Report des Jeux olympiques de Tokyo: Effondrement d’un modèle

Le sport business, comme modèle rentable, n’a pas su développer des assises qui lui permettent  le risque.

En matière de gestion de risque, le CIO , ainsi que les plus grandes structures sportives au monde, n’a pas cherché à se compliquer la vie. Après deux semaines de tentatives de sauver les délais et l’événement gigantesque, le CIO , sur demande du gouvernement japonais, a plié et a reporté d’un an les JO. Nouvelle attendue, mais si lourde en conséquences sportives et surtout économiques. Cet événement est une boite très juteuse avec des engagements financiers très lourds et des revenus importants injectés dans le circuit du sport. Pas de revenus, pas de retour financier, on devra attendre encore un an.

Le report des JO est un énorme coup financier pour un événement dont le budget de fonctionnement est estimé à plus de 10 milliards de dollars ! Un autre chiffre non du moins important : la prime d’assurance payée par le comité d’organisation pour assurer l’événement contre un report à cause d’une force majeure est presque de 380 millions de dollars !

Cela permet au comité organisateur d’atténuer les pertes et le manque à gagner dus au report forcé. Même si les partenaires ne seront pas complètement perdants, les mêmes contrats vont être préservés, mais avec un an de plus. Sauf que ces grands parrains sponsors vont être obligés de renégocier les montants à payer avec une conjoncture de récession et des difficultés financières qui vont apparaître sensiblement après le retour à l’activité normale. La santé des gens prime avant tout, on est d’accord, mais les pertes et le manque à gagner sont considérables. Il a suffi d’un virus inconnu pour un tsunami d’annulations et de reports et pour causer des pertes à tous les clubs et les organisations sportives .

Tout le monde a perdu en termes de billetterie et de visibilité : nous sommes devant l’effondrement d’un modèle de sport business basé sur la mercantilisation des événements sportifs. Tout est payant, et si cher aussi. Les JO sont difficiles à gérer, et seules les puissances mondiales qui ont les moyens larges y parviennent à gagner. Tout est payant, et heureusement que le CIO, contrairement aux autres structures sportives, n’est pas une entité à but lucratif. Mais cette fois, la sphère du sport amateur va être si touchée par le report de l’événement olympique.

C’est qu’une partie ( pas négligeable) des revenus dégagés sert à financer le sport amateur dans le monde. Dans quelques mois, ce sport amateur ne trouvera pas de quoi développer ses activités. La leçon à tirer de ce qui se passe dans le sport international est que les outils de la gestion du risque doivent être plus développés. Tout a été mis K.O. à cause d’un virus.

On s’est trop identifié à l’aspect économique du sport, en oubliant de mettre le paquet sur des produits ou des idées pour gérer des accidents pareils. On ne parle pas uniquement de la politique d’assurance, mais aussi de la politique sportive. Il est temps de revenir un peu à un modèle de sport amateur qui rationalise l’inflation et l’accroissement fou des montants qui circulent. Un moindre risque ou aléa, comme le coronavirus, met à genoux tout un modèle qui a besoin d’être revu, corrigé et surtout mis au crible. La professionnalisation du sport a beaucoup donnée, mais elle a aussi dénaturé le sport et l’a porté trop vers la dimension financière, qui reste, néanmoins, très utile pour créer des richesses.

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