Commentaire │ « Opération Covid » : des failles…et des flous

Quelques éléments poussent à croire, aujourd’hui, que la stratégie tunisienne contre le coronavirus est sur la bonne voie.

-Les résultats des tests, d’abord. Certes pas généralisés, procédant par simples «échantillonnages», mais, scientifiquement, admettons, assez représentatifs de la courbe réelle d’une épidémie maintenue à niveau modéré .

-Le nombre de décès, ensuite. A ce jour, et en comparaison des hécatombes d’Europe et d’Amérique, demeure incontestablement réduit.

-L’encadrement médical, enfin. Vite à la tâche, volontaire, énergique et compétent. Notre médecine est appréciée et prisée de par le monde. Mais sa principale qualité, de loin la plus reconnue à l’occasion de cette crise, fut son anticipation. Exactement au tempo de la pandémie. Prête au « combat » depuis Wuhan, dans le juste tempo par la suite, dominant même les « expériences » française, italienne, américaine et autres du nord développé.

Pour autant, a-t-on franchi tous les écueils ? Peut- on crier victoire ? Sommes-nous, vraiment, hors d’atteinte ?

A tout considérer, non. Plutôt non.

Première faille, d’emblée. Nos gouvernants, comme la plupart des dirigeants du monde, ont suivi aveuglément l’avis des experts, comparant le Covid-19 à une simple grippe ne présentant de vrais dangers que pour 5 à 15% des plus de 60 ans et/ou souffrant de maladies chroniques.

« L’option » a échoué sur toute la ligne comme beaucoup le découvrent, maintenant.

D’abord  parce que, petit à petit, le virus s’est avéré également redoutable pour des plus jeunes comme pour des mieux portants.

Ensuite, et surtout, parce que ni mesure spéciale ni numéro vert particulier n’ont jamais été réservés aux plus fragiles et aux plus âgés. Ceux-là, au contraire, ont été livrés au hasard des urgences. Partant, à l’extrême aléa des soins et aux tristes épilogues que l’on sait.

Seconde faille possible : le choix précipité du confinement. En tant que tel, du strict point de vue pandémique, le confinement individuel, partiel, et plus encore, total, est sûrement bénéfique. Reste le hic, son hic : les pertes incommensurables pour l’économie. En France, en Italie, en Grande-Bretagne et en Espagne, les négligences sanitaires des débuts n’ont pas laissé d’alternative. Les vagues de contaminations étaient telles qu’il a fallu opter pour la seule et unique solution : préserver les vies.

En Tunisie, la situation était tout autre.

Autrement impliquée en termes statistiques. Courbe non ascendante, nettement moins de cas testés et nettement moins de décès enregistrés. Des difficultés économiques graves, et qui plus est du chômage et de l’extrême pauvreté. Par quoi, dès lors, compenser le confinement de tout un pays ?

Résultat : à peine 24 heures, et des protestations, des attroupements et des « violations » en série. Entre le pain et la santé, le bon peuple n’a pas hésité, il a choisi le pain.

Résultat encore : le gouvernement donne le sentiment de vouloir se rétracter. Il parle de masque obligatoire à présent. Ce n’était nullement ce qu’il recommandait au commencement et au milieu de la crise. Il le réfutait même  jusqu’à la veille. L’explication scientifique ne convainc pas tout à fait. Ce « virus qui flotte (soudainement) au-dessus de nos têtes» tombe comme par magie.

Il surgit plutôt pour justifier le brusque retour  à la normale. Au boulot tous, de nouveau, mais autrement « accoutrés », autrement « protégés ».

Autre faille peut-être. Le flou. Encore des flous.

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