Samedi prochain, assemblée générale extraordinaire et élection du nouveau bureau fédéral : Wadii El Jary, seul candidat à sa propre succession

Faute de concurrent sérieux, valable et crédible, capable de rivaliser avec lui, de contester son bilan et de lui barrer le chemin, l’homme fort de la fédération serait réélu à l’unanimité.

Certains pensent que Wadii El Jary se frotte les mains de joie, jubile et est même aux anges durant ces quelques jours qui le séparent du 14 mars, date de la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire élective consacrée essentiellement pour l’élection d’un nouveau bureau fédéral pour un mandat de quatre ans (2020-2024). Il est le seul candidat à sa propre succession après la décision du Comité électoral indépendant d’écarter de son chemin les deux seules listes concurrentes de Achraf Aouadi et Arbi Snegria qui «n’ont pas rempli toutes les conditions d’éligibilité». Mais, pour ceux qui connaissent l’homme de très près, il est loin d’éprouver un tel réjouissement de faire cavalier seul, d’être le seul sur la ligne de départ et le vainqueur facile d’une élection qu’il aurait voulue plurielle, musclée face à des candidats poids-lourds et qui aurait donné du charme à sa victoire et plus de légitimité. Ce ne sera pas le cas et c’est bien dommage. Est-ce sa faute à lui si les deux listes de Achraf Aouadi et Arbi Snegria n’étaient pas pour faire le poids, n’ayant pas présenté lors du dépôt de leur candidature un seul soutien des membres ayant le droit au vote, alors que l’article 28 des statuts de la FTF parle d’un minimum de quinze sans compter les infractions inadmissibles qu’ils ont tous deux commises, signe sans doute de manque de sérieux aux articles 27, 35 et 36 de ces mêmes statuts? Certainement pas. Wadii El Jary a, lui, raflé la mise avec le soutien de 139 membres sur 142, ce qui indique clairement qu’il sera réélu par plus d’une majorité simple et peut-être même plébiscité à l’unanimité. Il faut reconnaître honnêtement et logiquement l’absence actuellement d’un candidat capable de lui tenir la dragée haute et de trouver de grandes fissures dans son béton. Et son béton, ce sont ses réalisations et son bilan incontestable durant son second mandant, le premier n’ayant pas été une réussite, consacrée plus à tâter le terrain et à faire l’état des lieux. Et ces réalisations sont indéniables et colossales. Avec 8 milliards de déficit dont il a hérité, le budget de la FTF est passé à 45 milliards en actif, contrastant paradoxalement avec l’état de pauvreté de plus d’un club professionnel ou amateur, eux, sur les rotules. La fédération est devenue aujourd’hui le pourvoyeur de fonds pour les clubs en difficulté et leur meilleur avocat à la Fifa (le CA, le CAB, la JSK et le CSHL en savent quelque chose même si d’autres, comme le SG, n’ont pas eu le même privilège). Nos deux participations en phases finales de Coupe du monde et de la Coupe d’Afrique des nations nous ont rapporté gros et cet argent, il ne l’a pas dilapidé à tort et à travers, utilisant une grande partie pour investir dans des projets durables (hôtel de luxe pour les équipes nationales, salle de musculation moderne, centre médico sportif, etc.) qui constitueront la lumière de son passage à la FTF et  le plus beau cadeau qu’il puisse léguer à son successeur au terme de ce troisième et dernier mandat qu’il convoite.

Plus de liberté

Un troisième mandat qu’il devra aborder avec une plus grande liberté de manœuvre, débarrassé qu’il sera des soucis électoraux, pour attaquer les gros chantiers qu’il n’a pas osé ouvrir de crainte de subir les effets de mesure impopulaires qui lui feraient perdre son capital confiance au sein des clubs. La rénovation des textes pour transformer les associations sportives actuellement «à but  non lucratif» en sociétés autonomes, capables de s’autofinancer et de diversifier leurs sources d’argent, une direction nationale d’arbitrage indépendante n’étant pas sous le joug, et l’autorité du bureau fédéral pour plus de crédibilité de la compétition et une stratégie et une politique claire pour la lutte contre la violence qui continue à sévir dans certains des stades et qui tue le spectacle et fait éloigner le rêve du retour à des matches normaux qui se jouent non pas devant une poignée de supporters, mais à guichets fermés. Dans sa nouvelle liste composée de 12 membres, Wadii El Jary a gardé l’ossature de son ancienne équipe en maintenant confiance à sa garde rapprochée et à ses fidèles lieutenants, tels que Wassef Jlaïel, Brahim Abid, Amine Mougou, Hamed Maghrebi, Hichem Ben Omrane et Bousaïri Boujlel. Hassen Zayane, Houcine Jenayah, Hichem Dhib, Chamseddine El Echi et Saïda Ayachi sont les nouveaux de la liste, choisis avec munitie pour assurer une représentativité équilibrée des quatre grands clubs classiques et habituels EST, ESS, CSS, CA au sein du bureau fédéral.

A ces 12 membres qui seront élus en plénum par l’assemblée générale selon un scrutin de liste, s’ajusteront les présidents élus et pas désignés des trois ligues (football professionnel, football amateur niveau 1 et football amateur niveau 2) pour nous donner un bureau fédéral composé de 15 membres (article 35 des statuts).

Les membres ayant droit au vote de ce bureau sont les 14 représentants des clubs des Ligue 1 (5 voix chacun), les 24 de la Ligue 2 (5 voix chacun), les 32 de la Ligue 3 niveau 1 (deux voix chacun), les 56 de la Ligue 3 niveau 2 (deux voix chacun) et les 16 présidents des ligues nationales et régionales (5 voix chacun) selon l’article 26 des statuts, alinéa 4. En l’absence de plusieurs listes qui peuvent nécessiter plus d’un tour pour être départagées, la liste de Wadii El Jary n’aura donc aucune peine pour obtenir la majorité requise des suffrages exprimés (plus de 56%). L’ordre du jour comporte également l’élection du président, vice-président et membres du comité électoral indépendant et des trois organes juridictionnels de la FTF (Commission nationale d’appel, Commission nationale de discipline et de fair-play et Commission d’éthique).

Le tout sera bouclé sans doute en quelques heures de la journée du 14 mars en l’absence de suspense et avec un résultat connu d’avance. On peut, certes, lui faire le grief que les présidents et les membres de ces organes juridictionnels sont proposés au vote d’une assemblée nettement acquise à son choix et qu’elle est obligée de valider et sont donc quasiment désignés même si cette désignation est en quelque sorte déguisée. Position pas très confortable pour eux puisqu’ils seront devant l’obligation morale du moins d’être ses alliés et de lui obéïr au doigt et à l’œil dans bien des dossiers brûlants. Un argument pas très solide pour le déstabiliser, surtout quand on sait que même ses détracteurs les plus acharnés qui ont longtemps cherché sa peau ont fini par se rendre à l’évidence et par baisser les bras, enterrant définitivement la hache de guerre avec lui.

Saura-t-il utiliser à bon escient ce troisième et dernier mandat afin de réaliser ce qu’il n’a pas pu faire jusqu’ici pour compléter son œuvre et laisser un bilan flatteur comme il le veut quand il quittera la Fédération en 2024? En tout cas, il est confiant.

Hédi JENNY

Un commentaire

  1. aaa

    09/03/2020 à 09:59

    De quelle fédération parle-t-on ? Il faut lire une douzaine de lignes pour comprendre qu’on parle de la FTF. Quel amateurisme…

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