Une échappée belle aux couleurs de notre patrimoine oral, voire mythique : «Les trois mystiques», le spectacle donné lundi 24 février au Théâtre des Jeunes Créateurs par le Nouveau Ballet de Danse Tunisienne du Pôle Ballets et Arts chorégraphiques était notre rendez-vous ambitionné avec les lumières et les vibrations de la mémoire.

Toute une histoire. Toute une ambiance. Une écriture scénique aussi, un style. Qui fait de cet espace de la Cité de la culture, plus ou moins grand plus ou moins noir, la pépinière qui accueille ces bribes d’expériences de corps portés par le mouvement. Trois histoires en une et le tour est joué pour concocter un ensemble captivant qui nous embarque droit dans les arcanes de notre mémoire collective au détour d’une histoire ou d’un mythe raconté d’une voix off qui se déverse dans les coins et recoins de la salle.

Paroles qui émaillent des histoires ancestrales. Les fait sortir de l’oubli. A cela s’ajoutent les prouesses techniques des vidéos qui accompagnent les tableaux de danse.

Les costumes ne sont pas en reste, puisqu’ils apportent tous leurs éclats aux sauts et soubresauts de ces corps qui prennent leur envol.

La pièce aborde l’histoire mythique de trois mystiques, pour renouer avec les fils du passé : celui d’un «Boussaâdia» qui recherche en vain sa fille Saadia enlevée ou encore celle d’un «Akacha», un mystique dont la bravoure et la force surhumaine font détacher les chaînes de l’oppression dans un mouvement de corps déliés qui se mélangent aux effluves d’encens et d’authenticité.

Et puis il y a aussi Cheikh «Marnikh» et son penchant pour les grandes tablées. Le cheikh dont la générosité rallume les lumières du cœur qui s’éteignent et qui aime s’attabler autour de banquets faits de bons plats qui émoustillent ses papilles et celles des petites gens , pauvres et sans abris, qu’il reçoit quotidiennement.

«Les trois mytiques» : voilà donc un mystérieux travail sur le temps qui passe et qu’on revit dans le vertige des corps qui se bougent dans l’espace et épousent les rythmes d’une musique tour à tour lancinante et appuyée d’une bande son qui embellit le côté synthétique d’une musique électronique.

C’est bien cela la danse contemporaine qu’on aime tant… un élan, un jaillissement qui restent à jamais un sursaut vers l’avenir… et qui permettent un tant soit peu de briser toutes les barrières temporelles, pour revenir sur les moments-clés qui marquent notre tunisianité… pour nous offrir, au final, un spectacle qui nous ressemble, puisqu’il nous parle.

Laisser un commentaire