Tourisme a l’ère du coronavirus: Le secteur retient son souffle

Mise sous cloche depuis environ un mois et demi, la Tunisie va entamer avec prudence son déconfinement. Une mesure qui laisse entrevoir une lueur d’espoir pour les acteurs du tourisme tunisien qui tablent, à l’heure actuelle, sur le tourisme local pour faire redémarrer le secteur.

Il est évident que le secteur du tourisme soit le premier secteur à être laminé par la crise du coronavirus. Il est aussi, probable qu’il soit le dernier à entamer son déconfinement. Malgré la résilience dont il a fait preuve à maintes reprises, le tourisme tunisien est, désormais, confronté à une situation sans précédent, où la crise du coronavirus peut porter un coup de grâce à une pléthore d’entreprises, désormais fragilisées depuis 2011.

Restrictions sur 100% des destinations mondiales

Après des crises successivement vécues par le secteur, en l’occurrence les attaques terroristes perpétrées depuis 2011, c’est la résilience du tourisme tunisien qui est mise à rude épreuve. Selon les données officielles, le manque à gagner en termes de recettes touristiques est estimé à 6 milliards de dinars en 2020. Ce chiffre peut partir à la hausse si l’on n’arrive pas à enrayer la propagation du virus dans le monde. L’évolution de la situation épidémiologique en Tunisie et à travers le monde demeure la question la plus inquiétante qui taraude les acteurs du tourisme tunisien.

Va-t-on ouvrir les frontières? Y aura-t-il une deuxième vague de l’épidémie ?

En tout cas, une chose est sûre : la fermeture des frontières est un élément-clef dans la lutte contre la propagation du virus. Pour les hôteliers et les voyagistes, il est difficile de voir le bout du tunnel, d’autant plus que la reprise de leurs activités dépend principalement de l’ouverture des frontières nationales et surtout internationales.

Pour l’heure, les pays à travers le monde continuent à prolonger les restrictions de voyage à l’étranger. Selon une étude sur les restrictions des voyages dans le monde, réalisée par l’Organisation mondiale du tourisme, ces dernières concernent 100% des destinations. Pour 83% d’entre elles, les restrictions inscrites dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, sont en place depuis quatre semaines.

En date du 20 avril, aucune destination n’avait encore levé les interdictions. En effet, l’analyse des 217 destinations mondiales a révélé les résultats suivants: 45% des destinations ont interdit l’entrée des voyageurs. Elles ont fermé, totalement ou en partie, leurs frontières aux touristes. Dans ces pays, «L’entrée des voyageurs n’est pas autorisée».

30% de l’ensemble des destinations ont suspendu, totalement ou en partie, les vols internationaux. 18% interdisent l’entrée des voyageurs en provenance de pays “spécifiques” ou ayant été en transit dans des destinations “spécifiques” et 7% appliquent des mesures de quarantaine ou d’auto-isolement pendant 14 jours.

Mesures d’accompagnement spécifiques

Pour faire face à cette situation intenable, les autorités tunisiennes veillent au grain et suivent l’évolution de l’épidémie dans le monde, notamment dans les principaux marchés émetteurs, en l’occurrence les pays européens. Entre-temps, les acteurs du secteur veulent miser sur le tourisme local et tablent, dans ce sens, sur le soutien de l’Etat pour préserver les entreprises et sauver les emplois. C’est ce qu’a affirmé, en somme, Mouna Ben Halima P.-d.g. de l’hôtel “La Badira”, dans son intervention lors du webinaire qui a été organisé, mardi 28 avril par la Fondation Friedrich Naumann en partenariat avec Tunisia Hospitality Symposium et qui portait sur le thème «De Berlin à Tunis : le tourisme après le Covid-19».

Elle a souligné dans ce contexte, que les hôteliers sont «conscients que la reprise du secteur sera exclusivement avec une clientèle locale». Dans cette perspective de reprise graduelle, le département du tourisme a élaboré le draft d’un protocole sanitaire qui fait office d’un document de référence dont les consignes doivent être respectées et appliquées dans les divers établissements touristiques en vue de prémunir les visiteurs des risques de contamination. Ce protocole, qui aurait été validé et adopté lors d’un conseil ministériel restreint tenu ce jeudi, tient également lieu de gage de confiance pour les marchés émetteurs de touristes vers la Tunisie, sur lequel les principaux pays vont se baser pour autoriser ou interdire le voyage vers la destination Tunisie. Dans le même registre, une nouvelle batterie de mesures d’accompagnement en faveur des opérateurs touristiques, qui ont été élaborées par le département, sera bientôt adoptée et mise en oeuvre.

On cite essentiellement la mise en place d’une ligne de crédit spécifique au secteur avec un taux d’intérêt bonifié et des délais de remboursement confortable qui permettront aux entreprises concernées de couvrir leurs frais de gestion et d’exploitation durant une année, à compter du mois de mars 2020. Le ministère est, également, en train de préparer un plan de communication digitale qui vise à promouvoir la destination tunisienne.

En tout état de cause, et même en présence d’un plan de déconfinement ciblé et graduel dédié au secteur, la reprise réelle du tourisme est tributaire de l’ouverture des frontières nationales et internationales et elle est étroitement liée à l’évolution de la situation épidémiologique dans le monde. Etant dans le flou, les acteurs du tourisme tunisien s’apprêtent à apprendre à vivre et à cohabiter avec le virus, et ce, jusqu’à nouvel ordre.

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