«LA confiance est rompue entre les partis de la coalition parlementaire, par conséquent  je lance un appel au changement ». Le président de l’ARP et du mouvement Ennahdha ne semble pas digérer, encore moins tolérer, les prises de position et les votes du Mouvement du peuple et de Tahya Tounès contre son parti lors de la plénière du 3 juin 2020. Il va encore plus loin en préconisant un nouveau pouvoir consensuel et un changement au sein de la composition gouvernementale. Il déplore le fait que le deuxième parti aux élections législatives, en l’occurrence Qalb Tounès, ne soit pas au pouvoir et appelle à ce que la majorité parlementaire soit compatible avec la majorité gouvernementale.

Quand on évoque la confiance entre les partis de la coalition parlementaire, l’on n’est pas censé ignorer que ces derniers, et ceux qui les avaient déjà précédés au Parlement, n’ont jamais su s’accommoder des  principes  fondamentaux comme le respect absolu des engagements, des accords et des alliances. Les manquements étaient et sont toujours courants. Certains peuvent se comprendre. Cependant, au fil du temps, l’hémicycle est devenu le lieu de comportements indignes où le respect entre les députés n’a jamais régné. Encore moins l’estime et l’égard que l’on doit à la Tunisie et à ses grands bâtisseurs, en premier lieu Bourguiba.

Il faut dire que le président de l’ARP et d’Ennahdha n’a rien apporté de nouveau à ce sujet. D’ailleurs, c’est tout le paysage politique qui est affecté par la dégringolade continue des valeurs et des principes. Il se serait même installé sur une montagne de dérives où la transgression est devenue le dénominateur commun de ce qui est entrepris ici et là.

Que ce soit au Parlement ou ailleurs, ceux qui sont censés donner l’exemple, élus du peuple, acteurs politiques, ou autres ne montrent pas la voie. Ils ne servent plus de modèle. Surtout lorsque leurs actes et leur comportement se substituent au rôle auquel ils étaient voués. La confiance est en effet brisée, mais depuis longtemps l’espoir fait place au doute, et la discipline et le sens de la responsabilité sont en état de congélation.

Le tort des hommes politiques réside dans le fait qu’ils n’ont pas suffisamment évolué. Ce qui est vraiment triste, c’est qu’ils se donnent des prérogatives au-delà de leurs réelles aptitudes. Nul ne peut cependant monopoliser le paysage politique et l’on ne devrait pas accepter que certains, qui continuent à jouer les victimes et les innocents, fassent de la récupération par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Il serait bon que l’on clarifie les positions.

Il semble qu’avec le développement de normes populistes, où la tendance politique et démagogique donne l’impression de défendre les intérêts du peuple, les débats et les réunions, que ce soit en plénière ou en commission, ne sont plus menés que sur fond de polémiques et d’altercations. Ce qui devrait être régi par des débats constructifs et positifs bascule dans un Parlement fragmenté qui a engendré des coalitions difficiles à gérer, des débordements et des insuffisances. Ce qui est loin d’être rassurant. On joue avec l’inconnu…

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