Vient de paraître: Djerba, l’île enchantée …

« Djerba, l’île enchantée »  répond, certes, aux critères de « Beau Livre », de par l’élégance de sa présentation, la beauté de ses photos, le soin de sa maquette. Mais c’est aussi et surtout un livre d’érudition, parfaitement documenté, remarquablement analysé, rigoureusement structuré.

Des livres sur Djerba, il y en a eu pléthore. Des bons, des légers, des historiques, des érudits, des illustrés, des plus austères. Tous avaient le mérite de proposer une facette, un regard sur une île pas comme les autres. Un lieu entre ciel et mer, chanté par les poètes et les prophètes. Une île toute de contrastes, d’hédonisme et de spiritualité, de réserve et d’ouverture, de tradition et de modernité, de somptueuses architectures et de patrimoine menacé. L’insularité donne à ces territoires qui ont largué les amarres une particularité, une singularité qui fait certainement leur charme et l’attachement qu’elles provoquent.

« Djerba, l’île enchantée », de Hichem Yacoub, qui vient de paraître  aux éditions Nirvana, est cependant différent de toutes les publications précédentes. Annonçant se focaliser sur l’histoire, les rites et les mosquées de l’île, c’est un regard acéré, incisif, que l’auteur propose. Un regard axé sur ce qui traduit le mieux peut-être la spécificité d’un peuple : son architecture.

Hichem Yacoub est architecte urbaniste. Enseignant et chercheur, il a entraîné ses étudiants dans près d’une vingtaine de voyages d’études à travers l’île dont il est devenu un spécialiste incontesté. On lui doit déjà un ouvrage paru en 2016 : « Habiter Djerba ». Et il poursuit sans relâche ses recherches sur l’architecture si particulière de l’île du lotos.

L’auteur nous restitue l’Histoire de l’île et ses méandres depuis la préhistoire jusqu’à la colonisation française. Puis il évoque ce qui fait la spécificité de l’île et bien sûr inspire son architecture, l’Ibadhisme. Avant de développer la partie essentielle de cet ouvrage, celle qui, jusqu’à présent, n’a jamais été aussi largement étudiée : les mosquées de l’île, et la prolifération des lieux de culte.

Mosquées rupestres, mosquées hors sol, mosquées souterraines, mosquées citadelles, mosquées écoles. Elles sont présentées dans la poésie de leur blancheur et la rigueur de leurs plans architecturaux. On découvre, sur les traces de Hichem Yacoub, l’incroyable variété de ces lieux, mais aussi leur intimité : celle de la chambre de l’imam, des cellules, de la salle des ablutions, et même des espaces de stockage et de la cuisine.

« Djerba, l’île enchantée », répond, certes, aux critères de « Beau Livre », de par l’élégance de sa présentation, la beauté de ses photos, le soin de sa maquette. Mais c’est aussi et surtout un livre d’érudition, parfaitement documenté, remarquablement analysé, rigoureusement structuré.

On ne souhaite qu’une chose : c’est que Hichem Yacoub, amoureux inconditionnel de Djerba, n’ait pas vu la mosquée peinte en vert par un iconoclaste inculte.

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