« Judy» de Rupert Goold, actuellement dans les salles de cinéma: La déchéance d’une icône

En 2020, Renée Zelwegger signe un retour triomphal après sa traversée du désert… et rafle l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation magistrale dans le biopic « Judy » signé Rupert Goold. Le long métrage revisite une période de la vie non moins tumultueuse de Judy Garland, icône américaine des années 30 /60, considérée comme la 8e merveille du 7e art. L’hommage à succès est actuellement dans les salles de cinéma.

Judy Garland est multidisciplinaire : actrice, chorégraphe et chanteuse. La scène est sans doute son milieu, son bocal… un profond malaise la ronge si elle s’en éloigne. « Mon père m’a entraînée pour la première fois sur scène à l’âge de 2 ans », cita-t-elle souvent dans les médias. Cette diva des années de l’entre-deux-guerres a profondément marqué l’âge d’or du 7e art qui connut son apogée sur fond historique turbulent : les deux  guerres mondiales. Malgré une vie sentimentale débridée  et un parcours artistique et contrôlé — entamé très tôt — , Garland compte parmi les étoiles les plus prolifiques de sa génération : le cinéma et la musique lui doivent beaucoup.

Dans ce biopic, le réalisateur Rupert Goold plonge le spectateur 30 ans après le début de sa carrière : il relate la période, marquée par sa consécration au cinéma grâce à sa légendaire interprétation dans « Le magicien d’Oz ». C’est peut-être l’une des périodes les plus séduisantes de sa vie professionnelle, mais elle signe tout de même le début de sa fin.

Un bel hommage post-moderne 

Le film portraiture la star en mal de vivre, dépressive, accro aux amphétamines et à l’alcool, incapable d’arrondir ses fins de mois, de créer et d’assurer le confort de ses deux petits enfants, Garland en cette période de sa vie croule sous les dettes, et est à couteaux tirés avec son ex-mari. Elle troque son talent d’actrice et se met davantage à la chanson … cette notoriété planétaire atteint son paroxysme malgré sa précarité émotionnelle et matérielle. Elle se noie dans un succès — qui s’avèrera toxique — précisément quand elle déménage à Londres pour donner une série de concerts. La star n’aspire en fait qu’à un but : revenir auprès de ses deux enfants aux Etats-Unis pour assurer leur scolarité  et leur trouver un toit.

Sa vie est en grande partie débridée, dissolue et passionnante. Pendant des décennies, Garland a fait les choux gras de la presse à scandales.  Cette période de sa vie racontée dans le film est non moins intéressante, mais reste peu reluisante, voire courte. Si le scénariste avait davantage creusé dans le temps et était revenu à l’essence même de sa carrière, il aurait eu plus à raconter et pu rendre son œuvre moins théâtrale, plus profonde et haut en couleur. Le spectateur aurait connu les facettes joyeuses de cette personnalité complexe, insatiable, difficile à gérer mais si attachante et sensible. La période racontée dans ce film reste turbulente mais brève, ce qui a rendu les échanges et les dialogues entre les personnages très explicatifs, voire didactiques : une manière pesante, machinale de « contextualiser » le spectateur et de lui fournir machinalement toutes les ficelles nécessaires pour cerner et comprendre rapidement cette star et son vécu.

Ce biopic, qui reste tout de même remarquable, signe par ailleurs le grand retour de Renée Zelwegger, grande actrice américaine qui a beaucoup en commun avec son personnage de Judy Garland : la légendaire interprète de Bridget Jones a enchaîné les navets sur grand écran depuis 2005 avant de se retirer d’Hollywood pendant au moins 6 ans d’affilée. L’actrice a dû faire face à des problèmes personnels  et devait se ressourcer, avant de signer son retour cette année. Elle n’y est pas allée de main-morte car, en incarnant Judy Garland, l’actrice rafle le Golden Globe et l’Oscar de la meilleure actrice et enchaîne les récompenses aux Critics Choice Awards et au Bafta.

Judy Garland a été ressuscitée grâce à Zelwegger : cette dernière a même interprété les plus grands titres musicaux de cette icône comme « Somewhere Over the Rainbow ». Très avant-gardiste et libre pour son époque, Garland était engagée humainement pour les droits des homosexuels dans les années soixante à une époque où personne n’en parlait. Elle a enchaîné au moins 5 mariages tumultueux et est la mère d’une star non moins connue de nos jours : l’indétrônable Lisa Minelli, sa fille aînée qu’elle a eue très jeune. Cette star est morte à l’âge de 47 ans, 6 mois après son succès fulgurant à Londres, à cause de ses troubles alimentaires et de son insomnie aiguë. « Judy » permettra à la jeune génération de nos jours de connaître le parcours atypique d’une légende.

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