La Caisse des dépôts et consignations adopte le «Green Bond» : Un nouvel instrument pour le financement de la transition écologique

Devant les nouvelles contraintes liées au développement durable, le secteur de la finance s’adapte progressivement et génère des innovations en phase avec la transition énergétique. L’un des produits issus de cette prise de conscience environnementale du secteur financier est le «Green bond» ou «obligation verte». Les obligations vertes sont un levier important pour le financement de la transition écologique. Elles permettent aux entreprises et aux entités publiques de financer leurs projets environnementaux, plus particulièrement les investissements en infrastructures.

Lors des 12es journées de l’éco-construction, économie d’énergie et de l’innovation, qui se sont déroulées les 25 et 26 février 2020 au Palais des congrès, la Tunisie, à travers la Caisse des dépôts et consignations (CDC), vient d’adopter le «Green bond», un instrument permettant de financer des projets dans le secteur des énergies renouvelables, c’est ce qu’a affirmé sa directrice générale adjointe, Nejia Gharbi. Selon elle, le processus d’accréditation de la CDC par le Fonds vert des Nations unies est en cours, afin de lui permettre de lever des fonds pour financer des projets écologiques. Mme Gharbi déclare que la caisse prévoit, également, l’adoption des normes écologiques de respect à l’environnement et d’économies d’énergie dans la construction de son siège et sera, ainsi, la première institution publique labellisée RSE.

Qu’est-ce qu’un «Green bond»

Le principe d’un «Green bond» est qu’une entreprise, une association ou une organisation internationale émet une obligation sur les marchés financiers afin de financer un projet ou une activité à bénéfice environnemental. Concrètement, ces produits séduisent les investisseurs désirant conjuguer rendement financier et impact environnemental positif (énergies renouvelables, efficacité énergétique, gestion durable des déchets et de l’eau, exploitation durable des terres, transport propre et adaptation aux changements climatiques…). En effet, les «Green bonds» présentent l’avantage d’avoir le même système de prix que les obligations conventionnelles, le même système de remboursement et le même profil de risque. La véritable différence réside dans le rendement écologique généré en plus par les obligations vertes.

Pourquoi investir dans le «Green bond»?

En fait, les entreprises et les collectivités qui désirent se lancer dans ce type de démarche cherchent trois objectifs. Il s’agit, en premier lieu, de communiquer sur leurs stratégies environnementales et donner du relief à leur engagement. Ensuite, diversifier leur base de créanciers, en ciblant des investisseurs éthiques qui intègrent déjà des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et, enfin, améliorer la qualité du dialogue au sein de l’organisation entre directions financières et directions environnementales au sein des structures.

De leur côté, les investisseurs cherchent à répondre à la demande des épargnants d’investir en faveur de la transition écologique et aussi mieux maîtriser un type de gestion intégrant des critères environnementaux, amené à croître dans les années à venir.

Epanouissement mondial

Le sujet de la transition écologique et énergétique est aujourd’hui au cœur des débats internationaux. A l’échelle mondiale, le marché des obligations vertes a fortement progressé. Il est passé de quelques centaines de millions d’euros en 2007 à 35,6 milliards d’euros en 2015. Ce marché a donc connu une croissance annuelle d’environ 50% en moyenne. Ce sont plus de 705 Green bonds qui furent émis depuis 2007. Les profils des émetteurs de ces obligations vertes sont très diversifiés, puisque l’on retrouve aussi bien des banques d’investissement, des institutions internationales, des collectivités locales ou encore des universités. En effet, depuis que ces nombreuses solutions environnementales ont émergé, il n’a jamais été aussi urgent de trouver des fonds pour les financer. Or, mettre en place ces solutions a un coût pour les Etats. C’est donc au cours des années 2000 qu’une question s’enracine dans les négociations internationales, les réflexions d’économistes et celles des ONG environnementales : comment financer la transition énergétique ? Le Green bond a germé dès 2007. Des organismes bancaires internationaux, tels que la Banque européenne d’investissement, ont voulu mettre en place un mécanisme financier à même de pouvoir réorienter les flux vers le «vert». L’enjeu était de taille : inciter les acteurs économiques (entreprises, collectivités locales, Etats), maillons centraux de la transition énergétique, à financer des projets environnementaux. Et pourquoi pas une obligation «verte» ? Une nouvelle variété d’obligation est émise par la BEI en juillet 2007, permettant aux entreprises, collectivités ou Etats de financer un «projet vert». Cette initiative pousse vite. Après la sphère étatique, les collectivités et les entreprises n’hésitent pas à en planter dans leurs champs d’actifs pour diversifier leurs sources de financement. Le Green bond a le vent en poupe : sur les six premiers mois de 2017, plus de 32,2 milliards d’euros de Green bonds ont été levés dans le monde.

Le Green bond est donc une véritable révolution en termes de transparence dans le milieu de la finance. Tout l’enjeu est donc d’allier utilité environnementale et rentabilité, de cultiver la transparence tout en récoltant les fruits du Green bond.

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