«Corona Tunisie»: Le flou… encore du flou


Une à deux semaines que la Tunisie est éveillée au danger du coronavirus. Eveillée, mais reconnaissons, insuffisamment convaincue. Par on ne sait quelle logique, se prêtant à l’hésitation, s’accommodant de la demi-mesure, se complaisant presque dans le flou.


Ce qui arrive est simple pourtant. «Il y a pandémie, a annoncé l’OMS. Avec la grippe espagnole de 1918, la plus grave de l’époque moderne. La plus mortelle. En Chine, ou le mal s’est déclaré, les atteintes se sont comptées par centaines de mille, mais la prise de conscience a vite et bien opéré. En Europe, après quelques malheureuses négligences, les Etats ont positivement «sévi». Les frontières sont sous contrôle. Les déplacements et les transports réduits. Les proximités limitées. On va à l’essentiel : on cible la contagion, la seule et unique contagion. Et on ne s’encombre pas du coût. Moins on se contamine, plus on se rattrape, santé et économie sont liées.

Le bon exemple est là, devant nous. Probablement la solution. Que n’y vient-on, pas tout à fait, ici ?

Moults argumentaires.

Invoqués, d’abord, «les stades de l’épidémie». Faux : la courbe est la même pour tout le monde. D’abord, lente et progressive, puis exponentielle. D’être au premier ou au second stade n’exclut jamais du troisième. Les mesures de prévention doivent être totales, d’emblée. On ne procède pas par étapes dans le traitement des crises pandémiques. On n’anticipe pas. On est ou en retard ou à temps. On perd à l’attente, à la demi-mesure. On perd inévitablement au «flou». Exemples de la séance unique, des cafés et des restaurants ouverts de six à seize heures, du couvre-feu de six à six. Que veut dire? Que le virus ne circule que hors ces «délais»? Le résultat ne fait pas l’ombre d’un doute : au final, mêmes chiffres, on aura protégé des victimes pour rien.

Les décideurs ne le disent pas, mais ils se référeraient, aussi, à l’absence de moyens. Aux contraintes de l’économie.  Le silence des décideurs explique d’abord tout. Ces moyens n’existant pas, on se contente de décréter les interdits. Les bons interdits peut-être, mais sans aucune alternative pour tous ceux qui en subissent les effets. Les petites et moyennes entreprises, et/ou les travailleurs à la journée. Lundi, lors de sa seconde intervention télévisée, le chef du gouvernement a laissé entendre que «cela est en cours». Pas plus : encore du flou !

On invoque, surtout, l’indiscipline des citoyens. Vrai, mais facile à dire. Comme les Italiens et les Français, au tout début, nos compatriotes se sont montrés légers, insouciants. Ne suivant pas toujours les consignes sanitaires, s’adonnant aux attroupements, fréquentant les cafés à l’abus. La différence, néanmoins, est que les Italiens et les Français sont soumis au confinement total, depuis, alors qu’aucun texte n’y oblige encore les Tunisiens. L’incivisme pointe toujours en l’absence des lois. La faute en incombe davantage aux autorités. Autre particularité tunisienne. Autre flou.  Le moment le permet encore, reprenons-nous. Dieu protège ce pays.

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