Les chuchotis du mardi | Coronavirus : Libye, Algérie et Égypte, ces méga-bombes à retardement !


Avec au moins 7.007 morts et plus de 175.536 cas de contamination au Covid-19 dans le monde, depuis le début de l’épidémie en décembre 2019, selon un dernier bilan établi par l’Agence France-Presse à partir de sources officielles, hier, à 17h00 GMT. Que des chiffres qui donnent froid dans le dos.

Pendant ce temps-là, dans la région d’Afrique du Nord, la fiabilité des chiffres officiels, la désinformation des régimes en place et la déliquescence des systèmes de santé laissent certains observateurs très sceptiques vis-à-vis de la situation globale.

En Tunisie et dans le royaume chérifien, malgré les défaillances du système de santé, la communication gouvernementale est fluide et transparente avec une vraie volonté affichée pour freiner la propagation de la pandémie.

Mais voilà, chez nos voisins de l’Est et de l’Ouest, la situation  interne ainsi que les régimes en place et les gouvernants dressent un écran de fumée sur le vrai bilan des personnes contaminées au nouveau coronavirus.

Au pays d’Omar al-Mokhtar (Libye), ce crypto-État divisé entre deux principaux belligérants — le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) à l’Ouest et les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar sous la bénédiction du Parlement de Tobrouk — communique sous le slogan « R.A.S. » (RIEN À SIGNALER) !

Jusqu’à l’écriture de ces lignes, les autorités libyennes affirment qu’aucun cas de contamination n’a été recensé.

«Grâce à Dieu, nous n’avons enregistré aucun cas», confirme à l’AFP Badreddine al-Najjar, président du Centre national de lutte contre les maladies (Cnlm) chez nos confrères de l’AFP. «Le virus entoure la Libye de tous les côtés. (…) Il est nécessaire de surveiller ce danger transfrontalier», même si les déplacements vers et depuis la Libye sont limités, ajoute M. Najjar.

Aux dernières nouvelles, trois cas suspects ont été mis en quatorzaine et 7 cas suspects ont été testés négatifs. Trop peu pour une population de 6.754,507 millions de Libyens, selon le recensement de 2018.

Or, avec des unités hospitalières aux abois comme en témoigne le nombre des Libyens qui se soignent chaque année en Tunisie (une moyenne de 500 mille patients) et des données officielles peu fiables, le zéro cas de Covid-19 annoncé par les autorités du GNA est peu rassurant.

Certes, Tripoli n’écarte pas l’existence de cas isolés non contrôlés dans un pays en proie au chaos depuis des années. Mais doit-on craindre le pire avec un peuple libyen livré à lui-même entre l’enclume de la guerre et le marteau d’un système de santé rudimentaire?

D’ailleurs, qui dit la Libye, dit une société tribale où les mesures de quarantaine en cas de propagation du virus seraient difficiles à appliquer.

Si le gouvernement de Fayez al-Sarraj a fermé toutes les liaisons aériennes et terrestres avec la Tunisie et l’Algérie, rien ne pourra exclure une crise humanitaire sur les frontières de ces deux pays, notamment sur les 459 km avec la République tunisienne.

Parallèlement, au pays de l’Émir Abdelkader, la situation épidémiologique est passée avant-hier matin de 48 cas de coronavirus, dont 4 décès, à 54 confirmés, avec l’enregistrement de 6 nouveaux.

Et, selon plusieurs analystes, pour un pays affichant une forte démographie (41.657,488, selon les chiffres de 2018), il est préférable de prendre les chiffres officiels avec des pincettes.

Dans un pays où le pouvoir est sous la tutelle d’une junte militaire, la communication gouvernementale ne peut être que biaisée pour ne pas dire une communication de propagande totalitaire affichant le strict minimum.

En contrepartie, depuis plus d’un an, le « Hirak » (le Mouvement de contestation antigouvernement) continue de battre le pavé tous les vendredis et récemment chaque samedi. Or, ces foules de manifestants anti-establishment peuvent présenter un excellent vecteur de propagation du nouveau coronavirus.

D’ailleurs, les appels à la suspension du Mouvement ne cessent de se multiplier.  «Je veux dire à mes frères et sœurs du Hirak que nous ne sommes pas en quête d’une instrumentalisation politique à l’instar de certains. Toutefois, je leur dis, soyez vigilants car il y va de votre santé et de votre vie», souilgne le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, sans aller jusqu’à interdire les manifestations.

De son côté, dans un post Facebook, le célèbre écrivain Yasmina Khadra appelle le Hirak à observer une trêve. « Le Hirak doit observer une trêve. Il doit appeler les Algériens à ne pas prendre de risques inutiles aux conséquences dramatiques. Les marches hebdomadaires constitueraient des facteurs évidents de la propagation du coronavirus. Les rassemblements, de toutes natures, sont un véritable péril. Soyons raisonnables, soyons responsables et soyons solidaires pour empêcher la pandémie de s’attaquer à ce que nous avons de plus cher et de plus précieux : la santé de notre nation, la vie de chacun de nous. ».

