Motion appelant l’état français à présenter ses excuses à la Tunisie: Vue de l’étranger 

La coalition Al Karama n’est pas parvenue finalement à faire adopter à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sa motion exigeant des excuses officielles de la part de l’Etat français pour «ses crimes à l’encontre du peuple tunisien pendant l’ère coloniale». Un nouveau rebondissement sur la scène parlementaire tunisienne qui a enfoncé le clou dans un paysage politique déjà frappé par une crise de confiance même au sein de la coalition gouvernementale.

Au vu de sa sensibilité, la motion en question a fait bruit en Tunisie mais également en France, où plusieurs médias ont relayé cette information, la présentant comme «un refus du parlement tunisien à exiger des excuses officielles de la part de l’Etat français».  

Si pour le moment les responsables français préfèrent opter pour le silence, les médias ont décidé de mettre la lumière sur ce rebondissement, dont les répercussions seront certainement d’ordre diplomatique. C’est dans ce sens que Le Figaro a titré son article «Le Parlement tunisien a renoncé à demander des excuses à la France», pour revenir sur cette plénière largement médiatisée en Tunisie comme à l’Hexagone. Le journal français rappelle que «la motion était présentée par la coalition Al Karama, un parti islamo-nationaliste comptant 19 élus sur 217 députés, qui en avait fait une promesse électorale lors des législatives d’octobre 2019». Même titre chez Ouest France, l’un des premiers quotidiens régionaux français, qui souligne le fait que ce projet de motion avait peu de chances pour passer car il a été «présenté sans débat préalable ni travail de préparation».

L’agence de presse française AFP a également mis la lumière sur cette plénière et a cité particulièrement les propos du député d’Al Karama Ridha Jaouadi qui appelle à éradiquer « les centres culturels de l’occupation française qui sont plus dangereux que les bases militaires », les accusant de mener « une invasion culturelle qui détruit la morale et les valeurs » des Tunisiens. L’agence de presse rappelle également que ce député «imam» avait été limogé en 2015 de la principale mosquée de Sfax par les autorités tunisiennes qui l’avaient qualifié d’extrémiste puis accusé de « collecte d’argent » sans autorisation.

La version arabe de la chaîne d’information française France 24 est revenue également sur l’échec d’Al Karama à faire adopter son projet de résolution pour dire que le «parlement tunisien a rejeté une motion exigeant des excuses officielles de la part de l’Etat français à cause de la colonisation».

Un échec pour Al Karama

Outre ces médias français, l’affaire a eu des échos même dans d’autres pays. Les versions françaises des deux médias russes RT et Sputnik se sont également penchées sur la couverture de cette affaire. Alors que le premier souligne que cette motion n’a fait que diviser davantage les milieux politique et parlementaire en Tunisie, pour le deuxième c’était un échec pour la coalition Al Karama. « La motion était présentée par la coalition Al Karama, parti islamo-nationaliste comptant 19 élus sur 217 députés qui en avait fait une promesse électorale lors des législatives d’octobre 2019. Ses élus se sont présentés au Parlement en arborant un T-shirt sur lequel était inscrit «Meurtre et torture, la brutalité du colonialisme français», a-t-on rappelé.

«La Tunisie ne demandera pas d’excuses à la France», a ainsi titré le média suisse Le Matin, même si la motion n’engage en rien aucune partie officielle, en cas d’adoption. «Le texte proposait d’exiger des excuses de l’État français ainsi que des indemnisations pour les assassinats, viols, exils forcés d’opposants, le pillage des ressources naturelles et le soutien à la dictature», précise le site d’information.

Pour sa part, le site qui s’intéresse à l’actualité économique sur le continent africain Financial Afrik est allé jusqu’à titrer son article : « Colonisation : en Tunisie, ni “excuses” ni “indemnités” de la France», pour faire part de ce qu’il appelle le refus du parlement de voter cette motion. « En substance, le texte polémique proposait à l’ex-puissance coloniale de présenter des excuses à la Tunisie pour les crimes commis “pendant et après la colonisation”. Il est également reproché à la France son soutien à l’ancien président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, emporté par le printemps arabe, après un règne qui aura duré de 1987 à 2011», a-t-il souligné.

A l’issue d’une plénière sous tension, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) n’a pas adopté, mardi, le projet de motion présenté par le groupe Al Karama et appelant le gouvernement français à présenter des excuses au peuple tunisien pour les crimes commis pendant et après la colonisation vu la non-obtention du nombre de voix requis, soit 109. Après son amendement, la motion a été votée, rappelons-le, avec 77 voix pour, 5 voix contre et l’abstention de 46 députés.

Pourtant, la plupart des députés des différents groupes et ceux indépendants ont souligné lors de leurs interventions la nécessité pour la France de présenter ses excuses au peuple tunisien pour la période de colonisation, mais leurs avis ont divergé concernant le vote de cette motion.

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