Arrêt du championnat national : Trop tard !

Devant l’insouciance et l’indifférence (voire l’arrogance) du bureau fédéral, le ministère (et derrière lui le gouvernement) ont pris enfin la décision d’arrêter le championnat. Trop tard à notre avis sans rentrer dans une sphère de peur ou de hantise.

Trop tard parce que les bonnes décisions quand elles sont prises tard (au mauvais timing) ne valent pas, en termes d’efficacité et de pertinence, autant que quand c’est pris à temps. C’est le cas du sport tunisien tous sports confondus où l’on a joué des matches et des matches tous sports confondus, au moment où le coronavirus battait son plein près de chez nous. On s’est permis de remplir le stade de Radès avec 50.000 supporteurs, sans compter les forces de l’ordre pour un fameux EST-Ezzamalek, et avec, le lendemain, près de 30.000 supporters étoilés sans compter les forces de l’ordre. Et si le nombre de cas réels et à dépister va augmenter, c’est en grande partie à cause de ces deux matches témoignant de la fragilité de l’Etat. On a mis en risque 50.000 personnes et le lendemain 30.000 pour deux matches de football. Ce n’est pas tout, quelques supporteurs qui ont assisté aux matches aller en Egypte sont en isolement. Qui en assume la responsabilité ? A notre avis, le gouvernement  et le ministère des Sports qui se sont fait très petits devant les clubs et la FTF. On a joué aussi des matches de coupe où le public était présent (seizième de finale), et puis on a joué les huitièmes de finale sous un huis clos très «soft» (on pouvait dénombrer au moins 100 personnes). Pour ceux qui nous diront que l’état de ce virus en notre pays n’est pas si inquiétant, à ces gens-là qui manquent de bons sens, on dira que nous n’avons pas les moyens logistiques pour gérer une généralisation des cas seulement. Les pays européens qui ont continué à jouer avec le public l’ont regretté plus tard malgré les moyens impressionnants qu’ils ont. On devait arrêter toutes les compétitions sportives depuis plus de deux semaines, au moment même où il y avait un ou deux cas seulement. Deux ou trois semaines de repos auraient pu, en parallèle à d’autres mesures interdisant les événements peuplés, nous éviter le pire.

Et venons-en alors à cette assemblée générale élective de la FTF. Le bon sens aurait voulu que ce soit reporté, ce n’était pas urgent (et ce vide dont on parlait n’a rien de fondé).

Imaginez plus de 200 personnes si ce n’est plus, présentes qui se sont serré les mains (et une partie d’elles qui se sont enlacées), qui ont respiré dans un même endroit pendant des heures. C’est quoi toute cette insouciance de la santé et de la vie des gens? Le sport n’est pas, dans son essence, une activité nuisible au bien-être des gens. Dans le cas tunisien, le sport, à la lumière de ce qu’on a vu lors de la crise du coronavirus, est devenu un cas de désobéissance, associée à une fragilité de l’Etat. Résultat, on a pris un risque disproportionné dont seul Dieu en connaît les conséquences. Cette rupture des activités sportives est venue très tard, ça va être juste pour limiter les dégâts. Et encore une fois, ces dirigeants imbus d’eux-mêmes, égoïstes et arrogants (voire mafieux) ont imposé leur mot, et quand les choses commencent à virer un peu au rouge, ils s’alignent à ce que l’Etat et l’intérêt général exigent dans ce genre de situations.

Pauvre sport vraiment !

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