«M. Mongi Marzouk a informé le chef du gouvernement avant de se rendre en France pour des raisons familiales et il gère pendant 16 heures par jour les affaires du département à distance»

Alors que les autorités ont, depuis le mois de mars dernier, fermé les frontières tunisiennes sauf aux vols de rapatriement, le ministre de l’Energie et des Mines, Mongi Marzouk, est parvenu, le 22 mai dernier, à quitter le territoire tunisien pour rendre visite à sa famille installée en France, en raison de certaines circonstances familiales. Mais malheureusement pour lui, le destin en a voulu autrement, le vol retour au bord duquel il devait faire son retour en Tunisie a été retardé par la compagnie Tunisair. Il est, donc, toujours bloqué en France, et continue à gérer son département à distance. Un déplacement qui a déclenché une polémique sans précédent. Le ministre a été carrément lynché sur les réseaux sociaux, où on l’accuse d’avoir exploité sa qualité pour quitter le territoire tunisien en dépit des circonstances sanitaires en Tunisie comme en France pour rendre visite à sa famille.  

Et c’est sur ces mêmes plateformes que le ministre a brisé le silence et s’est exprimé sur cette affaire. En effet, face à la polémique, Mongi Marzouk a opté pour la communication directe en publiant un éclaircissement via son compte Facebook. Lui qui affirme avoir profité du congé de trois jours de l’Aïd, pour se rendre à Paris, rendre visite à sa famille qui y réside, précise qu’à cause du report de son vol retour, il se retrouve coincé dans ce pays, depuis quelques jours, assurant qu’il est, néanmoins, en train de diriger son département à distance. « Après avoir pris toutes les mesures et précautions sanitaires indispensables et suite à l’amélioration de la situation en Tunisie, j’ai réservé un vol Tunisair aller-retour, pour me rendre à Paris pour trois jours, mais suite au report du vol retour, je me trouve toujours dans le territoire français», a-t-il expliqué, affirmant que dès son retour en Tunisie, il appliquera les dispositions de l’isolement sanitaire obligatoire.

Pas de quoi calmer les vives critiques sur ce séjour prolongé, jugé « irresponsable » par certains Tunisiens, d’autant plus que selon certaines sources, le ministre, étant binational, aurait utilisé son passeport français pour accéder au territoire français. En effet, les territoires des deux pays sont toujours fermées au trafic aérien, mais continuent de recevoir quelques vols de rapatriement. Pour y accéder, il faut donc présenter son passeport ou ses documents de résidence.

Pour avoir plus de détails sur cette affaire polémique, nous avons contacté le ministère de l’Energie et des Mines, et c’est Kamel Cherni, membre du cabinet ministériel et chargé de communication, qui a répondu à nos questions. Pour lui, il s’agit d’une affaire purement personnelle et qui ne bénéficie en rien à l’opinion publique, d’autant plus que le ministre n’a pas exploité sa qualité pour rendre visite à sa famille. «C’est une affaire purement personnelle, M. Mongi Marzouk a informé le chef du gouvernement avant de se rendre en France pour des raisons familiales et il gère pendant 16 heures par jour les affaires du département à distance», a-t-il expliqué.

Les précisions du gouvernement

Interrogé sur un éventuel recours à son passeport français pour quitter le territoire tunisien et accéder à la France, Cherni a expliqué qu’à sa connaissance, le ministre n’a utilisé que son passeport tunisien et que dès son retour il sera soumis au confinement obligatoire et fournira les clarifications nécessaires. «Nous étions surpris par cette grande polémique, d’autant plus qu’il s’agit d’une simple affaire personnelle, la présidence du gouvernement étant informée», a-t-il poursuivi.

Pour sa part, la porte-parole du gouvernement, Asma Shiri, est intervenue pour apporter quelques éléments de réponse aux interrogations de l’opinion publique. Selon sa version, le ministre de l’Energie et des Mines est en France pour des raisons exceptionnelles, et de confirmer que  la suspension du trafic aérien est à l’origine du blocage du ministre à Paris. « Mongi Marzouk, à son retour de France, apportera des éclaircissements à ce sujet », a-t-elle conclu.

A ce jour, du fait des mesures prises contre la pandémie de coronavirus, l’espace aérien tunisien reste en effet fermé, et seuls des vols de rapatriement sont organisés. Entré en fonction fin février 2020, Mongi Marzouk a en revanche reçu le soutien de certaines figures politiques, et autres, comme l’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, qui juge les attaques « déplacées », ou le député Seifeddine Makhlouf qui pointe du doigt une «campagne de dénigrement en raison de la détermination du ministre à ouvrir certains dossiers de corruption».

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