Premier gardien de but de l’Espérance de Tunis depuis 2010, il n’arrive toujours pas malgré ses 262 matches à s’imposer en équipe nationale.
Son gabarit, c’est son handicap majeur. Moez Ben Chérifia mesure, certes, 1m,85, mais dans le monde des gardiens de but, c’est une taille particulièrement moyenne. S’il avait un gabarit plus impressionnant et s’il avait été moins hésitant sur certaines actions où il a par moments tendance à rester figé sur sa ligne, Moez Ben Chérifia aurait été le digne héritier de Chokri El Ouaer.
A 28 ans, Ben Chérifia a déjà une longue et honnête carrière derrière lui. Il fut formé par Jean-Jacques Tizié qu’il le lança dans le bain des pros en 2010 et l’accompagna jusqu’à ce qu’il quitte le club en novembre 2017 (remercié à l’époque dans le cadre du remue-ménage qui a suivi l’élimination de l’EST par Al-Ahly du Caire en quarts de finale de la Ligue des champions).
Détrôné par Jemal puis par Jéridi
Tout comme son entraîneur, Moez Ben Chérifia paye cher les frais de l’élimination de l’EST en quarts de finale de la Champions League en 2017 (l’action du but d’égalisation de Maâloul où il ne coupe pas la trajectoire de balle). Il est détrôné par Ali Jemal quatre mois durant avant qu’il ne retrouve son rang de premier gardien sous la houlette de Mondher Kebaïer.
En juin 2018, Rami Jéridi retrouve le Parc B 11 ans après l’avoir quitté. Tout comme Moez Ben Chérifia, Rami Jéridi est aussi un enfant du club et s’il était de retour au Parc B, ce n’était pas pour faire de la figuration, mais pour s’imposer comme premier gardien de l’équipe.
Rami Jéridi a réussi à détrôner Ben Chérifia durant une petite période. Pendant un certain temps, Moez Ben Chérifia et Rami Jéridi restaient en concurrence rude pour le poste de premier gardien de but jusqu’à ce que le protégé de Jean-Jacques Tizié ne se mette en évidence en finale de la Ligue des champions en 2018 contre Al-Ahly du Caire. Un an après, Moez Ben Chérifia a su prendre sa revanche sur l’histoire et sur… Al-Ahly du Caire.
Mouine Chaâbani mit alors un certain temps avant de se décider finalement après le Mondial des clubs de 2018 aux Emirats arabes unis. L’entraîneur «sang et or» décerne le rang de premier gardien à Moez Ben Chérifia, même si Rami Jéridi reste toujours à la quête de la moindre occasion pour détrôner Ben Chérifia. Ce qui manque à Rami Jéridi, ce n’est pas le gabarit, mais la personnalité (pas suffisamment forte dans les moments difficiles). Il lui a manqué ce petit quelque chose pour s’affirmer pleinement devant sa cage lors des matches chocs. Une qualité qui se trouve chez Moez Ben Chérifia, même s’il continue à faire parfois des erreurs anodines.
Sélection : l’éternel remplaçant…
En équipe de Tunisie, Moez Ben Chérifia n’a jamais été chanceux. Pourtant, il a débuté tôt sa carrière internationale en équipe de Tunisie U20, lors de la saison 2009/2010. Concurrencé par Aymen Mathlouthi, le portier «sang et or» n’a jamais pu s’imposer en équipe nationale. Puis, il y a eu les arrivées de Farouk Ben Mustapha et Moez Hassen. Ce dernier a débarqué la veille de la Coupe du monde 2018.
Au Mondial russe, Moez Ben Chérifia s’est contenté encore une fois du rôle du figurant. Moez Hassen a débuté le match contre l’Angleterre, remplacé par Farouk Ben Mustapha qui a gardé les bois contre la Belgique, alors qu’Aymen Mathlouthi a été aligné face au Panama.
Bref, Moez Ben Chérifia vit un paradoxe depuis toujours : heureux en club, malheureux en sélection. Pourtant, il a une grande expérience en Afrique avec son club et compte 262 matches dans les jambes. Mais ça ne lui a pas suffi pour jouer les premiers rôles en équipe nationale, même lors des éliminatoires ou durant la phase finale de la CAN.