Trois questions à M. Mohamed Hammadi Jarraya, expert en économie et président de l’Observatoire Tunisia Progress: «Les partenaires financiers seront rassurés»


Enfin,  la Tunisie vient de sortir officiellement de la liste noire des pays qui favorisent le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. C’est un acquis que les pouvoirs publics doivent préserver et, surtout, valoriser au niveau international pour pouvoir contracter de nouveaux crédits.


Cette décision de retirer la Tunisie de cette liste a été faite au prix des engagements de notre pays dans certaines réformes et suite aux vérifications effectuées par le groupe de travail d’analyses financières (Gafi) qui est très rigoureux au sujet du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Un contrôle au niveau des banques et de tous les organismes ou métiers qui reçoivent l’argent de l’étranger doit être fait pour s’assurer que les fonds obtenus ne parviennent pas des personnes douteuses qui trafiquent de la drogue ou de la vente des armes et de toute activité prohibée.

Plusieurs métiers sont, en effet, exposés à l’entrée de l’argent sale, comme ceux de l’immobilier, de la bijouterie et du commerce. D’où les précautions prises par la Tunisie pour éviter, peut-être, sans le savoir, le blanchiment d’argent qui est une activité «normal» pour plusieurs trafiquants internationaux malintentionnés. Les banques ont été appelées également à faire preuve de rigueur dans ce sens, en mettant en place les mécanismes nécessaires capables de vérifier la provenance et la destination de l’argent. Des documents sont demandés du dépositaire pour avoir plus de détails sur la provenance des fonds qui se comptent, parfois, par millions de dinars et qui sont destinés au financement du terrorisme ou à d’autres secteurs !

Cette suppression de la liste noire n’est pas définitive et elle peut être revue à tout moment si le pays ne respecte pas ses engagements ou si des lacunes sont observées au niveau de certains métiers et des banques. M. Mohamed Hammadi Jarraya, expert en économie et président de l’Observatoire Tunisia Progress, nous donne plus de détails sur ce sujet et les impacts d’une telle décision du Gafi sur l’économie tunisienne.

Quel est l’impact du retrait de la Tunisie de la liste noire du Gafi ?

Plus qu’une victoire, ce retrait constitue un rétablissement de la situation légitime de la Tunisie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. A se rappeler les circonstances dans lesquelles la décision sévère du GafiI de « blacklister » la Tunisie, était prise.

Parmi les conséquences de cette décision, on peut citer l’amélioration du « rating » de la Tunisie, lui permettant de mieux sortir sur les marchés internationaux de fonds pour collecter les ressources nécessaires à son budget.  Aussi, les partenaires financiers classiques (FMI, Banque mondiale, Berd, BAD et autres) seront plus rassurés à poursuivre le financement de l’économie tunisienne.

Quels sont les engagements de la Tunisie bénéficiant de cette faveur?

Le grand défit de la Tunisie, à cet égard et en ce moment, serait la position réelle et la manière de traiter avec l’affaire de notre voisine la Libye. Compte tenu des convoitises et du regard gourmand de certains intéressés, nos frontières Est constituent le premier passage du terrorisme et de l’argent à blanchir.

A cet effet, la Tunisie doit s’engager à être très vigilante dans ses contrôles et positions.    

Le pays peut-il retrouver son rythme de croissance suite à cette nouvelle classification ?

L’obtention de ressources internationales et leur bon emploi dans la dynamique économique ne peuvent que contribuer à relancer la croissance du PIB. Un grand effort de bonne gouvernance et de transparence « d’Open Gov » doit être déployé.

Il s’agit, aussi, de regagner la confiance du peuple et des jeunes en premiers. En effet, le citoyen, qui entend parler des aides et crédits affluant sur la Tunisie, a besoin de voir leurs effets et les améliorations sur le terrain. Un effort supplémentaire de communication est à déployer concernant les réalisations effectives dans les secteurs prioritaires en ces moments de pandémie.

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