Mort annoncée de la presse écrite en Tunisie: Silence, on coule !

Kafkaïenne ou ubuesque ? On hésite sur les qualificatifs, pour décrire la réunion du Conseil des ministres dédiée aux médias. Les yeux des journalistes et des patrons de presse étaient rivés sur le Conseil ministériel restreint qui s’est tenu mercredi soir et qui a été consacré  au secteur de l’information. Après des heures de délibérations, le communiqué de la présidence du gouvernement est venu saper le moral déjà en berne des professionnels des médias.

En effet, au lieu d’édicter des mesures en faveur de la presse écrite papier, journaux et revues, les ministres participant au CMR ont porté un coup de grâce au secteur.

La coupe budgétaire dans l’enveloppe consacrée aux abonnements publics dans les journaux au profit de la presse électronique est tombée comme un couperet sur un secteur déjà sous perfusion à cause des mesures de confinement. Ces décisions, qui émanent d’une volonté d’un traitement unilatéral de la question sans se référer aux experts, aux professionnels et aux structures professionnelles, étaient improvisées, mal étudiées et grotesques. C’est ce qui a provoqué un tollé général dans le secteur conduisant à une levée de boucliers des syndicats.

C’est ainsi que le Syndicat national des journalistes tunisiens a fait miroiter «la possibilité de déposer une plainte contre le Chef du gouvernement et de « mener toutes les formes de lutte possibles, y compris une grève générale».

Pour sa part, la Fédération générale de l’information, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), a appelé le personnel des établissements médiatiques ainsi que tous les syndicats de base à défendre leurs revendications légitimes et à entamer des mouvements de protestation. «Ces derniers seront couronnés par un mouvement national devant le Palais du gouvernement, à la Kasbah », souligne le communiqué.

Deux jours après, le silence de la Kasbah face aux menaces d’escalades a laissé libre cours aux supputations, aux interprétations et à la cupidité illimitée des oligarchies politico-financières prédatrices.

Patrons de presse, responsables syndicaux et journalistes  se regardent en chiens de faïence ne sachant plus à quel saint se vouer pour aborder la nouvelle phase post-confinement.

Cette indifférence glacée augure que la prochaine étape ne sera qu’un tourbillon qui emportera dans son sillage les espoirs de milliers de jeunes nouvellement inscrits. Les sirènes de l’optimisme s’estompent chaque jour. Et c’est le désespoir qui l’emporte. On les entend, ces journalistes et autres employés du secteur le dire avec des trémolos dans la voix.   

Dans les jours à venir, le combat ne sera pas du tout calme. Il fera rage et sera agité de soubresauts plus ou moins contrôlés. C’est que l’imbroglio dépasse largement le spectre d’une simple mesure pour aider la presse électronique à mieux émerger, mais il tournera autour de la survie de la presse écrite après le Covid-19.

Car les regards sont aussi dirigés vers les caisses vides et l’endettement à outrance des médias imprimés qu’une simple lampée de quelques milliers de dinars ne fera que confirmer l’imminence de la banqueroute  qui aura pour conséquence la provocation d’un tremblement de terre médiatico-politique de forte magnitude dont les répliques se feront ressentir sous peu et à cause duquel les institutions de presse risquent de s’effondrer par un effet domino.

Un commentaire

  1. Liberte

    09/05/2020 à 09:26

    La faute à qui ?, je suis prêt à reprendre le journal Lapress pour lui donner une nouvelle jeunesse et à en faire le journal le plus distribué du pays. Le monde change et pourquoi pas LAPRESSE

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