemment d’un spectateur à un autre.

Le titre du film, traduit en trois langues, donne libre cours à diverses interprétations. Le court métrage est une réalisation indépendante projetée en Vost/Ang, réalisé et filmé à « Dar Eyquem »  à Hammamet, lors d’une résidence artistique. La voix off est celle de Nejma Zghidi et la direction artistique a été confiée à Marwen Abouda. Le texte, point fort du film, a été écrit par Sahar  El Echi et Ayoub El Mouzaine. Photographe et artiste visuelle également, Sahar El Echi a fignolé les images de son film avec l’aide de Hiba Dhaouadi.

Le film a été projeté lors de la 2e édition du festival « Regards de femmes », consacrée aux œuvres cinématographiques réalisées par des femmes tunisiennes, maghrébines ou  issues de la région Mena en octobre 2018. « Entre-deux » a aussi raflé le 3e prix lors du dernier Fifak en août 2018. Le RPM Fest (Boston) l’a retenu pour son édition de février 2019, ainsi que la Sharjah Art Foundation, initiatrice du Sharjah Film Platform (UAE). Il a été sélectionné récemment au « Gabès Cinéma Fen » dans la catégorie « courts – métrages ».

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