Le Programme d’appui aux médias en Tunisie (Pamt/ MEDIA UP), financé par l’Union européenne, géré par le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (Capjc) et mis en œuvre par un consortium international dirigé par Particip, fêtera, prochainement, ses trois ans.

Depuis son lancement effectif en juin 2017, le Pamt n’a pas lésiné sur ses moyens financiers et matériels pour en faire profiter les médias nationaux et locaux, publics, institutionnels et associatifs. Plus de 1.000 journalistes et communicateurs tunisiens ont pris part à des sessions de formation ciblées à Tunis et en régions.

La mission du Programme, accomplie sous le signe «formation, modernisation et efficacité», se résume en trois axes stratégiques : accompagnement de la réforme du secteur des médias, professionnalisation des acteurs de l’information, de la régulation et de l’éducation aux médias, en plus du renforcement de l’accès à l’information de proximité et du développement des médias régionaux. Le tout pour un contenu médiatique beaucoup plus adapté à l’ère du numérique et aux profondes mutations que connaissent le secteur médiatique et le monde.

Equipements, un grand marché conclu

Trois ans déjà, le Pamt a de quoi prouver son efficacité. Une efficacité aujourd’hui tangible, grâce à un plan d’action précédé d’un diagnostic minutieux du paysage médiatique tunisien. Au commencement, le Pamt a engagé des experts nationaux et internationaux qui ont procédé à l’identification des besoins des médias. De la presse écrite à l’audiovisuel, en passant par la communication institutionnelle, le marché d’acquisition fut, alors, conclu. L’offre a bel et bien répondu à la demande. Snipe-La Presse, l’agence nationale Tunis Afrique Presse (TAP), la Radio nationale, la Télévision tunisienne, le Capjc, l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle ont reçu des équipements audiovisuels et informatiques estimés à 3 millions de dinars. Soit, un premier pas sur la voie de leur digitalisation. L’accompagnement était, alors, stratégique, et l’était encore plus avec l’élaboration de manuels revenant sur les bonnes pratiques en matière de sécurité des journalistes, de déontologie, de fact-checking (vérification des faits) et de décentralisation.

Formation transversale, cet outil d’appoint

Parallèlement, il y a eu une palette de formations transversales continues dispensées, en divers modules, au profit de plus de 1.000 participants. Cela étant, en réponse à la volonté du Capjc de développer un Digital-Lab, comme outil de formation consacré aux nouvelles techniques numériques dans le domaine de l’information. L’objectif était de contribuer à former un groupe de formateurs de bon niveau, aptes par la suite à développer des formations sur l’ensemble du territoire tunisien. Cette formation a été totalement prise en charge par le Pamt, en collaboration avec le Cenaffif (Centre national de formation de formateurs et d’ingénierie de formation). Ce qui a permis de constituer un noyau de 15 formateurs en journalisme numérique. Mais aussi dans d’autres techniques digitales. Au total, cinq sessions ont pu, donc, leur assurer une mise à niveau professionnelle : vérification des faits (fact-checking), journalisme de données (data journalism), mobile journalisme (MoJo), reportage 360, photographie numérique et la gestion de communautés sur les réseaux sociaux (Community Management). S’y ajoute le journalisme de proximité qui a été, particulièrement, destiné aux médias locaux dans pas mal de régions tunisiennes. D’ailleurs, une première version d’un guide du journaliste de proximité, qui devait s’enrichir de ces formations sur le terrain, a déjà été présentée. Une seconde, enrichie d’exemples en matière de «contextualisation tunisienne» du contenu, de témoignages et d’expériences tunisiennes et de terrain, a été remise en août dernier. Elle sera, prochainement, validée. Sans pour autant perdre de vue la valeur ajoutée de la formation sur les médias intégrés. En ont bénéficié, jusque-là, plus de 200 journalistes. Mais, au menu du Pamt, il n’y a pas que la formation. Plusieurs études et recherches sur le secteur ont été réalisées par des experts tunisiens et étrangers engagés par l’assistance technique du Pamt: «Médias tunisiens et transition numérique», «formation journalistique en Tunisie», «l’avenir de la presse écrite en Tunisie», «études comparées sur les grandes écoles en politiques publiques médiatiques», «conservation et valorisation d’archives photographiques et audio-visuelles», et bien d’autres études téléchargeables sur le site www.mediaup.tn

Au-devant de la scène !

Avec une telle dynamique, certes, témoignée, le Pamt a réussi à forger une identité propre à lui. Un rayonnement national qui lui a conféré une plus grande visibilité, à même de renforcer sa présence par des participations à des manifestations et événements d’envergure. L’on en cite, notamment, la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année, les assises internationales du journalisme de Tunis (novembre 2019), le congrès annuel de la FIJ (Fédération internationale des journalistes), tenu l’été dernier à Tunis, le séminaire de l’Unesco sur l’accès à l’information, ainsi que le festival international du Sahara, dans le sud du pays, où 15 journalistes tunisiens issus de médias publics et privés ont bénéficié d’un perfectionnement sur le terrain pendant toute une semaine. Le Pamt médias ne compte, au demeurant, pas s’arrêter en si bon chemin, plus est en cette pleine transition démocratique et médiatique ! Mais n’a-t-on pas dit un jour que «celui qui veut aller loin n’a qu’à ménager sa monture» ?

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