Pour le commissaire aux comptes Amine Ben Gamra, la privatisation ne peut en aucun cas constituer la planche de salut des entreprises publiques, étant une source de richesse en mal d’exploitation. En contrepartie, l’expert-comptable plaide pour la bonne gouvernance et la digitalisation qui sont le fer de lance du redressement des finances publiques.

Erigées en “mur infranchissable”, les entreprises publiques demeurent le casse-tête des gouvernements qui se sont succédé. “La ligne rouge” n’a pas jusque-là été transgressée. Et au moment où tout le monde s’est mis d’accord sur ce qu’on a communément appelé le “traitement au cas par cas”, aucun progrès n’a été enregistré dans le dossier des entreprises publiques. Faut-il privatiser? Suffit-il de donner un coup de jeune pour que  la boucle soit bouclée et que les entreprises retrouvent leurs années de gloire, ou faut-il céder des entreprises pour alléger les dépenses? 

A vrai dire, les maux dont souffrent les entreprises publiques sont multiples et touchent structurellement leurs fonctionnements et équilibres financiers. On estime que le déficit financier de 47 entreprises publiques coûte 1.800 millions de dinars au budget de l’Etat. Cette hémorragie financière suscite l’indignation et la colère du secteur privé qui pointe du doigt la mauvaise performance des entreprises publiques induisant une altération de la compétitivité de l’économie nationale. Il déplore, également, les sommes infimes consacrées à l’investissement dont les dépenses sont, à leur tour, sacrifiées sur l’autel d’une imposante masse salariale.   

Il faut miser sur deux principaux éléments, en l’occurrence la bonne gouvernance et la digitalisation. Il faut qu’il y ait, aussi, la volonté d’achever la transformation. Une volonté de fer pour faire face à la résistance  au changement ainsi qu’à l’instabilité politique qui affecte la volonté de bonne gouvernance au sein des entreprises publiques.

Et si les entreprises publiques étaient une source de création de richesse au lieu d’être une source d’hémorragie financière ? Et si elles étaient la solution au lieu d’être le problème? En tout cas, c’est ce que propose Amine Ben Gamra comme vision et choix pour restructurer les entreprises publiques. “Les entreprises publiques constituent une solution salutaire pour redresser notre économie. La rentabilité financière n’a jamais été un critère de performance pour les entreprises publiques. Le véritable critère qu’il faut prendre en compte, c’est leur contribution dans le  taux de croissance économique”, explique-t-il.

Un projet de loi louable

Comment peut-on, alors, remettre les entreprises publiques sur les bons rails? Pour Amine Ben Gamra, il faut miser sur deux principaux éléments, en l’occurrence la bonne gouvernance et la digitalisation. Il faut qu’il y ait, aussi, soutient-il, la volonté d’achever la transformation. Une volonté de fer pour faire face à la résistance  au changement ainsi qu’à l’instabilité politique qui affecte la volonté de bonne gouvernance au sein des entreprises publiques.

Il faut miser sur deux principaux éléments, en l’occurrence la bonne gouvernance et la digitalisation. Il faut qu’il y ait, aussi, la volonté d’achever la transformation. Une volonté de fer pour faire face à la résistance  au changement ainsi qu’à l’instabilité politique qui affecte la volonté de bonne gouvernance au sein des entreprises publiques.

Quant au renforcement de la gouvernance, l’expert-comptable a fait savoir que le projet de loi relatif à la gouvernance des contributions, établissements et entreprises publics qui a été adopté en Conseil ministériel, en décembre 2019, permet de mettre en place des garde-fous et des gages d’une bonne gouvernance dans les entreprises publiques. “Le projet de loi n°81/2019 portant sur la gouvernance des participations, établissements et entreprises publics prévoit dans son article 11 de limiter les mandats des commissaires aux comptes de ces établissements. C’est une bonne initiative qui permet aux jeunes experts-comptables de contribuer à la refonte des établissements publics. Espérons qu’il sera voté par l’ARP le plus tôt possible”, a souligné l’expert-comptable. Et d’ajouter : “Le commissaire aux comptes conseille les structures selon l’état des lieux. Après avoir décortiqué l’existant et dépeint la situation suite à des audits financier, organisationnel, social, comptable, etc. et en s’adossant à des indicateurs spécifiques ainsi qu’aux bonnes pratiques, l’expert-comptable conseille les structures avec un seul objectif dans le viseur : améliorer la rentabilité et réduire le nombre d’indicateurs qui sont au rouge”, énumère Ben Gamra en explicitant le rôle du commissaire aux comptes dans la restructuration des entreprises publiques.

Pour le volet digitalisation, l’expert-comptable a souligné qu’elle présente une  solution efficace contre la corruption. “ Evidemment, il y a de la résistance à la transformation digitale manifestée, essentiellement,  par tous ceux qui tirent profit de la situation actuelle. La numérisation permet d’assurer la traçabilité et donc de limiter la corruption”, affirme Ben Gamra. Et de conclure : “Les entreprises publiques constituent une aubaine pour la Tunisie. Il faut entamer immédiatement leur restructuration. Ça va nous permettre de réaliser des taux de croissance élevés”.

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