Discours haineux sur les réseaux sociaux: Du cyber-harcèlement au lynchage virtuel


On risque de se trouver bientôt face à un remake des assassinats de Belaïd et de Brahmi. Aujourd’hui on vit les mêmes conditions. Les sempiternelles tensions à l’ARP et le climat de surenchères populistes ne présagent rien de bon. La liste des personnalités qui font l’objet de menaces de mort incluant même des parlementaires ne cesse de s’allonger.


Les limiers sont libérés par leurs maîtres, et les groupes fermés, ou secrets, sont en train de fourbir leurs armes sur les réseaux sociaux. Du pain sur la planche pour les unités sécuritaires qui suivent de très près les menaces de mort portées à l’encontre de certaines figures politiques, dont notamment la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, qui vient d’être convoquée à cet effet à l’une des brigades de la lutte antiterroriste, où elle a trouvé un dossier bien « volumineux » de menaces de mort ciblant sa personne, selon ses dires. Les qualificatifs ne manquent pas d’imagination dans les deux camps. « Mouches bleues » pour les uns et « fourmis rouges » pour les autres. Nous nous abstenons de citer les partis politiques qui manipulent les « armées » dont il est question sur Facebook Certes il ne s’agit là que d’un secret de Polichinelle, mais ce qui importe le plus, c’est de pointer du doigt ces dérives sur les réseaux sociaux qui n’ont pas manqué de provoquer des réactions de haine en chaîne de part et d’autre.

Du cyber-harcèlement au lynchage virtuel, on risque de se trouver bientôt face à un remake des assassinats de Belaïd et de Brahmi. Aujourd’hui on vit les mêmes conditions qui ont mené à ces assassinats. Les sempiternelles tensions à l’ARP et le climat de surenchères populistes ne présagent rien de bon. La liste des personnalités qui font l’objet de menaces de mort incluant même des parlementaires ne cesse de s’allonger. C’est à se demander si certains partis ne sont pas en train de se livrer à un jeu perfide qui ne fera qu’accabler les unités sécuritaires spécialisées dans la lutte contre le terrorisme, mais entre-temps d’autres parties occultes guettent, ce qui nécessite vigilance et prudence dans les prochains jours du mois saint. Au moment où le pays est en train d’achever la première phase de déconfinement ciblé et que la crise économique qui se profile à l’horizon ne fait que renforcer le sentiment d’inquiétude, une grande partie de la classe politique ne fait qu’attiser les tensions par un discours belliqueux à l’hémicycle et sur les plateaux des radios et télévisions.

Injures, insultes, harcèlement, menaces, accusations d’athéisme… Les armées sur Facebook, de quelque couleur qu’elles soient, ont les coudées franches et se permettent tout en toute impunité. Injures, insultes, harcèlement, menaces, accusations d’athéisme, publication d’informations mensongères et de fausses nouvelles visant même des personnalités étrangères dont le conseiller à la sécurité nationale d’Abu Dhabi et homme d’affaires, Cheikh Tahnoun Ben Mohammed Al Nahyan. Par le biais d’un faux tweet supposé soutenir l’appel des jeunes à dissoudre le parlement et invitant leurs semblables en Libye à en faire de même, les armées de facebook ont voulu l’impliquer dans une tentative d’immixtion dans les affaires intérieures de notre pays.

Les raisons sont connues et ne peuvent se détacher de cette amère réalité qui a fait de la Tunisie post-révolution une foire d’empoigne aux yeux de certains politiques. Avec 7 100 000 comptes Facebook recensés en Tunisie en 2018 dont 41% d’utilisateurs sont âgés entre 13 et 24 ans et 33% entre 25 et 34, et le confinement sanitaire qui a obligé la majorité des citoyens à chômer et à s’enfermer dans leurs maisons, ne leur laissant que l’internet comme moyen de communication, point n’est besoin de démontrer le grand impact des campagnes de lynchage sur la population des jeunes et tout le danger qui pourra en découler. Les manipulateurs de ces armées virtuelles sur les réseaux sociaux, mais bien réelles sur le terrain et prêtes à passer à l’acte en temps opportun, semblent malheureusement « préférer leurs partis à leur patrie », sans se soucier des risques de déstabilisation sur fond d’appel à la dissolution du parlement dans les rangs des uns et de tentatives d’une mainmise frustrante et offensante sur toutes les institutions du pays dans le camp des autres, au moment où les efforts sont orientés vers la lutte contre le coronavirus et la relance d’une économie en panne.

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