Le romancier a également rappelé le manque de moyens sanitaires et le délabrement des infrastructures hospitalières. « Nous savons tous que nous manquons de moyens et de structures à même d’amoindrir le fléau. Nos compétences sont limitées, voire dérisoires, nos laboratoires sont insuffisants et ne sont pas tous équipés ni habilités, dans l’immédiat, à procéder aux tests de dépistage et autres tâches médicales en mesure d’identifier le coronavirus et préconiser les attitudes appropriées pour le combattre. ». Il a ajouté: « Je ne voudrais pas m’attarder sur la situation alarmante de nos infrastructures hospitalières ni sur l’obsolescence du matériel médical, pis, son déficit effarant, ni sur le personnel non préparé aux évacuations de masses».

Il est vrai que pour tenter d’endiguer la pandémie du nouveau coronavirus, le gouvernement algérien a annoncé, hier, la suspension de ses liaisons avec l’ensemble des pays européens et l’arrêt des vols —  également à compter de jeudi —, avec six capitales africaines (Abidjan, Bamako, Dakar, Niamey, Nouakchott et Ouagadougou). Mais, cette «suspension exceptionnelle» accompagnée par un dispositif de rapatriement des citoyens voyageant actuellement en Algérie et en France, à partir d’aujourd’hui, ne suffit pas pour enrayer une épidémie aux contours flous dans les contrées algériennes.

Enfin, au pays de Saad Zaghloul, c’est le même cas de figure que chez nos voisins de l’Ouest.

Le pays des Pharaons est probablement confronté à un taux plus élevé de contaminations au coronavirus que les 126 cas déclarés par les autorités égyptiennes, selon des études effectuées par des spécialistes des maladies infectieuses de l’Université de Toronto (Canada) et relayées par le quotidien britannique The Guardian.

Les chercheurs canadiens croient que l’Égypte, qui vient de franchir le cap des 100 millions d’habitants, est susceptible de sous-déclarer les cas en raison du nombre croissant d’infections parmi les touristes.

Au moins 97 ressortissants étrangers qui ont visité l’Égypte depuis la mi-février ont montré des symptômes ou ont été testés positifs au nouveau coronavirus après être rentrés chez eux, a rapporté The Guardian, citant des données de santé publique.

Ces spécialistes des maladies infectieuses ont étudié la disparité entre les taux d’infection officiels et probables dans plusieurs pays affectés par le virus. Ex: l’Iran. Et, ils ont pu dresser un tableau sombre de la propagation possible du virus en Égypte.

« Nous avons estimé la taille de l’épidémie à 19.310 cas en Égypte», ont-ils déclaré, en utilisant un mélange de données de vol, de voyageurs et de taux d’infection. «L’Égypte a probablement un lourd fardeau de cas Covid-19 non déclarés.»

Les scientifiques ont utilisé les données du début mars, lorsque l’Égypte comptait officiellement trois cas de virus, ce qui signifie que le bilan actuel est probablement plus élevé.

Manifestement, à travers les chiffres fumeux de ces trois méga-bombes à retardement, un risque sanitaire majeur pourrait plonger la rive sud de la Méditerranée dans un chaos sans précédent. Croisons les doigts.

4 Commentaires

  1. hippone

    17/03/2020 à 14:46

    L’information en Algérie est fiable et la presse est libre. Il est plutôt étonnant qu’en Tunisie, pays où les touristes européens et italiens viennent en grand nombre, il y ait si peu de cas! Même chose au Maroc, ou selon certains, le nombre de malades atteint dépasse allègrement la centaine! Alors occupez vous de vos malades et cesser de cracher votre venin tunisien sur mon pays. Et aussi pensez à rapatriez les centaines de milliers de tunisiens qui travaillent en Algérie et au noir!!

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  2. Benzekri

    17/03/2020 à 16:03

    Aucun pays du monde ne communique le nombre reel des contaminés et à forcerie la Tunisie le maroc et pas que l’Algérie ou la lybie

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  3. massinissa

    17/03/2020 à 18:57

    Continuer donc de baver votre haine de l’Algerie. Mais expliquer, comment avec un nombre de touristes italiens et français aussi important vous n’avez qu’une trentaine de cas seulement ? La Tunisie comme le Maroc. Parce que votre système de santé réservé aux riches est peu performant et pour préserver votre saison touristique ? Bref. Faites un plan aussi pour rapatrier les centaines de milliers de travailleurs tunisiens clandestins d’Algerie.

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  4. jamal

    18/03/2020 à 17:20

    au contraire ce sont la tunisie et le maroc qui ont tendnce a minimiser les chiffres pour minimiser les degats sur le tourisme , en quoi l’algerie et le pouvoir algerien a a a perdre en ou a agagner en cachant les vrais chiffres , rien , au contraire c’est l’alarmisme qui l’arrangerai plus selon ta theorie ; l’algerie n’est pas dependante du tourisme , donc arreter le flux de deplacement n’est pas un souci pour elle , ce qui inquiete les autorités e, algerie actuellement c’est l’effondrement des prix du petrole ; pas le corona ,

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