Contrepoint: On a du mal à changer…

Côté «bon usage du confinement», on incite donc à réfléchir sur l’avant et l’après-corona.

Beau sujet mais sur lequel il y a unanimité. Un peu trop, croyons-nous.

L’unanimisme dérange, ici, en ce que subitement, élite pensante et peuple lambda, nantis et démunis, gouvernants et citoyens, n’envisageraient plus de futur que «sous le prisme du bien général». L’idée est simple, simpliste. Le monde vaquait, à ce jour, à son productivisme, à son individualisme, fous, à sa quête sauvage du profit, à ses monopoles de richesses, à ses inégalités insensées. Le Covid-19, en deux, trois petits mois de pandémie, est venu comme ramener l’humanité entière à la raison. Rien moins que nous obliger tous, qui que nous soyons, qui que nous étions, qui que nous fûmes tirer un trait sur le même «passé coupable» et ne plus retenir que la même et unique «leçon de vertu».

Les experts, économistes, politologues et sociologues étonnent, du reste, en ne parlant presque plus de prévisions, mais de certitudes. Pour eux, l’ère du capitalisme est révolu, tandis que (conséquence du corona), les vieilles théories socialistes et humanistes de Marx, Engels et Proudhon vont ressurgir plus valides et plus nécessaires que jamais.

D’aucuns évoquent déjà les «nouveaux ministères de souveraineté. Santé, Education, Culture, désormais» loin devant les budgets de la défense nationale et de l’armement.

D’autres annoncent jusqu’au retour (définitif) de l’Etat providence, jusqu’au rétablissement des «Etats nations».

Un paradis sur terre serait, donc, cet après-corona. Mais on insiste : sur la base de quoi ? A vrai dire (expertise ou non) sur des prédications, des supputations. L’exagération est évidente. D’autres spécialistes le démontrent. Les historiens, par exemple, qui rappellent, simplement, que l’humanité n’est pas devenue meilleure, au contraire, après pires catastrophes, pires pandémies. Les psychologues et les psychanalystes y rajoutent et confirment, eux, en soulignant «la persistance et la répétitivité des travers humains».

L’observation modeste dément, aussi. Bien plus souvent qu’on ne pense. Deux exemples. Et pas les seuls.

Un : le gouvernement a bien formulé en début de crise l’absolue priorité de la santé sur l’économie. S’y maintient-il encore ? A peine, reconnaissons. Il se profile le même économisme, le même productivisme, la même obsession du profit, demain.

Deux : ce retour, «préconisé», aux tournages des feuilletons du ramadan. Qui a d’abord fait tollé, pour se faire, discret, à présent. Les conséquences en sont pourtant graves et prévisibles. Pour tous et partout. Il n’importe, semble-t-il. Chiraz Laâtiri a justifié «sous condition d’un cahier des charges à restrictions sanitaires absolues». Oui, mais sur le terrain, au concret, dans la «cohue» des plateaux, comment ? Le plus probable est qu’il y a eu pressions. Les «mauvaises langues» pointent les publicitaires et les grands commerces alimentaires qui «zyeutent vers le mois saint». De même que les télés privées. A El Hiwar en deux soirées de suite, on a eu le discours et son contraire. D’abord la condamnation de ceux qui ne respectent pas le confinement. Et le lendemain, un coup de gueule échaudé à l’encontre de tous ceux qui condamnent la reprise des tournages ( !?!).

Affaires de gain et d’ego. Visiblement, on a du mal à changer.

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