Liens présumés entre des élus d’Ennahdha et des terroristes incarcérés : Qui sont les dénonciateurs ?

« La députée Abir Moussi n’a fait que transmettre des informations reçues par le biais de la lettre reçue à l’ARP. Notre mission s’arrête au stade de l’information, mais cela ne nous empêchera pas de suivre de près cette grave affaire », déclare à La Presse l’avocat de la députée, Mohamed Karim Krifa.

Faits avérés ou fausses informations pour discréditer la députée et présidente du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi ? On ne le sait pas trop pour le moment mais l’affaire risque d’impacter tout le paysage politique s’il s’avère que la correspondance qu’elle avait reçue se rapportant à une présumée visite effectuée par des élus du mouvement Ennahdha à des éléments « terroristes » dans les prisons d’El Mornaguia et Borj el Amri n’est pas montée de toutes pièces. Ce qui est rassurant est que  la ministre de la Justice, Thouraya Jeribi, avait ordonné à ce propos l’ouverture d’une enquête pénale sur la base de l’article 23 du Code de procédure pénale.

Les détails de la mystérieuse lettre

La présidente du PDL a fait savoir lors d’une conférence de presse tenue à cet effet, qu’elle a été convoquée par la Brigade antiterroriste pour son audition au sujet de la correspondance en question qu’elle avait reçue par le biais du bureau d’ordre de l’ARP. Cette correspondance contenait des informations présumant que des parlementaires du mouvement Ennahdha effectuaient des visites nocturnes à des éléments terroristes incarcérés dans les deux prisons précitées avec la « complicité des directeurs des deux prisons et du directeur général des prisons et de la rééducation, moyennant d’importants privilèges ».

Abir Moussi, la députée qui dérange les islamistes et même d’autres parlementaires mais qui s’assume et clame tout haut ce que certains politiques disent tout bas, a appelé à enquêter sérieusement sur ces accusations et à révéler l’identité des élus et des terroristes concernés par ces visites nocturnes ainsi que les éventuelles parties complices.

Par ailleurs, Mohamed Karim Krifa, avocat de la députée Abir Moussi, joint par La Presse, a fait savoir qu’il s’agit d’une lettre datée du 13 mai qui a été déposée au bureau d’ordre de l’ARP au nom de la députée en question, ajoutant que c’est une lettre manuscrite qui présume que des députés d’Ennahdha rendent visite le soir à des prisonniers impliqués dans des affaires terroristes au vu et au su du directeur général des prisons et des deux directeurs de la prison de Mornaguia et Borj el Amri. La lettre contient aussi des informations en rapport avec une suspicion de corruption dans l’octroi de marchés publics. Cela a provoqué l’ouverture d’une enquête administrative et pénale, ajoute notre interlocuteur, tout en expliquant que la députée Abir Moussi n’a fait que transmettre des informations reçues par le biais de la lettre en question. Notre mission s’arrête au stade de l’information, mais ceci ne nous empêchera pas de suivre de près cette grave affaire, conclut-il.

Démenti catégorique de la Direction des établissements pénitentiaires

Joint également par La Presse, le porte-parole de la Direction des établissements pénitentiaires, Sofien Mezghich, a souligné l’indépendance et la neutralité de l’institution carcérale, expliquant que les lieux de détention sont hautement sécurisés de jour comme de nuit, notamment pour les détenus impliqués dans des affaires de terrorisme. Aux diverses étapes de contrôle assistées par le système de la vidéosurveillance, s’ajoute le principe du cloisonnement entre les directions, offrant une certaine autonomie aux diverses unités carcérales et rendant quasi impossible de telles allégations. Cela sans oublier l’obligation de passer par la salle d’opération relevant de chaque prison et qui est elle-même en liaison avec la salle d’opération centrale.

Il a fait savoir que le Comité général des prisons et de la rééducation a favorablement accueilli l’ouverture d’une enquête par la ministre de la Justice afin d’élucider l’affaire et a expliqué en contrepartie que les visites à la prison sont régies par la loi n°2001-52 du 14 mai 2001, relative à l’organisation des prisons, excluant à cet effet d’une manière catégorique les visites nocturnes aux prisons.

La partie syndicale et le Comité des prisons démentent

Difficile à croire du côté du Comité général des prisons et de la rééducation qui a démenti en bloc ces accusations. Dans un communiqué publié le 13 juin, il a mis en exergue les mesures draconiennes prises dans le cadre du contrôle sécuritaire des prisonniers impliqués dans des affaires de terrorisme, notamment dans leurs cellules de détention et au niveau de leurs entrées et sorties, sans oublier que ce contrôle est assuré en parallèle par le système de vidéosurveillance. Le comité des prisons a rappelé que la ministre de la Justice a ordonné l’ouverture d’une enquête, appelant en définitive à laisser le personnel des prisons à l’écart des tiraillements politiques.

Pour sa part, le Syndicat général des prisons a appelé « le peuple à préserver le pays de tout ce qui se trame contre lui sur fond de différends politiques, tirer les leçons des expériences du passé et éviter d’impliquer l’institution carcérale dans les tiraillements politiques ». Ceux qui sont en possession de tels dossiers n’ont qu’à se présenter devant la Justice, indique la partie syndicale.

Il est à souligner que suite à l’enquête ordonnée par la ministre de la Justice, Abir Moussi a été auditionnée ce lundi 15 juin à l’Unité nationale de lutte contre le terrorisme à El Gorjani concernant cette affaire et une autre affaire en rapport avec les menaces d’assassinat visant sa personne, selon son avocat, Mohamed Karim Krifa.

Un commentaire

  1. Liberte

    17/06/2020 à 12:00

    Il y a toujours un lient c’est évident,

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