Ras Jedir- Après le passage forcé de Tunisiens bloqués en Libye: Faille sécuritaire ou mauvaise gestion humanitaire ?

L’attente a trop duré. Les nerfs à vif, des centaines de Tunisiens bloqués à la frontière tuniso-libyenne depuis plusieurs jours ont fini par forcer le passage grâce à la complicité des autorités libyennes qui ont laissé faire et sous les yeux des forces de sécurité nationales, visiblement prises de court face à cette déferlante humaine. Des tentatives similaires ont pourtant eu lieu auparavant mais sans succès.

Dans un premier temps, les autorités ont nié « l’usage de la force » de la part des Tunisiens pour entrer sur le territoire national via le poste de Ras Jedir, affirmant que « 652 Tunisiens ont été accueillis au niveau de ce poste frontalier et qu’ils ont effectué toutes les procédures douanières après avoir subi un contrôle sanitaire. Ils seront ensuite orientés vers les aires d’isolement sanitaire aménagées à cet effet ». Il est évident que ce communiqué est une manière de lisser la crise et d’éviter l’affront que les forces en poste à Ras Jedir ont dû essuyer par la force des choses.

Pourtant, la situation en Libye, où l’intensité des combats et le risque de contamination par l’épidémie ont acculé des milliers de Tunisiens à prendre le chemin du retour, était sur la table des responsables depuis des semaines.

D’ailleurs, abordant, dans une interview donnée dimanche 19 avril à deux chaînes télé locales, la question du rapatriement des Tunisiens bloqués à l’étranger, le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a annoncé que la Tunisie a rapatrié, depuis le début de la crise, 18 mille personnes, dont notamment huit mille qui étaient bloquées dans plusieurs pays. «En Libye, c’est plus compliqué vu la situation sécuritaire, mais chaque semaine, nous allons rapatrier 200 Tunisiens à partir de ce pays», a-t-il ajouté, rappelant que tous les Tunisiens rapatriés seront placés en quarantaine obligatoire.

Mais la situation était déjà intenable pour ces Tunisiens bloqués sur un terrain où la guerre se joue à géométrie variable, évoluant au gré des jours au profit de telle ou telle partie. Sans compter que le poste frontalier tuniso-libyen est l’objet de convoitise entre les belligérants. C’était aussi sans compter avec l’approche imminente du mois de Ramadan et l’envie de ces Tunisiens de rejoindre leurs familles en ce mois saint. Il est évident qu’ils ont fait le compte et qu’avec un rapatriement à raison de 200 personnes par semaine, il faudrait plus de dix semaines avant d’évacuer  tout le monde ou presque.

Tous ces facteurs combinés auraient dû focaliser l’attention des autorités sur l’urgence à traiter ce dossier. Mais le gouvernement a buté sur la question de la gestion sanitaire d’un flux aussi important dans une région dépourvue de structures d’accueil pour le confinement. C’était l’écueil sur lequel les autorités locales se sont brisé les dents. Puisque la seule solution à portée de main était cet intervalle temporel d’une semaine pour chaque groupe.

C’était bien sûr sans compter avec la désobéissance de ces centaines de Tunisiens dont les rangs se gonflaient chaque jour à vue d’œil. Faille sécuritaire ou mauvaise stratégie de gestion sanitaire ? La question n’est plus à ce niveau, puisqu’ils sont déjà là. Et cela est un fait. Certes, les unités sécuritaires ont repris les choses en main et ces personnes ont été réparties en groupes selon leurs gouvernorats d’origine après avoir été soumises aux contrôles policiers et douaniers, en attendant leur acheminement vers leurs régions respectives. Mais aussi, regardons les choses en face. La galère est maintenant double. Surtout que l’on sait que plusieurs prisons libyennes avaient été vidées de leurs occupants. Des renforts ont été dépêchés pour maîtriser la situation et éviter que d’éventuels éléments dangereux ne s’infiltrent dans la foule.

Sur le plan sanitaire, il y a un fort risque de voir des personnes porteuses du virus parmi les revenants. 

Un commentaire

  1. omar bouhadi

    21/04/2020 à 09:30

    Bravo! On a laisse entrer 652 terrorists d’un coup. Covid est le dernier de nos soucis dans ce cas, et la menace securitaire est bien plus grande.
    inconscience et incompetence d’un etat en decomposition. Entretemps, le PM cherche des masques lavables.

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