Ils ont dit

Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international

«Le conseil d’administration du FMI a approuvé un allégement immédiat du service de la dette pour 25 de ses pays membres au titre du fonds fiduciaire réaménagé d’assistance et de riposte aux catastrophes (fonds fiduciaire ARC). Cette initiative entre dans le cadre des mesures du FMI pour aider ses pays membres à faire face aux conséquences de la pandémie du Covid-19. Nos pays membres les plus pauvres et les plus vulnérables recevront ainsi des dons qui couvriront leurs obligations envers le FMI pour une phase initiale de six mois, ce qui leur permettra de consacrer une plus grande partie de leurs faibles ressources financières aux soins médicaux et autres efforts de secours d’urgence vitale. Le fonds fiduciaire ARC peut actuellement fournir un allégement du service de la dette sous forme de dons à hauteur d’environ 500 millions de dollars, y compris les 185 millions de dollars promis récemment par le Royaume-Uni et les 100 millions de dollars fournis par le Japon comme ressources immédiatement disponibles. D’autres pays, parmi lesquels la Chine et les Pays-Bas, s’apprêtent également à apporter des contributions importantes. J’engage d’autres donateurs à nous aider à reconstituer les ressources du fonds fiduciaire et à renforcer davantage notre capacité à offrir à nos pays membres les plus pauvres un allégement supplémentaire du service de la dette pendant pas moins de deux ans».

Habib Karaouli, économiste et vice-président du Club des dirigeants de banques et établissements de crédits africains

«J’estime que l’annulation de la dette n’est pas la meilleure des solutions et il ne faut y avoir recours que dans des cas extrêmes. Il faut se rappeler des multiples programmes d’aide aux pays africains très pauvres, depuis les années 90, et qui ont permis à plusieurs pays d’en profiter, comme la République du Congo. Mais quelques années plus tard, ces pays se sont retrouvés dans la même configuration d’endettement. Il faut compter sur soi et mettre en place un modèle économique solide et robuste. La France comme les institutions multipartites ou les créanciers de manière générale ont compris que la situation en Afrique, plus précisément dans les 76 pays fixés par le G20, nécessite une intervention urgente. En effet, il y a une menace directe au niveau de la sécurité nationale et de la stabilité pouvant engendrer une grande vague d’immigration vers le Nord. Pour avoir une idée, le volume d’endettement au niveau de toute l’Afrique est de 350 milliards de dollars jusqu’à 2018, ce qui constitue 60% du PIB. Pour comparer, la moyenne d’endettement par habitant est de 1.060 dollars contre 2.600 dollars en Tunisie. Cela dit, depuis une dizaine d’années, on constate l’entrée en force de la Chine. Elle détient 40% de la totalité de la dette en Afrique, soit 145 milliards de dollars. Il en ressort que la Chine à un rôle central dans le traitement de l’endettement en Afrique. Selon des déclarations de hauts responsables chinois, la Chine est disposée à revoir cette dette ou à l’alléger. Si l’annulation de la dette ne soit pas la meilleure des solutions, il serait mieux de mettre en place des modèles de développement performants, comme l’amélioration de la gouvernance, une plus grande attention aux plus démunis, l’impulsion de l’investissement… La situation actuelle requiert une intervention exceptionnelle».

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