Mesures sanitaires ciblant les tunisiens résidant à l’étranger (TRE) : Ces couacs impardonnables

Révoltés, des TRE ont lancé le mouvement « Manich mraouah » sur les réseaux sociaux

Les mesures relatives au rapatriement des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) ont fait couler beaucoup d’encre et connu de nombreux rebondissements ces dernières semaines. Mais il ne s’agit pas uniquement de ces mesures. Tout a commencé avec la hausse des prestations consulaires dont les tarifs ont enregistré un bond astronomique et qui sont, pour certains services, 68 fois plus cher que ceux pratiqués dans les administrations tunisiennes. Abasourdis, les Tunisiens résidant à l’étranger n’en reviennent pas.

Alors qu’ils ont toujours fait preuve de loyauté, en venant à la rescousse du pays lorsque celui-ci traversait des moments difficiles, ils jugent cette décision discriminatoire et pénalisante. Cette mesure mal réfléchie égratigne le sentiment de patriotisme de la diaspora tunisienne qui digère mal la pilule. Elle est jugée d’autant plus discriminatoire que ces nouveaux tarifs diffèrent d’un pays de résidence à l’autre pour certains services. A titre d’exemple, alors que la copie conforme d’un passeport coûterait environ 34 dinars au Canada, elle s’élève à seulement 20 dinars dans un pays européen comme l’Italie ou la France. Par ailleurs, l’usage du terme « importé » pour les cas contaminés et qui a une connotation péjorative n’arrange en rien les choses et ne fait qu’accentuer le sentiment d’ostracisme ressenti par beaucoup de Tunisiens résidant à l’étranger.

Des mesures rébarbatives

Mais ce sont bien les mesures de prévention, prises dans le cadre de la stratégie de lutte contre la propagation du coronavirus, qui vont être la goutte qui fait déborder le vase. Chaque résident désirant être rapatrié doit, au préalable, effectuer un test dont le délai de validité ne doit pas dépasser 72 heures à son arrivée  à Tunis. Or, cette mesure est difficile à respecter pour les Tunisiens qui se trouvent dans des pays de résidence éloignés et qui sont obligés d’effectuer des escales de plusieurs heures, ce qui finit par annuler la validité du test.

Les TRE jugent, par ailleurs, rébarbative et draconienne la mesure de les confiner de force dans un établissement hôtelier à leurs propres frais alors qu’ils disposent d’une résidence familiale où ils peuvent s’auto-confiner. Même si elles s’inscrivent dans la continuité de la stratégie de lutte contre le coronavirus et qu’elles visent à les protéger, ils reprochent au gouvernement tunisien d’avoir pris certaines mesures dans la précipitation sans s’être concerté avec les principaux concernés.

« Manich mraouah »

Les photos des repas spartiates et médiocres servis dans des hôtels où la nuitée est tarifée en moyenne à cent dinars pour les catégorie quatre et cinq étoiles et qui ont circulé sur la Toile est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Révoltés, des Tunisiens décident de ne plus s’acquitter des frais d’hôtel qui sont imposés et décident de boycotter le retour au pays, en lançant le mouvement « Manich mraouah », ce qui pousse le gouvernement à se rétracter et à rectifier le tir en allégeant la mesure du confinement obligatoire qui passe de deux semaines à une semaine dans un établissement hôtelier avant d’être tout simplement annulé. De retour en Tunisie, les TRE devront juste s’autoconfiner pendant deux semaines pour limiter le risque de propagation du virus.

Cet allègement n’arrivera pourtant pas à faire oublier le cafouillage et le manque de communication qui entourent ces mesures sanitaires. Même s’ils justifient les efforts engagés par le gouvernement qui s’est lancé dans une guerre contre le coronavirus, ces couacs ont accentué la stigmatisation des TRE et ravivé chez eux le sentiment d’être des citoyens de seconde zone. Aujourd’hui, les autorités risquent de payer cher l’absence d’une stratégie claire et précise à l’endroit de la diaspora tunisienne. Cela risque d’impacter durement la saison touristique dès lors que les TRE y réfléchiront à deux fois, cet été, avant de venir en Tunisie, préférant plutôt passer leurs vacances sous d’autres cieux.

Un commentaire

  1. moi

    27/06/2020 à 10:45

    Un conseil d’amis : restez chez vous !

    Répondre

Laisser un commentaire