Point de vue : Marche-arrière significative

Point de vue

Ce que Wadii El Jarri a annoncé sur la révision du quota des joueurs maghrébins considérés comme locaux est en marche-arrière significative. Un revirement qui vaut la peine d’être analysé. Cette décision est un corollaire de l’annonce d’un quota imposé aux clubs tunisiens. On parle du quota des joueurs tunisiens qui devront être au moins 5 sur le terrain. Cela veut dire que le quota des Maghrébins, actuellement de 5, va devoir baisser si on maintient à trois le nombre de joueurs étrangers. Après une saison d’application, le bureau fédéral remet en question l’expérience (si controversée et qui n’a servi que les clubs riches)  des joueurs maghrébins baptisés locaux. Il faut savoir qu’il n’y a pas eu de réciprocité dans les autres championnats nord-africains. Au meilleur des cas, ces derniers n’ont autorisé qu’un seul Tunisien à jouer en tant que local. De deux, cette expérience tentée n’a servi que l’EST et l’ESS qui ont pu aligner 8 joueurs étrangers (dont les 5 maghrébins) en Ligue des champions. Le cahier des charges de la C1 ne prévoit pas un même quota de joueurs étrangers (quelle aberration et quel oubli !) et qualifie le quota autorisé par la fédération locale. Du coup, l’EST et l’ESS ont pu disposer d’un avantage «compétitif» sur leurs adversaires en Afrique.

Le coup ne  passera pas lors de l’édition prochaine. Et d’ailleurs, El Jarry a fini par se rendre à l’évidence qu’un nombre trop élevé de joueurs étrangers finit par étouffer le joueur tunisien. Trop de concurrence et  faute d’une base bien large et solide de joueurs locaux, cela se transforme en un piège. Une sorte de solution de facilité pour les clubs ayant un peu de liquidités et même pour les clubs moyens qui se sont rués sur le marché algérien. Pour ceux qui parlent des vertus de la concurrence pour nos joueurs (économiquement parlant, la concurrence est le meilleur modèle pour le bien-être du consommateur), un seul contre-exemple.

Si on avait continué avec l’expérience du gardien étranger, on n’aurait pas probablement vu l’éclosion de Ben Mustapha, Ben Chrifia, Jéridi, Krir… Maintenant, ce  déséquilibre au mercato n’a profité qu’aux joueurs algériens et, à degré moindre, libyens, à nos amis agents de joueurs et aussi à quelques clubs tunisiens. L’échec de ce modèle (refus des clubs égyptiens, algériens, marocains de considérer le joueur tunisien tel un local) est un constat  inévitable. W. El Jarry l’a compris. Un retour à la normale est une option qui va atténuer les effets néfastes de l’arrêt de la compétition et ça va obliger nos clubs à chercher dans leur pépinière et dans le mercato local. Il n’y a pas d’autres choix. On pousse encore la réflexion : et si on obligeait les clubs tunisiens à admettre un quota  de joueurs formés dans le club? C’est comme  dans  les clubs européens auxquels on exige d’inscrire 4 à 5 joueurs du cru. A défaut, les places restent vacantes.

Les idées sont nombreuses pour sauver la production, quoique peu consistante et parfois altérée, des jeunes sections. C’est le seul refuge pour protéger des caisses vides!

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