Lina Ben Mhenni rejoint Samir Kassir dans le panthéon de la liberté d’expression et de la presse !


En Tunisie, feue Lina Ben Mhenni (née le 22 mai 1983 à Tunis et décédée le 27 janvier 2020 à Tunis) était une voix libre, la voix des sans voix, et la militante de tous les combats justes: de la chute du régime de Ben Ali en 2011 à la collecte des livres en faveur des prisonniers tunisiens — en compagnie de son père Sadok Mhenni — passant par les manifestations de la Kasbah 1 et 2.

Véritable garde fou de la liberté d’expression et fer de lance de la contestation sous nos cieux, Lina exprimait son engagement au sein de la société civile à travers son clavier sur son Blog « A Tunisian Girl /بنيّة تونسية »: ses coups de gueule sur les réseaux socionumériques et ses billets brisaient le silence d’une presse bâillonnée par la dictature.

Pour lui rendre un vibrant hommage, la Délégation de l’Union européenne en Tunisie a annoncé, hier, le lancement du « Prix Lina Ben Mhenni pour la liberté d’expression » pour récompenser les meilleurs articles d’investigation ou d’opinion mettant en exergue les principes et les valeurs de la démocratie ainsi que les libertés et les droits humains, économiques et sociaux partagés entre la Tunisie et l’UE.

 

L’affiche de la première édition du « Prix Lina Ben Mhenni pour la liberté d’expression »

 

« Ce Prix vise aussi à soutenir un paysage médiatique tunisien en pleine évolution et s’adresse aux libres penseurs, journalistes, blogueurs, influenceurs et autres activistes citoyens qui œuvrent pour une information libre, indépendante et crédible. », lit-on dans un communiqué de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie.

Le premier gagnant participera au « EU Visitors Programme 2021 » et à Bruxelles. Le tiercé gagnant du « Prix Lina Ben Mhenni » recevra également une tablette offerte par la délégation de l’Union européenne en Tunisie.

 

Sur les traces du Prix Samir Kassir…

Il faut dire que cette initiative de l’UE n’est pas la première dans le monde arabe.

En effet, depuis 2006, financé par l’Union européenne, le « Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse » récompense la production —  le meilleur article d’opinion, le meilleur article d’investigation et le meilleur reportage audiovisuel d’information — des journalistes de la région MENA (Moyen-Orient & Afrique du Nord) et des pays du Golfe qui, « à travers leur travail, consacrent leur vie aux droits de l’homme et à la démocratie, malgré les persécutions et menaces dont ils font l’objet ».

 

L’une des affiches commémorant le lancement du Prix Samir Kassir par le chef de la délégation de l’Union européenne au Liban, Patrick Renauld en 2005.

 

Né le 4 mai 1960 d’un père libano-palestinien et d’une mère libano-syrienne, Samir Kassir a vécu toute son enfance à Beyrouth.

Six ans après le déclenchement de la guerre civile au pays du Cèdre, il s’installa dans la Ville Lumière à Paris en 1981 pour poursuivre ses études universitaires.

Il fallait attendre le début des années 1990 pour voir Samir faire son comme-back à Beyrouth afin d’enseigner à l’Institut des Sciences Politiques de l’Université Saint-Joseph, puis, rejoindre la rédaction du journal An-Nahar.

« Ses articles et ses éditoriaux sont considérés comme les principaux écrits opposés à la mainmise syrienne sur le Liban et du règne sécuritaire libanais vassal de la Syrie durant cette période. Samir Kassir a été maintes fois menacé et son passeport confisqué. », souligne  Antoine Ajoury dans un article publié sur le site euneighbours.eu.

Le 2 juin 2005, le grand Samir Kassir fut tué suite à l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture.

 

Des amis et des proches portant le cercueil du journaliste libanais Samir Kassir à Beyrouth en juin 2005. (AP Photo / Hussein Malla)

 

« Son assassinat s’inscrit dans le cadre des tentatives répétées de museler les libres penseurs libanais, après la révolution du Cèdre initiée en 2005. »,  ajoute Antoine Ajoury.

Aujourd’hui, sa veuve, la célèbre journaliste, Gisèle Khoury continue le combat de Samir Kassir, en présidant la fondation qui porte son nom.

 

Gisèle Khouty, présidente de la Fondation Samir Kassir (Source photo: Fondation Samir Kassir – Facebook)

 

« Aucun pays ne peut relever les vrais défis auxquels sont confrontées nos sociétés sans transparence et sans liberté de pensée et liberté d’expression. Les régimes autocratiques prétendent assurer la stabilité. Nous n’acceptons pas le choix factice entre la stabilité et la liberté », a déclaré récemment Gisèle Khoury, en rappelant que Samir Kassir, dès 1995, avait appelé les citoyens de la région à briser « le mur du silence ».

Vive la liberté d’expression et de la presse… Et que le « Prix Lina Ben Mhenni pour la liberté d’expression » puisse avoir la même longévité et le même prestige que celui décerné par la fondation Samir Kassir grâce au soutien de l’UE.


Bon à savoir:

Pour découvrir les conditions et les clauses du règlement du « Prix Lina Ben Mhenni pour la liberté d’expression », cliquez-ici.


 

 

 

 

 

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