EST | L’aventure africaine s’arrête : La fin d’un cycle

Après deux Ligues de champions remportées de suite, le parcours de la formation «sang et or» s’arrête au stade des quarts de finale. Ce n’est pas une mauvaise performance, certes, mais elle est annonciatrice de la fin d’une époque.

La vie est faite de cycles. Le football n’échappe pas à cette règle. Des cycles s’achèvent pour laisser place à d’autres qui prennent le relais. En football, un cycle dure en moyenne trois ans, si tout va bien, et, surtout, si les choses se passent normalement. Or, pour que les choses se fassent dans les règles de l’art, il faut beaucoup de discipline, de bon sens et du… professionnalisme, un facteur qui échappe la plupart du temps à nos footballeurs professionnels, qu’il s’agisse de joueurs, d’entraîneurs ou de dirigeants qui, dans la plupart du temps, font dicter la loi aux supporters.

Quant aux entraîneurs, ils sont souvent contents quand ils sont nommés au poste et se présentent comme le messie attendu, oubliant au passage que le football, bien qu’il ne soit pas une science exacte, obéit à certaines règles.

Ceci nous amène à parler de l’actuelle situation de l’Espérance Sportive de Tunis, détentrice du titre de champion d’Afrique pour les deux dernières éditions et dont le parcours dans l’actuelle édition s’est achevé vendredi dernier au stade des quarts de finale, sur une note positive tout de même, puisque l’équipe a quitté la compétition sur une victoire.

Un entraîneur plus expérimenté

Vendredi dernier, Mouîne Chaâbani a perdu face à Patrice Carteron, d’une dizaine d’années son aîné, pour la troisième fois consécutive. Patrice Carteron a remporté la Supercoupe d’Afrique devant Mouîne Chaâbani à deux reprises. Une première fois la saison dernière à la tête d’un Raja Casablanca au plus bas de sa forme et avec un effectif moindre que celui à la disposition de Chaâbani. Le technicien français a été un meilleur coach et la Supercoupe d’Afrique remportée l’année dernière devant l’Espérance de Chaâbani lui a permis de sauver sa saison.

Un Mouîne Chaâbani qui semble incapable de déchiffrer les approches tactiques de Patrice Carteron. Retrouvailles cette année d’abord en Supercoupe d’Afrique. Cette fois-ci, le technicien français est aux commandes d’Ezzamalek, pas vraiment terrible, mais toujours réaliste à souhait. Encore un titre perdu sur un match par le coach « sang et or » devant le technicien français.

Les troisièmes retrouvailles ont ressemblé aux précédentes. Une défaite cuisante au Caire aux quarts de finale aller et un comportement qui laisse à désirer dont étaient les auteurs entre autres Mouîne Chaâbani et son adjoint Majdi Traoui, lourdement sanctionnés par la CAF à cause de leur agitation sur le terrain alors qu’ils étaient censés encadrer les joueurs. Une suspension qui a laissé l’Espérance dans une situation critique au match retour, privée de son staff technique.

Les joueurs se sont montrés engagés sur le terrain, ont développé un volume de jeu assez intéressant, ont remporté la victoire, mais n’ont pas réussi à ajouter le deuxième but, essentiel pour se qualifier aux demi-finales. Encore un échec tactique malgré la victoire.

Bref, les choix de Mouîne Chaâbani sont pour beaucoup dans l’élimination de l’Espérance au stade des quarts de finale de la C1 africaine. Chaâbani a échoué également à deux reprises en Coupe arabe des clubs champions, se faisant éliminer au premier tour, outre que sa participation en Coupe du monde des clubs n’était pas fameuse que ce soit en 2018 ou en 2019, sans oublier qu’il n’est pas allé jusqu’au bout en Coupe de Tunisie.

Gestion d’effectif 

En remportant sa deuxième étoile africaine en l’espace de six mois seulement, il était clair qu’à ce moment déjà, l’Espérance de Tunis était d’ores et déjà en fin de cycle pour la simple et bonne raison que ses meilleurs joueurs ont exprimé clairement leur ambition d’aller voir ailleurs, vu que leur cote a logiquement grimpé. Or, tout le monde savait qu’il était quasi-impossible de remplacer les départs simultanés de Saâd Bguir, Ghaïlaine Chaâlali, Franck Kom, Youssef Belaïli, Aymen Ben Mohamed et Anis Badri.

Ces joueurs constituaient la véritable ossature de l’équipe. Et même si les recrues de l’été dernier sont des joueurs jugés plus techniques, on ne peut pas remplacer toute une équipe en un seul coup et continuer à rafler les titres sans connaître une parenthèse.

Pour que le cycle n’arrive pas assez vite à son terme, il fallait gérer mieux l’effectif en espaçant les départs sur deux voire trois mercatos. Au lieu de chercher de nouvelles recrues, il fallait prolonger les joueurs déjà en place en renouvelant leurs contrats avec des offres alléchantes et défiant toute concurrence. Il fallait réinvestir sur ces mêmes joueurs qui ont remporté les deux titres continentaux et ne laisser partir un joueur que si on trouve son remplaçant, répondant au même profil. Retarder les départs de joueurs qui ont fait l’épopée n’aurait que permis d’augmenter encore leur cote et l’équipe aurait gardé son identité.

Or, le remplacement de sept joueurs, c’est l’ossature d’une équipe qui s’en va et une autre qui se met en place. Un cycle qui s’achève et un autre qui commence.

Le cycle de l’Espérance a complètement pris fin avec le départ d’Anis Badri et l’élimination en quarts de finale de la C1 africaine.

Aujourd’hui, c’est un nouveau cycle qui commence, peut-être bien sans Mouîne Chaâbani qui, aux yeux de bon nombre d’observateurs, a fait son temps à l’Espérance de Tunis.

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