Par Anis SOUADI

L’Algérie vient de décaler, encore une fois, la date du déconfinement total et de reporter ainsi la réouverture de ses frontières.

Si certains  désapprouvent cette décision en raison de ses incidences économiques, touristiques notamment, d’autres, plus prudents certainement, saluent ce courage et surtout cette sagesse politiques, même s’ils sont lourds de conséquences. Ils estiment en fait qu’une  éventuelle  nouvelle vague de la pandémie est toujours d’actualité. Il n’est pas question, donc, de baisser la garde et encore moins négliger la principale barrière de sécurité contre le Covid-19.

Le virus continue justement de frapper fort un peu partout dans le monde, et il est irresponsable de s’exposer gratuitement à de nouvelles contaminations même si les premiers décideurs algériens parlent de dispositions de protection strictes.

Il est vrai en effet qu’en l’absence d’un traitement efficace ou encore d’un vaccin fiable, l’issue de cette pandémie reste totalement incertaine. Il faut agir en conséquence.

A partir de cette logique, la Tunisie ferait certainement mieux de  tenir compte de cette prudence algérienne et de revoir même sa décision d’ouverture des frontières, prévue le 27 juin. Une disposition  dictée par le souci de notre gouvernement de sauver un secteur touristique déjà largement impacté.

Certes, avec plus de 14% du PIB, le tourisme reste un secteur stratégique de l’économie nationale, mais la sécurité du citoyen est certainement beaucoup plus importante.

Cela est d’autant plus raisonnable que l’on assiste depuis quelques jours à la détection de nouvelles contaminations.

Le dilemme est bien délicat, mais nos décideurs doivent trouver les parades adéquates pour gérer cette situation, surtout qu’on n’est pratiquement pas certains qu’une réouverture des frontières soit en mesure, à elle seule, de sauver la saison touristique, ou ce qui en reste,  comme l’espère Elyes Fakhfakh. Loin s’en faut.

Et peut-être qu’à quelque chose malheur est bon : la Tunisie pourrait faire de cette situation délicate une opportunité pour relancer le tourisme intérieur, jusque-là aux arrière-plans de toutes nos stratégies de développement. L’offre nationale est en mesure de séduire le touriste local pour peu qu’il y ait suffisamment de souplesse, de motivation et de sensibilisation. Pour réussir un tel pari, nos  décideurs doivent tenir compte de la délicatesse de la conjoncture. Il ne s’agit certainement pas de brader les prix, mais de repenser intelligemment notre stratégie-client. Le Tunisien reste justement très sensible à certains détails : le respect, l’accueil et, bien entendu, le bon rapport qualité-prix.

Par ailleurs, la Tunisie est appelée à identifier de nouvelles pistes qui puissent compenser le manque à gagner touristique et amortir ainsi le choc économique.

Dans ce tableau des projections, la relance de l’appareil productif au niveau de la Compagnie des phosphates de Gafsa est une urgence nationale.

Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et trouver la formule idéale pour « soigner » cette grippe qui ronge profondément la productivité.

En plus de toutes ces dispositions urgentes, nos premiers responsables feraient mieux de repenser les questions urgentes de l’économie nationale. Cela suppose certainement la planification à long terme, presque absente, l’amélioration de notre résilience économique, encore timide et, surtout, la révision de notre modèle de développement, à l’instar de nos concurrents directs.

Une telle révision aurait  pour mérite de libérer progressivement l’économie nationale de cette dépendance aux secteurs traditionnels.

Il est vrai en effet que malgré la modestie de ses ressources naturelles, la Tunisie dispose de secteurs à fort potentiel économique, mais qui sont jusque-là très peu exploités, et surtout très mal valorisés à l’international : l’énergie et les industries électriques et mécaniques en premier lieu.

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