France | Décès de Jean Daniel à l’âge de 99 ans : Le 4e pouvoir perd l’une de ses plus belles plumes

Macron salue une «conscience» et un «monument du journalisme».

Jean Daniel, fondateur de l’hebdomadaire L’Obs et grande figure médiatico-littéraire de la gauche française des années post-1968, est mort à 99 ans, a annoncé hier le magazine.

«Il est décédé mercredi soir à l’âge de 99 ans après une longue vie de passion, d’engagement et de création», a indiqué L’Obs, dont il a signé l’éditorial jusqu’à un âge très avancé.

L’homme, que l’historien Pierre Nora a qualifié de «dernière figure du journalisme inspiré», a traversé l’après-guerre en portant les combats de la gauche, de l’anticolonialisme au droit à l’avortement.

Plusieurs figures du monde médiatique ou politique lui ont rendu hommage, toutes tendances confondues.

«Monument du journalisme, éclaireur de la gauche, Jean Daniel est mort. La France perd une conscience, de ces hommes qui font l’Histoire à la seule force de leur plume», a réagi sur Twitter Emmanuel Macron.

Né le 21 juillet 1920 à Blida, en Algérie, dans une famille juive, Jean-Daniel Bensaïd, qui prendra le nom de plume Jean Daniel, a participé aux combats de la Seconde Guerre mondiale dans les rangs de la prestigieuse 2e division blindée de Leclerc de 1943 à 1945.

Après des études de philosophie à la Sorbonne et un passage dans un cabinet gouvernemental, il commence sa carrière journalistique en 1947 en fondant Caliban, une revue culturelle et publie en 1952 son premier roman, «l’Erreur», salué par Albert Camus, dont il est proche.

Entré à l’hebdomadaire l’Express dans les années 50, il est blessé en 1961 par des tirs de l’armée française en Tunisie, pendant un reportage.

Sa grande aventure médiatique commence en 1964 avec la fondation du Nouvel Observateur, qui deviendra L’Obs, avec son ami Claude Perdriel. Aux manettes, il sera une figure tutélaire, un parangon de l’intellectuel de gauche non communiste.

Il rencontrera plusieurs grands de ce monde, à l’instar de Fidel Castro avec qui il déjeunait en 1963 quand ils apprennent la mort de John F. Kennedy, qu’il avait interviewé peu de temps auparavant. «Kennedy était un ennemi auquel on s’était habitué. C’est une affaire très grave», lui confie le «Lider maximo».

Son magazine défend l’anticolonialisme, publie en Une le manifeste des «343 salopes» pour l’avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand, polémique avec le Parti communiste.

Il a été l’ami de Pierre Mendès-France, Michel Foucault, François Mitterrand, avec lequel il eut, comme tant d’autres, des relations compliquées, ou Albert Camus, en dépit de leur désaccord sur le dossier algérien.

Également écrivain et essayiste, il a signé une trentaine de livres, dont un dernier en 2016 consacré à «Mitterrand l’insaisissable». Ses «Oeuvres autobiographiques» (cinq ouvrages) ont été rassemblées en 2002 en un seul volume de 1.700 pages.

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