Les effets du coronavirus sur le secteur de l’automobile: Une crise foudroyante !


Suite à la crise sanitaire du coronavirus, plusieurs secteurs sont sinistrés comme celui de l’automobile. Les achats ont connu au cours de cette période une chute libre nullement envisagée, quelques mois plus tôt, par les concessionnaires.


Le secteur de l’automobile contribue largement à la consolidation des recettes de l’Etat vu les impôts perçus lors de l’acquisition d’un véhicule. Malgré la révision à la hausse de ces impôts, les acheteurs ont toujours acquis des véhicules utilitaires pour effectuer des activités économiques ou particulières pour leurs  besoins personnels. Cependant, la crise sanitaire du coronavirus a changé la donne dans la mesure où le marché a connu une stagnation inquiétante. Et dire que le secteur fait travailler des milliers de personnes d’une façon directe ou indirecte.

Même si les unités de production tunisienne sont spécialisées essentiellement dans le montage et l’assemblage, le secteur de l’automobile a des effets d’entraînement sur plusieurs autres secteurs dont les vendeurs de pièces de rechange, les mécaniciens, les électriciens, les tôliers et diagnosticiens, les assurances, les banques et leasing pour le financement, la visite technique, la publicité, etc. C’est aussi une importante source de revenu pour les caisses de l’Etat avec les divers impôts et taxes.

28.000 emplois directs

Donc si le secteur de l’automobile passe par des difficultés, c’est tous les autres secteurs concernés qui en souffrent. D’où la nécessité de prendre les mesures nécessaires en vu de stimuler le marché et de créer une dynamique au niveau des importations et de l’achat des véhicules. A noter que la distribution automobile agréée représente plus de 28.000 emplois directs. En 2018, elle a généré 3,5 milliards de dinars de revenus et 2,2 milliards de dinars de contribution fiscale directe et indirecte. Il n’est pas normal ni accepté de sacrifier ces milliers d’emplois en optant, par exemple, pour le chômage technique pour cause de manque d’activité.

Pourtant, les concessionnaires sont considérés et classés comme de grands entrepreneurs qui ont leur importance dans l’économie nationale.

Entre le 19 mars et le 25 avril 2020 (soit 37 jours), seulement 119 véhicules ont été immatriculés. Le secteur est pratiquement à l’arrêt, hormis certaines concessions tournant à effectif réduit. Une situation exceptionnelle qui a entraîné plusieurs difficultés. Le trafic des marchandises au niveau international a connu, en outre, une stagnation dans le cadre du confinement total appliqué par plus d’un pays. Le pouvoir d’achat des citoyens est également touché dans cette crise vu qu’ils ne peuvent plus acheter de voitures, faute de moyens financiers disponibles.

Circulation au point mort !

Certains concessionnaires pensent que la période de confinement commence à peser lourd sur le secteur dont l’avenir est menacé dans la mesure où 90% de leurs revenus provient de l’activité de vente de véhicules neufs. En plus, les utilisateurs n’ont pas toute la liberté de circuler et ils doivent avoir une autorisation à cet effet. Il faut du temps pour que le secteur retrouve son dynamisme, soit quelques mois après le coronavirus qui a mis l’économie nationale et internationale dans un état désastreux.

En tout cas, les concessionnaires espèrent rependre leurs activités à la première phase de déconfinement le 4 mai prochain si la période n’est pas encore une fois prolongée au vu des résultats sanitaires enregistrés. Il semble que la faillite menace la plupart d’entre eux à cause d’importants frais financiers engendrés par un stock immobilisé, c’est-à-dire qui n’est pas vendu depuis quelque temps. Réduire le taux d’impôts à l’achat des véhicules serait sans doute une solution judicieuse pour inciter les citoyens, professionnels et particuliers, à acheter des voitures et à résoudre les problèmes vécus par les concessionnaires.

D’autant plus que cette situation menace les dizaines de milliers d’emploi liés au secteur dont les frais bancaires s’élèvent à environ 2 millions de dinars (MD) par mois justement à cause du stock de véhicules invendus. Le manque à gagner des placements se situe environ à la même hauteur. Les deux mois de confinement vont leur coûter dans les 8 MD de pertes.

Autre difficulté signalée depuis le confinement, les concessionnaires ont des difficultés à dédouaner les voitures importées qui se trouvent aux ports de La Goulette et de Radès et sont obligés de payer des surestaries de 900 dinars par jour par conteneur. Etant encombrés, les ports n’acceptent plus de nouvelles marchandises. Or, les commandes d’avril et de mai sont en route. Les concessionnaires ont annulé celles de juin et des mois à venir, mais n’ont rien pu faire pour celle-ci étant déjà au stade de production au moment de l’aggravation de la crise.

A noter que 3.000 véhicules sont en route, selon l’Office de la marine marchande et des ports (Ommp). Vu que nos ports ne peuvent pas les accueillir, ils seront acheminés vers des ports européens où ils devront payer des surestaries d’au moins 20 euros par jour et par véhicule. Autant dire que la situation est compliquée et nécessite certainement l’intervention des pouvoirs publics et des structures d’appui pour dépasser ces obstacles qui ont mis à rude épreuve un secteur dans une situation précaire.

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